Identification

Etudes

Un peu de beauté (4ème et dernière partie)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 26 Juin 2015. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED, Côté Arts

 

Réalisme symbolique (19ème siècle)

Portrait de la sœur de l’artiste (1887, 96x74,5 cm) (1) de Fernand Khnopff (1858-1921)

Quand l’artiste Fernand Khnopff peint sa sœur Marguerite, son double, une jeune fille énigmatique apparaît, en pied, dans une robe immaculée. 400 ans plus tard, telle La Dame à la Licorne de Raphaël, elle ne nous livre qu’une part d’elle, une bouche fermée, un regard fuyant et un visage tourné sur le côté. Elle tient son bras ganté, ne dénude aucune partie de sa chair. La couture du milieu de la robe suture le buste, la poitrine haute. Tous les blancs – de l’ivoirin des longs gants au laiteux de l’étoffe – sont traités de manière liliale. La sœur inspiratrice du Beau s’élève comme une colonne lactescente, dans un environnement clair où, à la hauteur du cœur, un objet rond, en or, est accroché au mur.

Un peu de beauté (3ème partie)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Samedi, 20 Juin 2015. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

 

La modestie du beau (18ème siècle)

Enfant, c’est au musée du Louvre que j’ai découvert la simplicité des tableaux de Jean-Baptiste Siméon Chardin, dont certains étant placés à une hauteur telle qu’il m’était difficile d’en cerner les détails, à cause des reflets. Ce que mon œil de fillette apercevait : le velouté, une lumière un peu opaque d’intérieurs modestes d’un quotidien très ancien. La délicatesse irradie les antichambres, les cuisines, les coins de table, les étagères de pièces éclairées à la bougie. Autant de fragments découpés dans le monde lointain du 18ème siècle, bouleversé (dont le peintre ne sera pas le témoin, étant né en 1699 et mort en 1779, avant les épisodes sanglants de la Révolution). Un blanc un peu gras, poudreux, s’étend à l’ensemble de la composition, de la mise de la garde-malade aux plis de la nappe, jusqu’aux ustensiles de cuisine irradiant de lumière ou plutôt engloutissant celle-ci. Cette toile de 46x37 cm, Aliments de la convalescence (1) atteste de l’importance du sujet : celui de la maladie puis de la période de rétablissement, des faits et gestes du siècle des Lumières.

Un peu de beauté (2ème partie)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 12 Juin 2015. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

 

La beauté apollinienne (16ème siècle)

« … disciple de la belle nature et de ces grandes idées […] que Platon dit estre le plus parfait original des belles choses »

(André Félibien, Entretien sur les Vies et les Ouvrages des plus excellents Peintres Anciens et Modernes (1666))

 

La Dame à la Licorne (v. 1505/1506, de 65 x 51 cm) de Raphaël (1483-1520) (1).

La beauté luminescente de la dame aux yeux céruléens me stupéfie et m’inquiète depuis mes huit ans. La bouche close, l’iris de son regard de la couleur du paysage flottant derrière elle – une aube glacée et maritime –, sont l’apanage de cette jeune fille altière. S’offrant comme absolu d’un canon esthétique – blonde, blanche –, sa distance est presque une résistance en arborant entre ses bras la Licorne, l’animal sacré, le mystère de la connaissance, symbole de la chasteté.

Photos-impressions, Daniel Grojnowski, éd. Obsidiane

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 26 Janvier 2015. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

 

Photos-impressions, Daniel Grojnowski, éd. Obsidiane, col. Le legs prosodique, novembre 2014, 694 pages, 14 €

 

La réalité, le rêve, le poème

Puis-je donner sincèrement mon sentiment de hantise du livre de Daniel Grojnowski, sentiment que j’associe à la description de 102 rêves à quoi se livre le poète dans ce livre – description faite sous forme de dizains en vers libres et sans ponctuation, pour mieux rendre le caractère fluide des rêves en question – sincèrement donc, car c’est une impression personnelle et un peu intime. Je dis hantise car avec la lecture de cet ouvrage, j’ai repassé les images et certaines situations qui ont hanté mon travail d’analyse, il y a vingt ans. J’ai repris là mes rêves, mes labyrinthes, mes voitures et mes objets égarés, mes diplômes qu’il fallait repasser, des visions. Et si le projet du livre tenait simplement à cet effet, il serait déjà réussi.

Elizabeth Von Arnim ou une échappée hors des convenances

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Samedi, 24 Janvier 2015. , dans Etudes, Les Dossiers, La Une CED

 

« Un homme, au moins, est libre (…)

Mais une femme est empêchée continuellement (…)

Sa volonté, comme le voile de son chapeau

retenu par un cordon, palpite à tous les vents ;

il y a toujours quelque désir qui entraîne,

quelque convenance qui retient ».

Flaubert, Madame Bovary

 

Elizabeth von Arnim connaît le succès dès son premier livre, Elizabeth et son jardin allemand (1898), prolongé un an après par L’été solitaire. La narratrice, qui se confond avec l’auteur, raconte quelques-unes de ses années passées en Poméranie à tenter d’apprivoiser le sol de son domaine mais aussi son propriétaire de mari. Celui-ci est surnommé l’Homme de Colère et leurs trois filles sont le Bébé d’avril, le Bébé de mai, le Bébé de juin.