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Articles taggés avec: del Dingo Fabrice

Les fureurs invisibles du cœur, John Boyne

, le Mercredi, 29 Août 2018. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Jean-Claude Lattès

Les fureurs invisibles du cœur, août 2018, trad. anglais Sophie Aslanides, 592 pages, 23,90 € . Ecrivain(s): John Boyne Edition: Jean-Claude Lattès

 

Les fureurs invisibles du cœur, ce sont d’abord celles de Cyril, le narrateur qui dresse un portrait sans complaisance de la société irlandaise des années 40 et des décennies suivantes.

Dés la première scène le ton est donné : enceinte à 16 ans, la mère de Cyril est publiquement bannie et elle doit quitter sa famille et s’exiler à Dublin sans un sou en poche.

Abandonné dès sa naissance, Cyril est confié par une nonne bossue à Charles, un homme d’affaires qui fraude le fisc, et à sa femme, Maude, romancière qui pense que le succès littéraire est vulgaire, ce qui ne l’empêche pas de passer ses journées derrière sa machine à écrire, noyée dans un rideau de fumée car elle grille clope sur clope.

Maude et Charles Avery élèvent Cyril de façon à ce qu’il ne manque de rien mais ne ratent pas une occasion de lui rappeler qu’adopté, il n’est pas un véritable Avery. Et c’est bien le drame de Cyril, il ne sait pas d’où il vient, qui il est, ni pourquoi, contrairement aux autres garçons, il n’aime pas les filles.

Frankentruc, Jeremy Banx

, le Mercredi, 18 Avril 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Bandes Dessinées

Frankentruc, Ed. Lunatique, janvier 2018, trad. Étienne Gomez, 136 pages, 16 € . Ecrivain(s): Jeremy Banx

 

A bon chat bon rat

Le docteur Frankenstein, ce génie qui a cloné le fromage à deux têtes, qui a inventé une main artificielle à deux pouces (pour se les tourner sans l’aide d’une seconde main), est bien ennuyé : le monstre dont le crâne est sommairement cousu qu’il a jadis enfanté s’ennuie après avoir passé des heures à confectionner des trolls en origami.

« Mon monstre a besoin d’un compagnon » se dit-il car Frankenstein n’est pas la moitié d’une buse. Mais où trouver de vieux débris dans tout le fourbi qui remplit son laboratoire, au milieu des rognures d’ongles de pieds et des globes oculaires qui flottent dans un seau rouillé ?

C’est alors qu’il aperçoit dans la gueule de son chat Igor, un horrible matou qu’il a dû ainsi nommer parce qu’il ressemble aux frères Bogdanov s’il n’y en avait qu’un seul, les restes pendouillant d’un rongeur non identifié, ni rat, ni gondin, ni musaraigne, ni rien de tout ça…

Le Jardin d’Orléans, Catherine Saulieu

, le Jeudi, 05 Avril 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Editions de Fallois

Le Jardin d’Orléans, mars 2018, 344 pages, 22 € . Ecrivain(s): Catherine Saulieu Edition: Editions de Fallois

 

Histoire d’un nain (de jardin)

Catherine Saulieu a retrouvé les mémoires de son grand-père, Joseph Magloire, et se fondant sur ceux-ci, elle raconte sa vie. Il est issu d’une famille bourguignonne qui a dû s’exiler en Algérie à la fin du 19esiècle à la suite d’une faillite frauduleuse.

Une famille de tradition royaliste, qui déteste les francs-maçons et revêt des habits de deuil le 14 juillet, date funeste. Et naturellement, viscéralement antisémite. « Ceux-là, on les haïssait. Malheureusement, ils étaient fourrés partout, et même en classe de grec où il n’était pas rare qu’ils confisquent le prix d’excellence » note l’auteur avec ironie.

Le failli s’appelle Adrien Legros, il a signé un blanc-seing à un prêtre qu’il a chargé de construire un orphelinat. Mais l’abbé est un mauvais gestionnaire et Adrien se trouve rapidement ruiné. Loin d’en vouloir à l’église catholique, Adrien élève ses enfants et petits-enfants (dont Joseph Magloire grand-père de l’auteur) dans la foi chrétienne avec un discernement proche du néant.

Totalement dépassés, Gérald Sibleyras

, le Vendredi, 18 Août 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Editions de Fallois

Totalement dépassés, janvier 2017, 136 pages, 17 € . Ecrivain(s): Gérald Sibleyras Edition: Editions de Fallois

 

Totalement dépassés est une succession de petites tranches de vie saisies sur le vif, que Gérald Sibleyras, auteur dramatique à succès, nous livre en précisant qu’il s’agit de témoignages. Témoignages qu’il a entièrement inventés, cela va sans dire. Certains sont drôles, d’autres étranges ou émouvants. Petite revue de détail.

Jean-Patrick, infographiste, a une liaison idéale depuis six mois avec Delphine qui est « sympathique, rieuse, équilibrée ». Ils se voient en cachette de ses deux garçons de 7 et 9 ans qu’elle appelle mes p’tits bouts. Elle décide de les présenter à Jean-Patrick. Les p’tits bouts sont deux monstres qui ressemblent à des vikings, désobéissants et grossiers. « A la place de Delphine j’aurais envoyé un bataillon de gendarmerie ». C’était il y a dix jours, Jean-Patrick n’a pas rappelé Delphine.

Franck a connu Marine, qui est bretonne depuis toujours. Marine vote socialiste et son prénom lepenien la désole, mais elle ne peut se résoudre à lui substituer son deuxième prénom, Aouregwenn. Franck et Marine se marient, elle travaille un peu puis décide d’être bretonne au foyer. Ils essaient vainement de procréer et, en désespoir de cause, adoptent la solution écœurante de prendre un chat qu’ils baptisent Traoumad.

Une trace dans le ciel, Agnès Clancier

, le Lundi, 19 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arléa, Roman

Une trace dans le ciel, mai 2017, 227 pages, 20 € . Ecrivain(s): Agnès Clancier Edition: Arléa

 

« – Que ressentez-vous lorsque vous êtes là haut ?

– Je voudrais ne jamais redescendre ».

Ces deux lignes de dialogue, réel ou inventé par la plume féconde d’Agnès Clancier, illustrent parfaitement la vie et le caractère de Maryse Bastié qui fut une des premières aviatrices françaises. En cette qualité, elle réalisa quelques exploits mémorables comme le record de distance entre Le Bourget et l’URSS (1931) ou la traversée de l’Atlantique Sud, de Dakar à Natal au Brésil (1936).

Une trace dans le ciel débute en 1944, lorsque Maryse Bastié est arrêtée par la Gestapo. L’aviatrice est une femme libre qui a toujours été maîtresse de son destin, fût-ce au péril de sa vie. Mais là, pour la première fois, elle qui a couru tant de dangers, si souvent vu la mort de près et dont la volonté n’a pas de limite, n’est plus en mesure de décider de son sort. Va-t-elle être torturée ? « Est-ce que le 21 mars 1944 va être le jour de ma mort ? ».