Identification

Articles taggés avec: Epsztein Pierrette

Tous les mots qu’on ne s’est pas dits, Mabrouck Rachedi (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 14 Avril 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Grasset

Tous les mots qu’on ne s’est pas dits, Mabrouck Rachedi, Grasset, janvier 2022, 216 pages, 18,50 €

 

Dans son dernier roman, Tous les mots qu’on ne s’est pas dits, Mabrouck Rachedi nous fait pénétrer au centre d’une famille nombreuse issue de l’émigration, la famille Asraoui, dont il va scruter toutes les contradictions avec l’attention d’un entomologiste. Le récit est écrit à la première personne. Le narrateur, appelé dans sa famille « le petit Malik », est un observateur méticuleux des remous interfamiliaux. Il utilise le « je » pour que le lecteur puisse s’identifier aux personnages. On peut parler d’un long monologue intérieur tourmenté. Pour cela le narrateur va entrer dans la peau de chacun.

À certains moments, il délègue le soin de raconter à un tiers qui s’empare alors d’un épisode précis du périple. Comme dans le théâtre classique, il va opter pour l’unité de lieu : une péniche, louée un soir par le frère du milieu qui n’a pas lésiné sur la dépense, façon pour lui d’affirmer sa légitimité et sa toute puissance en exhibant une réussite éclatante. L’unité de temps sera concentrée dans cette seule soirée. Cependant, cela sera le moment pour le narrateur de pratiquer le retour en arrière afin de remonter le temps et de revisiter son existence et celle de sa famille.

Triste Boomer, Isabelle Flaten (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 26 Octobre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Triste Boomer, Isabelle Flaten, éd. Le Nouvel Attila, janvier 2022, 200 pages, 18 €

 

Isabelle Flaten nous présente dans son nouveau roman, Triste Boomer, publié en janvier 2022 aux éditions Le Nouvel Attila, sous forme d’une parabole, une vision féroce et ironique du monde contemporain. Pour cela, elle invente une forme surprenante d’écriture. Elle délègue à des objets inanimés le rôle de doublure comme dans un film en langue étrangère. L’auteur pourrait reprendre à son compte cette question qu’énonce Alphonse de Lamartine à la fin du poème Milly terre natale :

« Objets inanimés, avez-vous donc une âme

Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »

Ces deux voix vont conduire le lecteur dans une aventure qui débute à un moment précis de la vie des deux personnages essentiels et qui va dérouler, au fil des pages, toute leur histoire. Celui-ci entre donc dans la narration de biais comme dans une fable insolite. Les personnages ne prennent la parole en leur nom propre qu’à de rares moments lors d’événements d’une importance exceptionnelle.

Tout autre chose que la nuit, Recueil de nouvelles, Joëlle Pétillot (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 21 Octobre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Nouvelles

Tout autre chose que la nuit, Recueil de nouvelles, Joëlle Pétillot, éditions Fables Fertiles, juin 2022, 144 pages, 16,50 €

 

Le recueil de nouvelles de Joëlle Pétillot, Tout autre chose que la nuit, paru cette année aux éditions Fables Fertiles, dirigées par Guylian Dai, porte un titre énigmatique, qui peut, de prime abord, déconcerter. Pourtant, nous appréhenderons au fil de notre lecture ce qui sépare chacun des protagonistes mais aussi ce qui les rassemble.

C’est ainsi que nous, lecteurs, sommes invités à entrer dans sa sphère de prédilection : l’attachement aux humbles. C’est pour cette raison que cette écrivaine s’ingénie à visiter les trajets de vie de gens ordinaires pour, à chaque fois, débusquer les instants qui contiennent de l’extraordinaire, de l’imprévu, du surprenant, du fortuit, du singulier et de l’universel. Elle capte avec ferveur et un regard particulier des existences, entre passé et avenir, entre jeunesse, maturité et vieillesse, entre mémoire et oubli, entre vie et mort, entre bienveillance et indifférence, entre foule et solitude, entre soi et les autres, entre tempête dans un crâne et accalmie, entre l’ordinaire et l’insolite, entre le plein et le vide, entre l’amour et l’amitié, entre tourment et sérénité.

La Leçon de Tango, Paule Brajkovic (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 09 Novembre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

La Leçon de Tango, Paule Brajkovic, éditions Au Pays Rêvé, 2020, 112 pages, 12 €

 

C’est la première fois que Paule Brajkovic se lance dans le roman policier. Elle nous narre un étrange périple que nous suivons avec fébrilité pour tenter de comprendre dans quel imbroglio l’auteure va nous embarquer. Nous pénétrons dans un maquis touffu qui sert à nous désorienter pour revenir au véritable sujet de cette narration.

Tentons d’abord de mettre le lecteur dans l’ambiance qui baigne dans ce récit. Un jour à une terrasse de café, un jeune écrivain en quête désespérée de célébrité, rencontre un douteux personnage. Est-il là par hasard ou a-t-il repéré celui qui acceptera de passer avec lui un étrange contrat ? Au cours de ce premier dialogue, ils finiront par se nommer. Le premier s’appelle Livio Periscritto et se dit biographe dont le rôle consiste à se mettre dans la peau d’un autre pour en écrire la trajectoire, et celui qui l’a abordé se présente comme Moloch Horatio. Horatio est un prénom qui signifie le mystère et Moloch est ce dieu auquel les Ammonites, une ethnie cananéenne, sacrifiaient leurs premiers-nés en les jetant dans un brasier. Quant aux ammonites ce sont des mollusques fossiles à corne de bélier. Les noms ne sont pas choisis par l’auteur au hasard. Ils définissent bien les deux protagonistes et leur spécificité. Ils nous donnent un premier indice. Nous voilà déjà embarqués dans une enquête qui nous conduira ou non vers le dénouement de cette inquiétante aventure.

L’Imbécile et l’encyclopédie, Gisèle Gueller (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 21 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

L’Imbécile et l’encyclopédie, Gisèle Gueller, éd. Brandon, septembre 2021, 220 pages, 22 €

 

Viens je t’emmène dans un pays qui m’appartient et auquel j’appartiens, le pays magique de l’imaginaire. Laisse-toi prendre par la main en confiance, lecteur. Nous partons pour une fête foraine en plein cœur d’une ville. Nous allons monter ensemble dans la grande roue. Lecteur, tu es inquiet, tu as peur de ce que tu vas découvrir, tu n’as aucune raison, je t’assure. Tu seras suspendu dans les airs, tu vas planer comme un oiseau qui cherche la direction du vent. Tu as le vertige, tant mieux, c’est le but que je recherche.

Tu te demandes avec stupéfaction qui je suis pour t’embarquer ainsi dans cette cavalcade insensée. Je m’appelle Gisèle Gueller et je viens de publier mon premier roman que j’ai intitulé L’Imbécile et l’encyclopédie. Dans son format, la qualité du papier, la sobriété de la couverture, ses pages ivoire, il peut te faire penser à un missel. Mais ce n’en est pas un. Pas du tout. Ou alors, un livre de messe du savoir vivre ensemble. Il est tout frais. Il sent encore bon l’encre d’imprimerie.