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Articles taggés avec: Epsztein Pierrette

Le Grand Meaulnes, suivi de Choix de lettres, de documents et d’esquisses, Alain-Fournier en La Pléiade (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 24 Septembre 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Le Grand Meaulnes, suivi de Choix de lettres, de documents et d’esquisses, Alain-Fournier, La Pléiade, mars 2020, 640 pages, 48 €

C’est au collège que beaucoup d’entre nous ont découvert Le Grand Meaulnes, ce roman unique et mystérieux d’Alain-Fournier mort dans sa prime jeunesse et dont l’ouvrage n’a cessé d’être traduit, a circulé dans le monde entier et dont le succès n’a jamais cessé. Nous en avons retenu une première lecture. Nous sommes nombreux à avoir rêvé sur cette poursuite inlassable d’un lieu étrange et de ces personnages fantomatiques après lesquels Le Grand Meaulnes va partir en quête. Nous avons fantasmé sur ce château fascinant et extravagant de « La Belle au Bois Dormant » et nous avons suivi avec exaltation ce voyage initiatique sans vraiment en saisir toute la complexité.

Les éditions de La Pléiade nous en offrent une nouvelle présentation et peut-être une approche plus moderne et plus complexe de ce roman. Cette nouvelle parution est enrichie d’une préface érudite de Philippe Berthier qui nous en propose une autre approche, étoffée de notes judicieuses, augmentée de lettres et de documents inédits, de premières esquisses du roman. A cela viennent s’ajouter les étapes de la publication et plusieurs critiques concernant la réception de l’ouvrage, une biographie d’Alain Fournier que complète un important choix bibliographique consacrée à l’étude de ce roman.

J’ai failli te manquer, Lorraine Fouchet (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 28 Août 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

J’ai failli te manquer, Lorraine Fouchet, Héloïse d’Ormesson, juin 2020, 368 pages, 20 €

 

Dans un récit précédent, Lorraine Fouchet se concentrait sur la figure du père. Dans J’ai failli te manquer, elle adopte la forme du roman pour exorciser les démons qui ont envenimé ses relations compliquées avec sa mère. Après la mort de celle-ci, l’auteur réussit cette prouesse de transmuer les conflits persistants qui ont jalonné leurs rapports, en un récit réjouissant et pouvoir enfin respirer et exister par et pour elle-même à travers l’écriture qui devient son lieu d’accueil. Pour cela, l’auteur en tisserande des mots va broder une tapisserie dont on verra les deux faces : l’endroit, celle bien lissée, bien ordonnée, offerte au regard, et l’envers, celle bien cachée, qui laisse transparaître tout ce qu’on veut cacher : les nœuds, les défauts, les méprises, les ratés.

Lorraine Fouchet réussit à élaborer une stratégie d’écriture tout à fait originale et très habile. Le roman est structuré autour de trois voix : celle de la mère, le personnage central ; celle de la fille, qui devient une caisse de résonnance ; le troisième moteur de cette saga est le mari, mais aussi le père, une figure fantôme omniprésente, qu’il est impossible d’effacer car il sert de tampon et de médiateur entre les deux personnages féminins.

La Fille de Personne, Cécile Ladjali (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 09 Juillet 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

La Fille de Personne, Cécile Ladjali, Actes Sud, mars 2020, 208 pages, 19,50 €

 

Le nouveau roman de Cécile Ladjali, La Fille de Personne, nous propose une véritable épopée. Le grand âge venu, Luce Notte, nom qui allie lumière et nuit, est amenée par les circonstances à faire retour sur son existence et à la transcrire dans un ouvrage dont elle devient la narratrice.

De prime abord, le sujet de cette histoire semble être la quête d’un père que cette femme n’a jamais connu. Mais il va bien au-delà de ce motif initial. À travers deux écrivains qu’elle va accompagner et encourager sur leur chemin difficile et risqué, elle s’évertue à éclaircir son propre parcours nébuleux à travers une période révolue qu’elle s’évertue à faire renaître.

Mal-née d’une mère italienne et d’un père iranien qu’elle n’a jamais connu, l’héroïne, née à Berlin, est donc considérée comme allemande, ce qui ne lui facilitera pas la vie durant les deux guerres. À la mort de sa mère d’un cancer dans d’atroces souffrances, elle devra s’acquitter d’une promesse féroce faite à celle-ci : la venger de cet homme qui l’a abandonnée avant la naissance de sa fille.

J’ai rendez-vous avec toi, Mon père de l’intérieur, Lorraine Fouchet (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 19 Mai 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

J’ai rendez-vous avec toi, Mon père de l’intérieur, Lorraine Fouchet, Héloïse d’Ormesson, mars 2014, 272 pages, 19 €

 

L’ouvrage porte comme titre premier J’ai rendez-vous avec toi. Si Lorraine Fouchet a choisi comme sous-titre à son récit : Mon père de l’intérieur, c’est en effet à un rendez-vous post-mortem auquel l’auteur nous invite. Ce père célèbre, qui lui a faussé compagnie lorsqu’elle avait dix-sept ans, pour partir définitivement dans un pays où elle ne peut plus le rejoindre, elle va entreprendre un sacré périple pour s’offrir et offrir au lecteur une autre face, plus intime, plus secrète, plus cachée.

« T’écrire me fissure, mais bizarrement ça me répare. Je pivote sur mes axes en retombant sur mes pieds, façon Rubik’s Cube… J’ai commencé ton livre bleu, c’est très troublant, j’entends à nouveau ta voix comme si tu lisais tout haut par-dessus mon épaule ».

« Mon histoire/ c’est l’histoire d’un amour/ Ma complainte/ C’est la plainte de deux cœurs/ Un roman comme tant d’autres/ Qui pourrait être le vôtre… ».

Tout homme est une nuit, Lydie Salvayre (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 26 Mars 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Tout homme est une nuit, Lydie Salvayre, Seuil, 2017, 256 pages, 18,50 €

 

Le roman de Lydie Salvayre, Tout homme est une nuit, commence par cette injonction rédhibitoire que le héros énonce : « Plus jamais !… Je n’y remettrai plus jamais les pieds ! ». Le récit peut alors commencer.

Un homme encore jeune apprend qu’il est atteint d’un cancer et qu’il risque de mourir. Dans un mouvement soudain et non prémédité, il décide de quitter son travail de professeur de français, sa vie de petit bourgeois, ses amis, son amour qui tangue, pour se réfugier dans un banal village du sud-est où il sera inconnu de tous. Il pense pouvoir « trouver le repos » et « convertir le désespoir… en œuvre littéraire ».

Mais à aucun moment, il ne peut imaginer que sa venue dans ce lieu va déclencher une foutue tempête chez les habitants.