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Articles taggés avec: Ayres Didier

Trois cahiers avec une chanson, Jean-Charles Vegliante (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 07 Septembre 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Trois cahiers avec une chanson, Jean-Charles Vegliante, L’Atelier du Grand Tétras, juillet 2020, 64 pages, 12€

Poésie, question de l’ailleurs

Recevoir un nouveau livre, surtout s’il s’agit d’un recueil de poèmes, est toujours une façon pour moi d’aborder des questions essentielles. Donc, j’aime me confronter à la pâte du poème pour en circonvenir l’aventure sensible et projeter ainsi ma propre sensibilité, les questions qui me traversent sur le texte que je découvre. Je lis donc autant le livre pour lui-même, que je me lis dans le poème. Ici, non seulement le recueil s’ouvre sur deux textes qui orientent une compréhension globale de l’ouvrage, mais encore permettent de juger le poème à partir d’un autre lieu : la mort – dernier séjour où tous les séjours s’achèvent.

En restant un mystère, la mort construit une vision du monde, un endroit d’énigme, où se dirige la douleur du poète pour qui ce mystère fait poème. Pour Jean-Charles Vegliante cette sorte de liturgie est en relation avec la nature. Ou sinon une liturgie et néanmoins une tension vers la fin matérielle des choses, et surtout, l’arc-boutant d’un ailleurs. À mon sens, c’est cela la réponse à ces poèmes, la recherche d’un lieu, d’une habitation plausible, d’une arrivée en terre de beauté.

De la poésie, Entretien avec Reynald André Chalard, Philippe Jaccottet (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 25 Août 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

De la poésie, Entretien avec Reynald André Chalard, Philippe Jaccottet, éditions Arléa, juin 2020, 94 pages, 8 €

Le poète empathique

Comment rédiger quelques propos au sujet de l’entretien accordé par Philippe Jaccottet à Reynald André Chalard, sans trahir la pensée du poète sur la poésie ? J’ai très vite songé à cette question en y répondant en moi-même. J’ai pensé que pour un poète comme lui, qui ne tolère pas la trahison qu’exige sa propre empathie avec le poème, soit avec ses émotions, soit avec la réalité, et sans opter pour un langage poétique de fantaisie, d’artifice, cette vision était par elle-même impossible à dénaturer.

Il est vrai que mon destin est lié lui aussi au difficile travail du poème, sachant que j’aime lire la poésie d’aujourd’hui – et celle d’hier évidemment – et que je le fais toujours avec toute ma personne, risquant de parler de moi-même sous le couvert de faire parler l’auteur. Toujours est-il que je cherche en grande partie où se joue le pouvoir secret de créer. Et puisque je parle longuement de moi (trop ?) je finirai ici en précisant que j’ai aimé l’attention que porte Philippe Jaccottet à la vérité, vérité de la vie, pour lui qui fut traducteur et critique, et donc en quête à travers les textes, de la vie et de la véracité du langage qui l’accompagne.

J’aime le mot homme et sa distance, Florence Pazzottu (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 17 Août 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

J’aime le mot homme et sa distance, Florence Pazzottu, éd. Lanskine, février 2020, 200 pages, 18 €

Poésie et narration

Il devient vite évident, à la lecture du dernier livre de Florence Pazzottu, que sa vision est double. Il s’agit, je crois très nettement, de faire un poème et de faire un récit de soi. Narrer sa personne, et à partir de cette dernière, englober la réalité saillante de l’autrice prise à la fois dans son existence et son écriture. Cette écriture oscille entre poésie et chronique, ou plutôt se défait de son geste au sein de sa rédaction. Elle raconte tout autant qu’elle exerce une langue, disons, chantée – pour décrire ce mouvement qui appartient aux vers. On ne quitte pas le fond des scènes qui occupent la poétesse.

Ainsi, son texte complète mieux sa personne, l’explique, la justifie, l’organise, la rend dialectique. Là est l’occasion de décrire, un peu à la Rohmer, 45 épisodes des amours compliquées d’une femme – sans doute l’écrivaine mais dépeinte en fragments – qui transitent par des SMS, lesquels se transforment en annales savantes, ou pour aborder ailleurs dans le recueil les traumatismes d’une petite fille – que l’on devine comme celle de l’enfance de Florence Pazzottu – où tout se ferme sur une expression double.

Poète né, Christophe Esnault (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 07 Juillet 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Poète né, Christophe Esnault, éditions Conspiration, juin 2020, 60 pages, 14 €

 

Quel poète pour quel poème ?

Le dernier recueil de Christophe Esnault cache, sous sa belle couverture bleu métallisé, un ensemble de textes cohérents, variés, dont la lecture est à la fois exigeante, sollicitant les capacités d’ironie des lecteurs, et facile d’accès, car on n’y trouve pas de tentatives lyriques infondées ou faussement motivées. Ce qui frappe le plus, c’est l’ambiguïté, le caractère poreux des parties d’anti-poésie, comme les qualifie l’éditeur, et des passages que l’on aborde comme poème, alternance qui séquence l’ouvrage.

À partir de cette porosité, je crois qu’il faut poursuivre un peu l’analyse. En regardant, par exemple, comment le texte décolle de son propos, pour nous porter auprès d’une révolte, parfois engagée dans une forme de certitude, mais que l’ironie mordante à certains égards vient souligner ou défaire. Je crois que la morale de Diogène de Sinope pourrait très bien être celle du poète.

Ainsi parlait : Charles Péguy, dits et maximes de vie, Charles Péguy, Paul Decottignies (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 29 Juin 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Ainsi parlait : Charles Péguy, dits et maximes de vie, Charles Péguy, Paul Decottignies, Arfuyen, mars 2020, 176 pages, 14 €

 

Péguy ou La Recherche de la valeur

Je trouve le principe des dits et maximes de vie, qui font la base de la collection « Ainsi parlait » des éditions Arfuyen, très justifié, à la lecture profuse qui fut la mienne des Cahiers de la quinzaine. Je dis cela car le massif de ces cahiers prend ici, grâce à un choix judicieux, une direction particulière, précise, que ma lecture hasardeuse n’était pas arrivée à déterminer et que Paul Decottignies parvient à dénouer et éclaircir grandement. Ces fragments dressent le portrait d’un homme d’idées et de style, dont on distingue le tempérament, tout en suivant aussi le parcours intellectuel et spirituel, celui d’un grand écrivain attachant et droit.