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Ainsi parlait James Joyce (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 06 Novembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Ainsi parlait, James Joyce, éditions Arfuyen, septembre 2023, trad. anglais, Mathieu Jung, 192 pages, 14 €

 

Définir l’artiste

De manière très générale, j’ai retenu de cette suite de Dits et de maximes de vie de James Joyce une réflexion pertinente sur l’artiste – car je fais pour ce qui me concerne une différence entre « homme de lettres » et « artiste », aimant surtout chercher l’art dans la littérature. Et cette définition sur laquelle revient souvent Joyce, l’a visiblement hanté toute sa vie. Et cela, par un effort violent pour rendre son inquiétude profonde, au sujet de son étantité, de sa foi pour continuer à écrire dans l’opiniâtreté d’un découvreur de formes. Ainsi Joyce considère le texte comme une expérience. Expérience soutenue chapitre après chapitre, strophe après strophe, phrase après phrase, mot après mot, l’œuvre devant être supérieure à l’être ; et cette perfection est stupeur.

La poésie, même lorsqu’elle est apparemment la plus fantasque, est toujours une révolte contre l’artifice, une révolte, en un sens, contre ce qui est.

K, après toi, Jacques Allemand (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 16 Octobre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

K, après toi, Jacques Allemand, éditions Milagro, juin 2023, 50 pages, 11 €

 

Intrigue

K comme un frisson au bout des doigts,

il lui faut plusieurs histoires à la fois,

sa préférée, une montagne oubliée des cartes,

allez-y voir, des cairns vous montrent le chemin

K feint de disparaître derrière l’un d’eux,

il va falloir faire sans lui tout en sachant qu’il est là,

enfin plus ou moins,

comme sa montagne

Les Cavales, I, Hervé Micolet (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Octobre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Les Cavales, I, Hervé Micolet, La rumeur libre éditions, mars 2023, 240 pages, 20 €

 

Profondeur

Qu’est-ce qu’une poésie de la profondeur ? est-ce un exercice raffiné jouant sur le degré de compréhension du lecteur ? ou une poésie qui fonctionne par des couches de langage qui figurent la profondeur d’un texte ? Je dirais au sujet du travail d’Hervé Micolet que les deux propositions sont pertinentes et non antagonistes. Nous sommes à la fois dans des textes ouvragés et travaillés en finesse (de l’espèce des pierres fines), et dans une condensation des faits, des idées et des événements qui affleurent de façon presque invisible sur la zone scripturale des poèmes. Nous sommes au beau milieu d’une question grave pour le poète.

Doit-on rester toujours perceptible ? ou avons-nous comme poète le droit moral à cette invisibilité, à un chevauchement des signes qui se débordent, pour alimenter le fond ambigu du poème ? Cette visibilité n’échappe pas au rédacteur, car l’acte poétique aborde le sens qui se trouve soit ambigu soit mystérieux, ou plutôt mystérieux et ambigu. Et la poésie de H. Micolet aborde cette problématique. Cette poésie exprime un état d’être tout en étant physiquement tributaire du vide. Et triompher de cette aporie conduit le lecteur. Le destine à l’Être.

Cristina, Paloma Hermine Hidalgo (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 11 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Cristina, Paloma Hermine Hidalgo, Le Réalgar-Éditions, juin 2023, 80 pages, 12 €

 

Effloraison

Étrange livre de poésie qui souligne à la fois la présence de la nature, des fleurs, des plantes, des paysages et aussi d’une douleur venue de l’enfance, et peut-être d’une espèce de secret violent qui hante le sous-texte du recueil. C’est à un jardin d’Éden que nous sommes conviés, paradis d’avant et d’après la Faute. Car il y a du sang sur les bras du frère ou du père (?), des scènes qui suggèrent un état de sexualité infantile. Nous sommes décidément dans un monde proustien. La remémoration. Le souvenir habité comme état de l’être. Violence de la vie peut-être tout simplement. Je dis là l’explosion de la graine qui germe, cette « violence » amoureuse des périls.

Il baise mes oreilles, plonge la bouche pâteuse. Corps-à-corps avec l’anchois, le tabac fané. La carrière est béate de chaleur. La herse s’enfonce. Il m’enlise dans le foin, l’avoine, la nielle. La fauche me creuse, me prend. Aine, aisselles moites. La mort entre mes jambes est une brassée d’azur.

Les terres sans sommeil, Emmanuelle Grandjean (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Les terres sans sommeil, Emmanuelle Grandjean, éditions de Corlevour, juin 2023, 96 pages, 16 €

 

Éléments

Avec le livre d’Emmanuelle Grandjean, j’ai traversé des thèmes qui me sont proches, notamment tout ce qui se rattache à la philosophie de Gaston Bachelard, et surtout ses découvertes de l’importance des quatre éléments d’Empédocle, à savoir : la terre, le feu, l’eau et l’air. Je n’ai cessé de rencontrer des gouttelettes faites de feu, des brumes humides, de la pluie, du travail de la lumière sur les choses, l’ombre, la clarté de certains ciels, et toutes les ambiguïtés inhérentes à ces mélanges.

Et pour résumer tout cela à un seul terme, je dirais : étoile, astre de feu pendu dans le vide de l’air, conglomérat de glaces martiennes, lumière tournoyant dans l’univers. Éther, vertige d’une espèce d’enivrement, qui semble venu de la nature, de l’océan – donc d’un espace maritime attiré et repoussé par l’astre lunaire, lumière blanche, éblouissement du ciel nocturne.