Identification

Articles taggés avec: Gosztola Matthieu

Si, Lise Marzouk (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 20 Septembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Gallimard

Si, mars 2018, 320 pages, 21 € . Ecrivain(s): Lise Marzouk Edition: Gallimard

 

Lise Marzouk est la cervoliste – les phrases sont, dans la façon qu’elles ont de se tenir ensemble, le cerf-volant – creusant, autant que parcourant en tous sens le ciel si bleu de sa douleur.

Page après page, il s’agit pour elle de trouver, dans l’écriture, – non péniblement mais par la grâce, funambulesque, donnée par l’amour –, la bonne distance, face à l’essentiel : « Il s’agit de l’essentiel après tout, il s’agit de mon fils ». Dans la lignée de Mallarmé et de son si délicat Pour un tombeau d’Anatole (introduction et notes de Jean-Pierre Richard, Points, collection Poésie, 2006).

Si est ainsi, d’abord, le « témoignage » bouleversant de l’expérience d’une mère, devant l’inexorable et l’assourdissant d’un péril, d’une détresse. Face à laquelle le langage demeure impuissant. Et les rêves eux-mêmes et les espoirs les plus fous : tous perdants, faibles, malhabiles devant l’inflexibilité du réel… Une détresse face à laquelle seul, demeure le pouvoir – infini – de l’amour : « Mes bras te seront un rempart supplémentaire pour que tu puisses rentrer au plus profond de toi-même et t’y tapir en secret. J’embrasserai ton pourtour ».

Une nouvelle édition des Misérables dans La Pléiade : un événement (2 sur 2) (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 14 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Les MisérablesVictor Hugo, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, n°85, février 2018, édition Henri Scepi, Dominique Moncond’huy, 1824 pages, 65 € (prix de lancement jusqu’au 30 juin 2018)

 

Court en silence – et il faut être à l’écoute de cette course silencieuse –, sous la plume de Hugo, dans la courte préface des Misérables, le terme d’Anankè. En écho de ce mot grec gravé par Claude Frollo en lettres capitales sur la muraille au cœur de Notre-Dame de Paris [1]. Hugo nous le répète, la mort est toujours une échéance redoutée et infiniment douloureuse dans la façon qu’elle a, aura, de séparer, délier les êtres, les êtres et les choses, les regards et le visible. Face à la fragilité de la terre, de l’innocence (ainsi l’enfance), face aux morsures (crocs apparents, pour qui sait voir) des sociétés, et face à l’inéluctabilité de la mort, il y a les liens, les liaisons plutôt (Les Misérables nous le signifie, au fil des pièces d’étoffes diverses qui constituent, cousues ensemble, le grand ensemble noir et de fête de ce roman)…, les liaisons que l’on peut reconnaître – plus que tisser – avec les choses, avec les êtres. Hugo oppose à la pesanteur qui écrase et aliène les hommes l’envol de l’amour. C’est une façon de s’extraire de l’enfer de la fatalité. Une manière qui consiste à dénouer la clôture constrictive de l’Anankè au profit « d’une nouvelle espèce d’enchaînement, qui vaut libération », ainsi que le résume Henri Scepi dans sa stimulante préface.

Une nouvelle édition des Misérables dans La Pléiade : un événement (1 sur 2), par Matthieu Gosztola

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 07 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

 

Les MisérablesVictor Hugo, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, n°85, février 2018, édition Henri Scepi, Dominique Moncond’huy, 1824 pages, 65 € (prix de lancement jusqu’au 30 juin 2018)

 

En octobre 1839, Hugo visite le bagne de Toulon et note peu de temps après cette phrase parmi d’autres qui seront prêtées à Mgr Myriel : « Je suis en ce monde non pour garder ma vie mais pour garder les âmes » [1]. En février 1846, alors qu’il se rend à la Chambre des pairs, l’auteur de Claude Gueux croise un homme « pâle, maigre, hagard », accusé d’avoir volé un pain, et accompagné en conséquence de deux soldats. Aussitôt, la scène se fait image, et le profil de l’homme accablé « se dote d’une lisibilité inédite », pour reprendre la formulation d’Henri Scepi dans sa passionnante préface. « Cet homme n’était plus pour moi un homme, écrit Hugo, c’était le spectre de la misère, c’était l’apparition, difforme, lugubre, en plein jour, en plein soleil, d’une révolution encore plongée dans les ténèbres, mais qui vient » (Choses vues, souvenirs, journaux, cahiers [2]).

Joseph Conrad en la Pléiade (2)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 27 Août 2018. , dans La Une Livres, La Pléiade Gallimard, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Nouvelles, Roman

Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres et autres écrits, la Pléiade, Septembre 2017, 1216 pages, 59 € . Ecrivain(s): Joseph Conrad Edition: La Pléiade Gallimard

 

Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres et autres écrits, trad. de l’anglais par Henriette Bordenave, Pierre Coustillas, Jean Deurbergue, Maurice-Paul Gautier, André Gide, Florence Herbulot, Robert d’Humières, Philippe Jaudel, Georges Jean-Aubry et Sylvère Monod, préface de Marc Porée, présentations et annotations des traductrices et des traducteurs, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 28 Septembre 2017, 1216 pages, 59 €

 

« Je me fais l’effet d’essayer de vous raconter un rêve – vaine entreprise, car aucun récit de rêve ne peut communiquer la sensation du rêve, cette mixture d’absurdité, de surprise et d’ahurissement, dans un frisson de révolte scandalisée, cette impression d’être prisonnier de l’invraisemblable qui est l’essence même du rêve… ».

Joseph Conrad en la Pléiade (1), par Matthieu Gosztola

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 15 Août 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres et autres écrits, la Pléiade, Septembre 2017, 1216 pages, 59 €

 

Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres et autres écrits, trad. de l’anglais par Henriette Bordenave, Pierre Coustillas, Jean Deurbergue, Maurice-Paul Gautier, André Gide, Florence Herbulot, Robert d’Humières, Philippe Jaudel, Georges Jean-Aubry et Sylvère Monod, préface de Marc Porée, présentations et annotations des traductrices et des traducteurs, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, Septembre 2017, 1216 pages, 59 €

 

Àoffrir, quelle qu’en soit l’occasion (il ne faut pas oublier les non-anniversaires chers au Chapelier fou et au lièvre de Mars), ce beau volume – augmenté d’une jaquette qui est comme une caresse pour l’œil et pour notre intérêt profond, indélogeable, pour le mystère.

Il regroupe, avec leur passionnante annotation critique, les plus fameuses œuvres de Conrad : Le Nègre du « Narcisse »Lord JimTyphonAu cœur des ténèbresAmy FosterLe Duelet La Ligne d’ombre.