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Épître langue louve, Claude Ber

Ecrit par Matthieu Gosztola 04.10.16 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Épître langue louve, Éditions de l’Amandier, Coll. Accents graves, Accents aigus, 2015, 111 pages, 15 €

Ecrivain(s): Claude Ber

Épître langue louve, Claude Ber

 

Il y a entre Claude Ber et René Char une affinité profonde. En ce sens, ce qu’écrit Jean Starobinski de Char vaut aussi pour Ber, – et il convient, bien sûr, de retirer au terme « violence » tout le péjoratif imaginable (qui ne se trouve nullement, du reste, dans la bouche de Starobinski) : « L’on voit d’ordinaire en Char un poète de l’énergie violente […]. Mais on omet trop souvent d’ajouter que c’est là ce qui l’habilite à être un poète de l’amour. Violence et tendresse, loin d’être exclusives l’une de l’autre, doivent s’allier pour répondre à l’inconnu, quand celui-ci vient à nous sous l’aspect miraculeux de la chance et de la faveur. La chance s’annonce dans des personnes, dans des vivants, dans des visages : ce n’est plus un horizon neutre, c’est un être offert dans sa singularité charnelle ». « Le poème est toujours marié à quelqu’un » écrit en effet Char dans « Partage formel » (in Fureur et mystère).

Cela, on le ressent, fortement, à la lecture du dernier livre de Claude Ber : Épître langue louve. Poème pluriel de l’énergie folle, où le corps existe follement par la langue, par le travail effectué sur la langue, c’est également – et d’abord – un poème d’amour.

Si « [l]e lumignon du cœur est un loquet de porte / dur à déverrouiller », il peut être déverrouillé. Alors commence – peut vraiment commencer – la danse, le chant de vivre.

 

Interroger charrier mêler broyer malaxer faire argile de cendres et suture de chair, lier des mains uniques à la maille du monde, la vie minimale au sans fin de la mer

étreindre jouir oublier

être là

 

[…]

 

et tout existe

---------------à merci d’exister

 

Matthieu Gosztola

 


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A propos de l'écrivain

Claude Ber

 

Claude Ber a publié plus d’une dizaine d’ouvrages, principalement en poésie et théâtre – « LA MORT N’EST JAMAIS COMME », Prix International de poésie Ivan Goll, « SINON LA TRANSPARENCE », « LA PRIMA DONNA » suivi de « L’AUTEUR DUTEXTE, « ORPHEE MARKET » aux éd. de l’Amandier, « LIEU DES EPARS », éd. Gallimard, « MONOLOGUE DU PRENEUR DE SON POUR SEPT FIGURES », éd. Via-Valeriano-Léo Scheer … - ainsi que des livres d’artistes dont parmi les derniers parus « VUES DE VACHES » avec des photographies de C. Derouineau Ed. de l’Amourier, « L’INACHEVE DE SOI » avec des peintures de P. Dubrunquez, Ed. de l’Amandier.

 

A propos du rédacteur

Matthieu Gosztola

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Rédacteur

Membre du comité de rédaction

 

Docteur en littérature française, Matthieu Gosztola a obtenu en 2007 le Prix des découvreurs. Une vingtaine d’ouvrages parus, parmi lesquels Débris de tuer, Rwanda, 1994 (Atelier de l’agneau), Recueil des caresses échangées entre Camille Claudel et Auguste Rodin (Éditions de l’Atlantique), Matière à respirer (Création et Recherche). Ces ouvrages sont des recueils de poèmes, des ensembles d’aphorismes, des proses, des essais. Par ailleurs, il a publié des articles et critiques dans les revues et sites Internet suivants : Acta fabula, CCP (Cahier Critique de Poésie), Europe, Histoires Littéraires, L’Étoile-Absinthe, La Cause littéraire, La Licorne, La Main millénaire, La Vie littéraire, Les Nouveaux Cahiers de la Comédie-Française, Poezibao, Recours au poème, remue.net, Terre à Ciel, Tutti magazine.

Pianiste de formation, photographe de l’infime, universitaire, spécialiste de la fin-de-siècle, il participe à des colloques internationaux et donne des lectures de poèmes en France et à l’étranger.

Site Internet : http://www.matthieugosztola.com