Révolution(s)
Écrire quelques mots sur le travail poétique de Vélimir Khlebnikov m’intimide un petit peu. Et cela à deux niveaux. Tout d’abord, parce que les textes des trois dernières années de la vie du poète (mort très jeune) ici rassemblés, constituent un ensemble de près de mille pages, qui varient dans la manière, allant de la prose à la poésie lyrique, du poème sonore au manifeste, de la lettre à des textes épiques. Puis, en second lieu, je suis intimidé par la force de ce poète au parcours un peu rimbaldien, qui dresse un portrait de la révolution de 1917, laquelle est autant pour lui une révolution politique qu’esthétique, à quoi Khlebnikov prend part avec émotion et violence. Donc je suis impressionné à la fois par la quantité, qui nous permet d’entendre le poète dans toute sa mesure, que par la sonorité, le phrasé des poèmes, leur musicalité, et en cela toutes les formes que prend le style de l’auteur. Il ne me reste que quelques phrases trop pauvres pour résumer et éclaircir mon propre sentiment à l’égard de cette voix poétique qui fait écho avec enthousiasme et presque un peu de folie, à la participation littéraire – sinon politique – à ce grand bouleversement révolutionnaire russe du début du siècle.