Une foule de choses se présente à moi à la lecture de Ce Lieu sera notre feu, ce beau livre de Pascal Mora que publient les éditions Unicité. Si j’ai parcouru lentement, chapitre après chapitre, comme un lecteur essayant de suivre, en emmagasinant la véritable magie de cette écriture, la trame forte de ces poèmes plus ou moins longs, mais toujours substantiels, je me retrouvais sans cesse pluriel devant cette poésie. Et même si le sujet pourrait paraître monocorde, la litanie va de poème en poème toujours ou presque dans la haute tenue d’un langage sur la ville. Et que tout soit plus ou moins explicite, cela n’a pas d’importance. Ce qui subsiste, c’est l’état du lecteur qui se lit lui-même au miroir du poème, comme en une pluralité d’énigmes.
Poétique magique donc, car cette ville de pierre et de métal n’est autre qu’habitée par une puissance spirituelle, par des dieux anciens et comme assoupis. Peut-être du reste, pourrait-on se souvenir de Paul quand il écrit : « Notre Dieu est un feu dévorant » ; et à partir de là, réécrire le titre du livre comme retourné par un lecteur double : Ce feu sera notre lieu. On voit nettement la combustion où se tient Pascal Mora, faisant appel à la fois à toutes les grandes villes de notre monde, mais aussi à des métaphores animales, végétales ou anthropomorphiques.