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A propos de Ainsi parlait Oscar Wilde (Arfuyen)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 20 Février 2017. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Le dandy blessé

Ainsi parlait Oscar Wilde, Oscar Wilde, Arfuyen, janvier 2017, trad. Gérard Pfister, 165 pages, 13 €

 

Il y a sans doute une double inflexion dans l’œuvre d’Oscar Wilde, inflexions qui recoupent les genres qu’il a parcourus – théâtre, roman, textes divers, correspondance… –, et qui reposent sur des faits objectifs. Tout d’abord, la vie de l’homme, et son destin, aristocrate irlandais qui a subi un déclassement social, qui l’a conduit jusqu’à la mort à Paris en 1900. Son inculpation d’homosexualité, la vieille Angleterre victorienne, le harcèlement de sa société, représentent un grand arc historique qui marque l’écrivain. C’est l’inflexion la plus visible, et la plus douloureuse.

Michel Foucault, Un très beau feu d’artifice, Revue Critique n°835

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 07 Février 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Revues, Les éditions de Minuit

Michel Foucault, Un très beau feu d’artifice, Revue Critique n°835, décembre 2016, 11,50 € Edition: Les éditions de Minuit

 

Michel Foucault à la croisée

Pour un lecteur qui n’a que l’intelligence de deux ou trois livres de Michel Foucault, il est évidemment d’un intérêt supérieur de parcourir le numéro de décembre dernier de la Revue Critique, qui se consacre encore une fois au philosophe, lui qui a rayonné dans le monde, et qui a ouvert des voix de recherches dans le monde des idées. Cette œuvre d’ailleurs n’est pas encore totalement défrichée, sachant qu’il reste des milliers de pages manuscrites, ce qui laisse entendre le travail bibliographique ou génétique qu’il reste à accomplir (même si M. Foucault ne voulait pas de publications posthumes, et a interrogé la question de l’auteur avec virulence). Ainsi, pour ce lecteur dont je parle, le statut même de philosophe est tendancieux, car on voit également chez Foucault un homme de lettres à la croisée de l’histoire, de la phénoménologie, de la sémantique et du structuralisme, et aussi un écrivain tout simplement. Ce n’est d’ailleurs qu’un aspect de la livraison de Critique, dans la mesure où elle colle avec une certaine actualité, celle du passage de l’œuvre de Foucault dans la Bibliothèque de la Pléiade.

Trois poèmes préislamiques Le Cédrat, La Jument et La Goule

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 03 Février 2017. , dans La Une Livres, Sindbad, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Poésie, Pays arabes

Trois poèmes préislamiques Le Cédrat, La Jument et La Goule, présentés et traduits de l’arabe par Pierre Larcher, octobre 2016, 16 € Edition: Sindbad, Actes Sud

 

Mystère des temps

Ces trois poèmes préislamiques que présente ici Pierre Larcher, constituent une petite partie de ce livre que publient les éditions Sindbad Actes sud, sachant que l’ouvrage est doté d’un important appareil critique, très développé et savant. Au reste, on peut s’autoriser plusieurs lectures : celle de l’ensemble, texte et apparat critique, ou celle d’un mélange des deux lectures, la savante et la sienne propre, ou encore ne lire que les poèmes – ce qui n’est pas tout à fait impossible. Car il est net que quelle que soit la lecture choisie, nous sommes devant une poésie mystérieuse et profonde. Car comment aborder ce continent enfoui sous les siècles de l’Islam, créé avant l’Hégire, sinon comme une sorte d’objet archéologique, à l’instar des Hymnes Védiques ou des énigmes de la Kabbale ? Il faut surtout abandonner la raison raisonnante et se fier aux « couleurs » du texte, à ce rythme, comme le considère Nietzsche dans le Gai savoir, où le philosophe explique la naissance de la poésie par le rythme qui suivrait l’évolution de la civilisation, et qui en serait le témoin.

L’Enfant aux cerises, Jean-Louis Baudry

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 25 Janvier 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, L'Atelier Contemporain

L’Enfant aux cerises, 2016, préface et photographies Alain Fleischer, 20 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Baudry Edition: L'Atelier Contemporain

 

L’Atelier contemporain publie en cette fin d’année un livre très utile et beau, illustré de photographies d’Alain Fleischer. C’est L’Enfant aux cerises de Jean-Louis Baudry, livre qui permet et autorise une réflexion sur la peinture. D’ailleurs, il s’agit surtout d’un recueil de douze articles pour la presse ou pour des catalogues, qui pousse le lecteur à se pencher sur les grandes interrogations de la peinture : est-elle un art du silence ? est-elle un art du temps ? comment s’articule ce qu’elle semble dire et ce que nous en disons ? quel est l’effet de la chose peinte sur l’homme d’aujourd’hui (qui peut accéder à la peinture par des reproductions) ? comment recueille-t-on en soi cette reproduction de la vie (car pour Jean-Louis Baudry, la peinture semble d’abord être figures) ?

C’est à cette rhétorique que fait appel le livre, et – peut-être même, surtout – dans une écriture d’une délicatesse extrême, ressemblant à des pages de la littérature romanesque (je pense à Proust, dont les premiers mots de La Recherche correspondent étrangement à la première phrase de l’ouvrage de J.-L. Baudry). Oui, une littérature qui s’enroulerait autour des sentiments les plus profonds, les sentiments de l’enfance (ce qui laisse entendre comment chacun de nous a été pris à un moment ou un autre par des images peintes – pour J.-L. Baudry il s’agit d’une lithographie de L’Enfant aux cerises qui ornait sa chambre). L’enfance comme imago.

Paroles des forêts, Pascal Mora

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 16 Janvier 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Paroles des forêts, éd. Unicité, 2015, 14 € . Ecrivain(s): Pascal Mora

 

Une poésie végétale

 

La poésie de Pascal Mora nous entraîne dans un voyage intérieur, une sorte de plongée en apnée dans le monde végétal de la forêt, comme si l’espace de cette poétique était saturé, plein, presque phobique. Et cela est une qualité, car on ne quitte pas cette espèce de plongée nue qui nous conduit à travers des paysages forestiers, pour finir ou presque dans « un antre au bord de la bible ». On respire ici un air raréfié, confiné à quelques éléments benthiques, dans une vision obnubilée par la frondaison et la croissance végétale. On peut lire cette épopée un peu comme on lirait Walt Whitman, à cause de ce débordement lyrique, de ce texte qui déborde presque littéralement, qui se repaît de la pluralité des lieux vacants de Bénarès à Jérusalem, de forêts de feuillus, de persistants ou d’épicéas, ou encore, plus rarement, de quelques fruitiers.