Identification

Articles taggés avec: Ayres Didier

Le chant des marées, Watson Charles (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 29 Octobre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Le chant des marées, Watson Charles, éd. Unicité, mai 2018, 90 pages, 13 €

 

 

J’ai pris le petit recueil de Watson Charles (petit en volume) comme une traversée, un voyage au milieu d’un monde animé par des oppositions. Oui, j’ai lu là une certaine poésie double, double par le mouvement vers les choses réelles, vers l’extérieur, vers la ville, vers le monde, vers autrui, et le retour de ces éléments dans l’intériorité poétique de l’ouvrage. D’ailleurs, je ne rechigne pas à préciser que j’observe souvent dans mes lectures de poésie ce qui est de l’ordre de la coupure, de la blessure intérieure et du caractère inaliénable de ce que provoque en soi cette schize. Ainsi, grâce à cette observation, j’ai décelé dans ces poèmes de Watson Charles une sorte d’apologie de la métamorphose, par exemple quand la ville se transforme en île, ou quand le monde se confond en un bateau naufragé, quand le lointain devient proche, quand l’exil devient une richesse. Et cela avec l’étude presque directe de la fonction du poète dans le monde.

Le Jardin d’Alioff, Farhad Ostovani (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 24 Octobre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Le Jardin d’Alioff, Farhad Ostovani, L’Atelier contemporain, septembre 2018, trad. anglais Robert Bemis, Paul Laborde, Alain Madeleine-Perdrillat, 192 pages, 25 €

Texte de la chair

J’ai parcouru avec plaisir les écrits du peintre iranien Farhad Ostovani qui forment ici un recueil, des mémoires, des souvenirs, enfin qui laissent apparaître le lien de l’artiste avec sa famille, le passé, le pays d’origine et en ce sens, l’exil et le travail de la peinture lesquels ont fait un horizon d’attente pour ce que j’étais comme lecteur. Donc il s’agit de petits textes qui relatent des faits et l’évocation des personnes vivantes ou mortes, qui se recoupent parfois, de manière aléatoire, tout comme est la mémoire avec sa façon de capturer tel élément du passé et d’en exclure d’autres. Bien sûr, il ne faut pas oublier l’origine de ce livre, qui devait initialement correspondre à un livre de recettes iraniennes, et cette tentative est assez sensible dans l’ouvrage – plus d’ailleurs au début du livre. Et cela a beaucoup d’importance car rendant le texte sensible à la matérialité des alcools, des olives et oliviers, des images de jardins disparus notamment, et avec eux les rosiers et les magnolias qui hantent la mémoire de l’auteur. Je dirai que cela fait un texte de la chair, chair de la peinture, chair du souvenir, chair nourrissante. Du reste, la chair est devenue mon fil conducteur.

Nul lieu n’est meilleur que le monde, Wendell Berry (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 03 Octobre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Nul lieu n’est meilleur que le monde, Wendell Berry, Arfuyen, coll. Neige, septembre 2018, trad. Claude Dandréa, 160 pages, 18 €

 

Poème de la terre

Pour parler de ce recueil de poème de Wendell Berry, ici présenté en version bilingue, il faut tout de suite dire que ce travail est plus fait d’un souffle, d’une cadence que d’une déclamation, plus près de la sentence que de l’approximation, ce qui n’empêche en rien l’émerveillement, et même au contraire, guide le lecteur dans un monde intérieur quiet, posé, sujet à des questions élémentaires et essentielles ; oui, un chant simple, une poésie qui sonne de façon profonde et intérieure, et qui permet de se concentrer sur sa forme lyrique.

Cela ne réduit nullement l’artiste, il peut toucher aux thèmes difficiles et graves, sans perdre aucune clarté. Là, un monde pour lequel la mort ne serait pas la fin ni même une énigme, mais le repos temporaire des âmes. Et cela avec une cadence souvent organisée en strophes de trois ou quatre vers, rendant très équilibrée cette diction silencieuse du poème.

Échos d’étreintes sauvages, Nasser-Edine Boucheqif (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 10 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Échos d’étreintes sauvages, Nasser-Edine Boucheqif, éditions Polyglotte, 2018, 20 €

 

Hic et nunc

Pour aborder ce gros recueil de poésie de l’écrivain et éditeur Nasser-Edine Boucheqif, il faut tout de suite évoquer la morphologie de l’ouvrage. Car, sans savoir avec précision si le livre a été écrit tous les jours d’une année bissextile, à chaque poème correspond une date du calendrier, un poème chaque jour sans exception, ce qui laisse entrevoir une remarquable ténacité – sachant qu’écrire un poème journellement durant une année civile est un tour de force. D’autre part, le cours de ces poèmes est agencé selon quatre chapitres – dépeints sous le nom de « géopoétique » – qui renvoient à chaque trimestre, et plus concrètement aux quatre saisons qui jouent sur les couleurs et les impressions du poète, ce qui me permet de considérer comme avérée mon idée d’un poème quotidien. Donc, cette poésie saisit la Loire et la nature environnante, marquées bel et bien par les éléments climatiques du pays angevin.

Rimbaud et la Rédemption, Fabienne Bader, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 04 Septembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Rimbaud et la Rédemption, Fabienne Bader, éditions Polyglotte, 2018, 10 €

 

Mort et rédemption

J’ai connu les éditions Polyglotte à travers les réseaux sociaux, et j’ai été attiré d’abord par le titre du livre de Fabienne Bader, sans rien connaître de l’auteure. Je cherchais Rimbaud. Quel était ce Rimbaud ? le mien ? celui des amours violentes avec Verlaine ? celui d’Aden ? le Rimbaud voyant ? le Rimbaud escorté par un appareil critique, comme l’est le Rimbaud de Bonnefoy ? Toujours est-il que j’étais prêt à suivre la démarche d’une quête, notamment celle du poète de Charleville. Ce recueil très sobrement présenté, prend donc Rimbaud pour compagnon d’écriture. Et avec le langage, la grave question de la mort et de la rédemption. Cette poésie, que l’éditeur Nasser-Edine Boucheqif publie dans sa collection Féminin Pluriel, cache une femme complexe et douloureuse. Hantée par l’insomnie, et travaillée par la pratique de la poésie, l’auteure questionne la banalité de notre séjour ici-bas, avec en vue la fin de toutes choses et la vie d’un au-delà.