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Articles taggés avec: Ayres Didier

La Femme chez Don Luis de Góngora, Luis de Góngora (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 01 Avril 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

La Femme chez Don Luis de Góngora, Luis de Góngora, éditions Alcyone, octobre 2018, trad. espagnol Michel Host, 88 pages, 20 €

 

Une poésie des temps

Aborder la poésie de Luis de Góngora par la traduction de Michel Host, qui organise sa transcription depuis l’espagnol autour des sonnets du poète castillan, revient à plonger dans l’univers rayonnant du Siècle d’or, et de l’influence notable sur les artistes et les lecteurs de poésie de plusieurs siècles et origines. Cette riche composition est attachée en général au gongorisme. Car, même si l’ouvrage met en scène la figure de la femme et plus largement, celle de l’amour, il n’échappe pas à la beauté claire et précieuse de cette littérature devenue classique depuis bien longtemps. Ainsi, quand Boileau écrit : ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément, on pourrait appliquer a posteriori cette citation aux poèmes de ce livre des éditions Alcyone. En effet, aucune tache sombre sur les poèmes, aucune ambiguïté, aucun trouble, qui entraveraient la marche belle de ces textes si lointains dans le temps.

À ton tour, John et Yves Berger (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 25 Mars 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, L'Atelier Contemporain

À ton tour, février 2019, trad. anglais Katya Berger Andreadakis, 104 pages, 20 € . Ecrivain(s): John et Yves Berger Edition: L'Atelier Contemporain

 

Le pouvoir de l’image

Correspondance originale du père et du fils, animée d’images : telles sont les lettres qu’accaparent des images, et soulignent le lien filial d’un père écrivain et d’un fils peintre. Car si la lecture d’une correspondance joue souvent, pour le liseur, sur la figure absente du destinataire, ici le vide est occupé par des illustrations venues de la grande peinture occidentale notamment. Ces vignettes ont ce pouvoir : manifester la présence. Elles sont ainsi supérieures au langage, dont le registre sourd facilite surtout la présentification de l’écrivain, de l’auteur. Cependant, ce ne sont pas des mots qui viendraient coudoyer, faire surgir les images, lesquelles au contraire serviraient à heurter l’écrit, à déformer suffisamment la forme écrite pour faire coexister un sentiment, et en ce cas la filiation paternelle, d’un lien filial entre un père et un fils, dont les références picturales sont des sortes de chevaux de Troie introduits dans chaque lettre, et qui ouvrent sur un champ qui dépasse manifestement la simple relation épistolière. Que l’on voie la Conversion de St-Paul du Caravage, ou les bouquets du Manet finissant, on ne quitte pas le propos fondamental : comment communiquent les images, et peuvent-elles soutenir l’expérience humaine d’une filiation réussie ?

Lettre à Louis Calaferte, Valérie Rossignol (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 18 Mars 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Lettre à Louis Calaferte, Valérie Rossignol, éditions Tarabuste, janvier 2019, 84 pages, 11 €

 

Relation à l’inconnu

Ce joli livre de chez Tarabuste, de la collection Brèves Rencontres, m’a permis de suivre un exercice d’admiration très bien construit et m’a fait éprouver du plaisir. En effet, Valérie Rossignol se livre dans cet opuscule à une mise en relation/mise en scène de son rapport avec l’écrivain Louis Calaferte sous la forme de quatre lettres et de quelques citations des ouvrages de l’auteur – ce fils d’immigré italien, né à Turin. Il y a donc ici la rencontre d’une lectrice féministe et d’un auteur qui bat en brèche les doctrines de genre, et ainsi présente par un effet de miroir l’opinion de V. Rossignol qui, en tant que femme, verse dans une étude critique des lois machistes, et là-dedans de certaines pages rudes de Calaferte. J’ai dit exercice d’admiration, mais le vrai mot serait peut-être à trouver dans l’univers des thèses féministes qui viendrait chercher chez Calaferte les grands types de discours d’asservissement de la femme, et aussi et en même temps un parcours sensible d’une femme qui aime l’œuvre qu’elle lit.

Poèmes, Jean-Pierre Faye (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 11 Mars 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Poèmes, Jean-Pierre Faye (éditions Polyglotte, 2013, 22 €)

 

Faisant face à une grande quantité de livres en attente dont je veux faire la chronique, cette anthologie de Jean-Pierre Faye et ses quatre cents pages m’ont imposé une lecture véloce. Cela ne m’a pas empêché de découvrir néanmoins le parcours d’une vraie route poétique, originale et intense. Le recueil m’est tout de suite apparu comme tourné vers le corps, les membres du corps ou encore, l’humidité de la chair, la fluidité du sang. Et cela parfois dans une langue hermétique. Donc, ici les éléments physiques fondamentaux, et une langue qui garde son mystère. Il faudrait peut-être relire encore cette anthologie de manière plus appliquée, sachant qu’une première lecture m’a fait aimer cette langue énigmatique. En tous cas, ce livre couvre les poèmes de Jean-Pierre Faye de 1939 à 2013, et s’oriente au fur et à mesure dans la recherche d’une poésie de l’incarnation. Nonobstant, je dirais mieux mon sentiment en rapprochant cette sorte de poésie orphique d’une poésie abstraite, capable de tenir le corps comme une composante géométrique, prosodique.

Requiem pour Gaza, Collectif (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 06 Mars 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Requiem pour Gaza, Collectif, Color gang édition, coll. Urgences, 2018, préface Adonis, 120 pages, 13 €

 

Gaza

Pour chroniquer ce livre, proche peut-être de l’esprit d’une revue, qui émane de divers poètes et créateurs sur le thème des événements du 30 mars au 20 août 2018 en Palestine, il faut que j’écrive un incipit. Les propos de l’ouvrage, qui mettent en lumière le malheur historique et humain que traversent les habitants de la bande de Gaza – aux mains du Hamas – reprennent un point de vue : celui de ceux qui souffrent. Un regard en surplomb doit permettre de comprendre la complexité du rapport de Gaza au monde et du monde à Gaza. Et j’écris cela pour faire valoir une certaine prudence à l’endroit du conflit israélo-palestinien, qui m’occupe depuis très longtemps, en tout cas depuis l’adolescence – et j’avoue que la guerre du Liban faisait aussi partie de mes préoccupations politiques de l’époque. Cependant, il est heureux de voir combien cette problématique touchant le monde occidental et oriental, pose en même temps la question de la fonction de l’écriture comme témoignage.