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Articles taggés avec: Ayres Didier

À propos de Refrain de Bernard Grasset, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 05 Juillet 2017. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Refrain de Bernard Grasset, Jacques André éditeur, février 2017, 11 €

 

Poésie du croisement

C’est avec bonheur que j’ai lu le dernier livre de Bernard Grasset, car il vient à la fois s’ajouter à ce que je sais du travail du poète, en même temps qu’il me permet de me distancier de lectures difficiles parfois, qui demandent elles aussi des soins et beaucoup d’énergie. Or, ce livre-là donne de l’énergie et n’en prend pas. J’ai donc aimé cette qualité, disons, du « peu », d’une littérature aérienne, fluide, transparente et essentielle. Oui, une poésie ductile et belle, dans de simples habits de mots, qui se voue à la contemplation ou à l’écoute méditative. D’ailleurs, le sujet du livre tourne autour de la question de l’œuvre d’art en général, et sans nul doute, permet à la poésie de remplir son vœu mimétique (si je peux tirer vers moi la pensée de Walter Benjamin).

Comme une lettre, Mireille Gansel

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 30 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Comme une lettre, La Coopérative, mai 2017, 144 pages, 16 € . Ecrivain(s): Mireille Gansel

 

 

Comment réduire des impressions de lecture, et cela de façon aussi peu cérébrale que possible, mais plutôt ressenties de l’intérieur, à l’image d’un chemin personnel que l’on fait en lisant de la poésie, sans en trahir le secret ? Cette question est bien vive ici, au sujet du recueil que Mireille Gansel publie ce mois-ci. Car il offre à la fois un voyage physique – Italie, Allemagne, mais aussi Paris ou Lyon – et nous fait partager un spleen. Et à travers lui, ce sentiment si particulier que chacun éprouve à sa manière sur l’hiver et ses lumières froides et blanches. Et là est la poésie justement, dans ce dénuement, dans ces mots éthérés, dans le rien, dans l’aube décharnée de janvier, principe intellectuel de la poésie qui raréfie les signes, qui les rend à eux-mêmes comme simple élément verbal, mais d’une telle simplicité hivernale, que la poésie naît et se développe, fait sens, épaissit le feuilletage de la signification, tout en se déchargeant des lourdeurs et des artifices brillants de l’été, par exemple, et de sa nature prospère.

A propos de Ta résonance, ma retenue, Serge Ritman, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 19 Juin 2017. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Èros et Politikos

A propos de Ta résonance, ma retenue, Serge Ritman, Tarabuste éditions, avril 2017, 324 pages, 22 €

 

La lecture de Ta résonance, ma retenue de Serge Ritman est exigeante et parfois âpre, aussi solitaire que l’exercice de la pensée qui se dévoile au fur et à mesure de ce que l’on pourrait peut-être considérer comme une anthologie. D’ailleurs, il n’est pas improbable que la suite des recueils que compte le livre soit chronologique et nous mène à l’amble de la vie du poète. Je dis cela car il y a une évolution assez visible de pages en pages qui nous font partager la matière, celle du corps disons, érotique, jusqu’à celle du corps, disons, politique et en butte au monde contemporain. Donc pas du tout une poésie de « tour d’ivoire ». C’est ainsi que j’ai balancé d’un chapitre à l’autre pendant plusieurs heures afin de suivre au mieux la pensée du poète, et que j’ai pu en noter le glissement progressif.

À, Jacques Goorma

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 14 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arfuyen, Poésie

À, mai 2017, 136 pages, 14 € . Ecrivain(s): Jacques Goorma Edition: Arfuyen

 

Dès le titre du nouveau recueil de Jacques Goorma, À, considéré ici comme une préposition à l’hommage, à la dédicace ou l’adresse, l’on prend conscience que l’on est devant un ouvrage singulier. D’ailleurs l’ingéniosité des éditeurs Anne et Gérard Pfister peut bel et bien servir à la découverte de textes neufs, originaux, vivifiants. Cela dit, il reste à expliquer en quoi cette nouveauté, ce particularisme est pertinent. L’on peut concevoir assez vite une impression qui s’accentue au fur et à mesure. Et c’est le mot génération qui vient, ou celui de poésie originelle. Ainsi, nous sommes à l’aube, au début, au commencement, à l’origine d’un sentiment, à la génération d’une idée, plongés dans le spasme bref d’un éclat qui cherche une sorte de commencement éternel. De genèse sans fin.

On se trouve avec À devant une préposition/proposition servant à introduire l’émerveillement de la naissance de quelque chose de neuf et de soudain. Car ces trois fois cent-onze petits poèmes réunis en trois sections sont presque autant d’avènements répétés et lancinants. Une éternité du commencement. Comme une sorte de psaume, ou de cantilène enfantine. Par exemple :

A propos de Requiem de guerre, de Franck Venaille, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 30 Mai 2017. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Requiem de guerre, de Franck Venaille, Mercure de France, mai 2017, 11 €

 

Il s’agit ici de langages sans nom, sans acoustique, de langages faits de matière ; il faut ici penser à la communauté matérielle des choses dans leur communication.

Walter Benjamin

 

J’ai abordé ce recueil de Franck Venaille en toute simplicité, même si je connaissais le nom de l’auteur à travers des témoignages d’amis, pas tous poètes d’ailleurs, dont certains qualifiaient l’auteur de ce Requiem « d’officier de la mort ». Et c’est le cas ici, car on devine sans peine au titre du recueil qu’un office des morts est une position littéraire. Et même si l’on côtoie les sanies humides de la maladie (de l’auteur sans doute), ou si l’on croise l’écho d’une chambre d’hôpital (que traverse le poète), on ne cesse de se questionner sur la qualité, dans le sens de spécificité, de ce qu’est mourir.