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Articles taggés avec: Chauché Philippe

L'air de rin, Bruno Fern

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 03 Juin 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Editions Louise Bottu

L’Air de rin, février 2015, préface de Jean-Pierre Verheggen, 58 pages, 7 € . Ecrivain(s): Bruno Fern Edition: Editions Louise Bottu

 

« Aboli bibelot d’inanité sonore », Mallarmé

« Ferai un vers de pur néant », Guillaume d’Aquitaine

L’air de rin est né de deux vers, l’un pour 132 variations et l’autre en offrant 66, pour de courts aphorismes, des vers chantants, surprenants et plaisants, des vers inspirés, des variations chaotiques et réjouissantes, et le tout en musique, les deux vers n’en manquent pas, et Bruno Fern se les approprie pour les faire chanter à son tour.

« Le temps – Aplanit les lolos, racornit les pectors ».

« Pragmatique – A poli son topo, formaté tout confort ».

« Angélique – Fouirai l’éther en voletant ».

« Comédien – Feindrai de faire tout en faisant ».

Shots, Guillaume Guéraud

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 27 Mai 2016. , dans La Brune (Le Rouergue), La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Shots, avril 2016, 272 pages, 19,80 € . Ecrivain(s): Guillaume Guéraud Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

« Ne restent maintenant que les légendes. Des dates, des lieux, des noms. Et des phrases.

J’espère que ces légendes racontent une histoire claire malgré l’absence des photographies qui les accompagnaient ».

Marseille, Miami, aller retour, de l’enfance retrouvée à l’enfance perdue, d’un carnage à l’autre. Shots est le roman noir d’une recherche, celle d’un frère qui se cache. Le roman d’une traque du sang qui s’achève dans la fuite, le sang et les dollars. Shots est le roman des légendes des photos disparues, elles ponctuent par des petits carrés gris les pages du livre, et deviennent des légendes qui se nouent dans l’enfance à Marseille, puis à Miami, où le narrateur ne cesse de traquer les traces de son frère disparu, porteur du visage et des mots de leur mère, au centre tellurique de la mafia, de la drogue, de l’hôtel Biltmore, des galeries d’art, des armes et des dieux vaudous.

« J’ai 36 ans et le mail de mon frère est le seul que je reçois pour mon anniversaire. Je ne sais pas encore que ce sera son dernier mail – et que cette photo sera la dernière que je recevrai de lui ».

Les Exigences de l’émotion, Pierre Bonnard

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 21 Mai 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, L'Atelier Contemporain

Les Exigences de l’émotion, février 2016, préface d’Alain Lévêque, 192 pages, 20 € . Ecrivain(s): Pierre Bonnard Edition: L'Atelier Contemporain

 

 

« On appelle “natures mortes” les fruits posés sur une table. Bonnard exécute des “natures heureuses”. Ses fouillis de verdure sur lesquels s’ouvre la fenêtre, ses plates-bandes ensoleillées, soyeuses, étincelantes, donnent une idée du bonheur » (Marguerite Bouvier, Comœdia, n°82, 23 janvier 1943).

Après la publication du réjouissant Observations sur la peinture recensé ici même (http://www.lacauselitteraire.fr/observations-sur-la-peinture-pierre-bonnard), L’Atelier contemporain offre aujourd’hui ce nouvel opus, où se mêlent rencontres, entretiens, lettres et dessins à la plume et au crayon du plus japonais des peintres français. Bonnard – grand peintre du sentiment d’exister, (il) voit, (il) vit si intensément le temps qui passe et ce sentiment du passage se mue parfois en instants illuminés* se laisse approcher, montre quelques-uns de ses tableaux, des esquisses, ses notations, ses dessins – L’œuvre d’art : un arrêt du temps.

Le retour, Marcelin Pleynet

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 14 Mai 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Le retour, avril 2016, 104 pages, 12 € . Ecrivain(s): Marcelin Pleynet Edition: Gallimard

 

« Là où c’était, je suis revenu…

C’est un miracle de se retrouver à nouveau sur ces rives de l’Adriatique…

Les dieux de toute évidence sont avec moi… »

Le retour est le roman de la résurrection, de la visitation, de cet absolu silencieux et secret qui se partage dans la rigueur de l’écriture. Marcelin Pleynet écrit là un livre apaisé et joyeux, comme la musique qu’il ne cesse d’écouter dans sa librairie qui s’ouvre sur le canal musical de Venise. Les dieux sont là, silencieux et protecteurs. L’écrivain à flirté avec la mort, échappé au pire, mais il s’est relevé et a retrouvé sa mémoire en miettes, il en a fait un roman au titre bien venu, Le savoir-vivre. Le retour est un roman de l’après, serein, détaché des contraintes – ces aventures plus ou moins familiales et contraignantes – même si elles ne manquent pas de s’inviter : un fils – Je le regarde s’éloigner, trop grand… sa démarche est vive, souple, naturelle… –, un frère, une nièce – Un port de tête d’une réelle noblesse, ce qui n’est pas commun chez les jeunes filles de son âge… –, une perturbation météorologique dont le narrateur va se défaire pour vivre dans la plus grande et plus heureuse solitude.

Deux oeuvres d'André Velter

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 07 Mai 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Voyages, Gallimard

. Ecrivain(s): André Velter Edition: Gallimard

 

« Et notre chant invente ses raisons chimériques, ses emprunts cadencés, ses combats volontaires. Etre plus que soi en tout lieu, à toute heure, à toute force, chevalier qui a pris d’assaut ses rêves et n’a pas renoncé… » (Loin de nos bases).

« Du sable, du sel, de l’eau et du vent : désert qui mène à l’océan comme si deux horizons étaient venus se fondre sur une ligne d’écume. Rien que ce rien qui hisse la grand-voile et dispense de tout », Île de Sal, 7 janvier 1998 (Le jeu du monde).

L’écrivain voyage, le poète écrit, marche, chevauche, danse entre les collines et les fleuves. Double regard, double vision, l’une sur les traces de Saint-John Perse, chant, cante jondo, l’autre d’un bout à l’autre du monde, glissant ses mots au fil du territoire. 52 cartes pour se souvenir, pour écrire ce souvenir, cette présence. Où sommes-nous ? A Pékin – mémoire prise au débotté –, à Lisbonne – spleen de soleil perdu dans les embruns – ou encore à Amsterdam – le ciel occupe presque tout l’espace –, à Séville – pour donner des ailes à la vie et mettre un soleil dans le sang –, mais aussi à Amman – je cherche en vain un seul grain de la poussière levée jadis par Lawrence d’Arabie –, c’est ainsi que se questionne le monde et que s’écrivent les jours de l’écrivain voyageur, et il y a toujours une carte postale pour en témoigner.