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Articles taggés avec: Chauché Philippe

Jean-Jacques Schuhl, Du dandysme en littérature, Guillaume Basquin (2nde critique)

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 22 Octobre 2016. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Biographie, Essais, Editions Honoré Champion

Jean-Jacques Schuhl, Du dandysme en littérature, septembre 2016, préface Philippe Forest, 200 pages, 30 € . Ecrivain(s): Guillaume Basquin Edition: Editions Honoré Champion

« C’est un styliste. Haute couture ! Vous qui aimez le prêt-à-porter, laissez tomber. Schuhl accélère jouant sans cesse avec les réminiscences du lecteur. A quelle vitesse lisez-vous ? A quelle vitesse écrivez-vous en lisant ? A quelle vitesse comprenez-vous ce que vous venez de lire ? »

Partons d’un principe, on écrit une biographie pour poursuivre son propre travail d’écrivain, son aventure romanesque, pour écrire un nouveau roman sous l’éclairage d’un écrivain complice, ou pour le moins rêvé ainsi. Les exemples ne manquent pas : La vie de Racine de François Mauriac, Francis Ponge de Philippe Sollers, Lautréamont de Marcelin Pleynet, Cours, Hölderlin ! de Jacques Teboul, Dante écrivain de Jacqueline Risset et quelques autres. Reste que pour savoir écrire une biographie, il convient de savoir lire et de savoir écrire (1), de se glisser avec légèreté dans une œuvre – sans oublier de s’y confronter, parfois même de croiser de fer –, savoir lire, pour bien savoir écrire, l’inverse est aussi nécessaire. Guillaume Basquin qui est un styliste s’est déjà attaché à l’œuvre de Jacques Henric, un autre styliste, il y a des parentés qui naissent dans les livres, qui naissent des livres, des communautés de goûts et de manières, des amitiés sélectives.

Mourir ne me suffit pas, Pascal Boulanger

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 07 Octobre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Mourir ne me suffit pas, éd. Corlevour, Revue Nunc, juin 2016, préface Jean-Pierre Lemaire, 101 pages, 15 € . Ecrivain(s): Pascal Boulanger

 

« Je regarde autour de moi / les vases se brisent / Dès lors j’ouvre les yeux / et le jardin » (Jardin).

« Sur la falaise / la maison est prise de vertige / Quand on me fermera les yeux sur le vent / il ne faudra pas pleurer / mais dans la rosée de l’herbe / célébrer mes noces aux vitraux du ciel » (Rosée).

Mourir ne me suffit pas est un recueil de libres poèmes, près d’une centaine, habité de cette liberté libre que l’auteur fréquente. Tout est net et précis dans ce livre traversé d’éclairs – Quand je marche je m’appuie sur l’orage, Derrière le monde / les visages que je croise s’enflamment – et il y a de l’électricité dans la trame des poèmes de Pascal Boulanger. La vivacité de sa phrase, le juste mot, la suspension, l’art de voir et de bien voir ce qui défile sous ses yeux, les visions réelles ou imaginaires, éphémères ou persistantes, la poésie romanesque de l’écrivain s’en saisit et offre au lecteur ces frémissements. Et si la mort rode, il convient de ne pas se laisser impressionner, et d’un trait de phrases s’en défaire ou pour le moins la mettre en suspension.

Rendez-vous à Biarritz, Mary Heuze-Bern

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 01 Octobre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Editions Louise Bottu

Rendez-vous à Biarritz, juin 2016, 36 pages, 4,50 € . Ecrivain(s): Mary Heuze-Bern Edition: Editions Louise Bottu

 

« Dans les brumes d’Ilbarritz tout se dégrade, de l’océan au ciel en passant par ces monts vagabonds, de France, de Navarre ou d’ailleurs, on ne sait plus, ce méli-mélo sans frontières il l’a déjà vu chez Turner. La Côte des Basques, ses rubans il les suit à la trace, bleus capricieux, verts mouvants, bandes rivales évadées d’un De Staël ».

Rendez-vous à Biarritz détonne dans l’univers policier de la littérature, ou s’il l’on préfère dans la littérature policière. Matière romanesque française depuis que Marcel Duhamel lui a offert une esthétique et une éthique au cœur du paquebot Gallimard, ce qui fut une belle révolution littéraire. Aujourd’hui cette littérature, qui n’est plus de gare – c’était pourtant une bien belle définition, qui répondait aussi à l’économie du genre, de petit livres, peu chers, et Louise Bottu renoue avec ce principe économique –, s’impose partout. Elle a gagné en renommée, certains diraient qu’elle y a perdu son âme. Elle est née d’une rencontre entre un voyou charmeur, un flic charmé, et un écrivain se rêvant, l’un ou l’autre, d’une enquête bâclée, d’une question souvent sans réponse, d’un doute mis en lumière, de traits et de hasards. Elle a pour théâtre des opérations, une série de meurtres inexpliqués et de disparitions, quelques trafics d’influence bien rémunérés, souvent dangereux, et un lecteur curieux et parfois pressé, elle offre cette palette de styles, comme on le dirait de crimes et de mobiles.

Le sérieux bienveillant des platanes, Christian Laborde

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 21 Septembre 2016. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, Les éditions du Rocher

Le sérieux bienveillant des platanes, août 2016, 132 pages, 14 € . Ecrivain(s): Christian Laborde Edition: Les éditions du Rocher

« Le “Tarbais” c’est la Rolls du haricot, enfant d’une terre limoneuse, caillouteuse à souhait, juste ce qu’il faut d’argile. Si la terre avait été trop argileuse, la peau du haricot eût été plus épaisse, sa chair plus farineuse. Rien de tout ça, il est parfait, le haricot tarbais. Et s’il est si fondant, c’est parce qu’il n’a jamais cessé, en grandissant, d’avoir chaud au cul. Il a profité à fond, en effet, de la tiédeur des galets du gave ».

Le sérieux bienveillant des platanes ressemble au délicieux haricot « Tarbais », caillouteux à souhait, fondant comme l’accent qui l’habite. Un accent qui vient des cols pyrénéens où se postait l’écrivain pour voir passer avec son père les héros du Tour de France. Un roman qui a profité de la douceur des galets qui roulent sous sa langue, un roman qui a chaud au verbe. Roman « slamé », que l’on lit, comme l’on écoute les chansons gasconnes de Bernard Lubat, ou que l’on fredonne celles de Claude Nougaro, le boxeur troubadour de Toulouse. Le sérieux bienveillant des platanes est un roman du retour aux sources, au village, à Paulhac. Tom y vient pour enterrer son grand-père, son Pépé – un mot sans électricité, sans chahut, sans violence, un mot doux, une caresse –, sous les yeux et les mots de la douce Joy, sa princesse, clandestine, libre de faire ce qu’elle souhaite et de faire corps avec Tom. Un retour, et un passage dans l’accélérateur à particules des souvenirs, où les mots valsent en trois temps, les trois temps du roman.

Entretien François-Marie Deyrolle, éditeur de L’Atelier contemporain, par Philippe Chauché

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 16 Septembre 2016. , dans La Une CED, Entretiens, Les Dossiers

Entretien François-Marie Deyrolle, éditeur de L’Atelier contemporain à l’occasion de la parution de :

Au vif de la peinture, à l’ombre des mots, Gérard Titus-Carmel, préface Roland Recht ; Peindre debout, Dado, préface Anne Tronche, édition établie et annotée par Amarante Szidon ; Trente années de réflexions, 1985-2015, Alexandre Hollan, Yves Bonnefoy, préface Jérôme Thélot

 

« … j’aime la peinture, le dessin, la sculpture, la photographie ; je n’aime pas l’art contemporain », François-Marie Deyrolle

« Peindre l’impatience de peindre, le vertige de poursuivre continuellement son ombre », Gérard Titus-Carmel

« Un tableau qui a vraiment une vie à lui et qui est beau, c’est un tableau où il y a au moins une dizaine de tableaux, il a été dix fois terminé, et c’est la dixième fois qui compte, qui finalement rayonne de ces dix tableaux précédents qui sont effacés », Dado

« On sait beaucoup de l’œil et peu du regard », Yves Bonnefoy sur Alexandre Hollan