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Articles taggés avec: Chauché Philippe

Le Goût du divin, Franck Aria

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 22 Octobre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Edilivre

Le Goût du divin, juin 2015, 118 pages, 13 € . Ecrivain(s): Franck Aria Edition: Edilivre

 

« Que vienne la grande Musique, celle dont on s’éprenne, la belle, la vraie, celle de Bach à Coltrane, de Mozart, de Stravinski, de Vivaldi à Miles, cette merveille qui chaque jour promet du jouir en combattant les peines, offre du libre à penser, éveille à la pensée et au recueillement de l’être. Un chef d’œuvre ne s’épuise jamais ».

Le Goût du divin est le livre de ce désir, désir de musique, du divin, désir d’amour, mais aussi et c’est fort heureux désir de croiser la plume, comme l’on croise le fer avec la Réforme, le Diable et ceux qui s’en réclament. Le Goût du divin chemine aux côtés d’écrivains vivants, qu’ils n’aient plus ouvertement donné signe de vie ne change rien à l’affaire, ils sont là, et bien là : Voltaire, De Maistre, Faulkner, mais aussi Dante, Pascal, tour à tour saisis par le divin et son art, qui n’est pas étranger à leur style – ce nectar de la pensée. Franck Aria est aussi un lecteur attentif de Philippe Sollers – La guerre du goût –, des scissionnistes de Ligne de Risque* et de Stéphane Zagdanski qui l’accueille parfois dans sa librairie**. Il sera donc question du religieux, du divin, de sa musique, de sa joie, et de ses divines occupations, c’est l’un des enjeux du Goût du divin, qui s’emploie également à retourner Luther, comme l’on retourne une mauvaise carte.

Pas Liev, Philippe Annocque

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 15 Octobre 2015. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, Quidam Editeur

Pas Liev, octobre 2015, 152 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Philippe Annocque Edition: Quidam Editeur

 

« Pendant un instant, Liev a eu envie de demander à Monsieur Hakkell d’autres factures à recopier. Mais c’était idiot. S’il y avait eu d’autres factures à recopier, Monsieur Hakkell les lui aurait apportées avec les premières. Et puis il ne fallait pas faire ça, demander d’autres factures à recopier ; ce n’était pas son travail, à Liev ; il avait été engagé comme précepteur, c’était pour ça qu’il était venu ici ».

Pas Liev est un roman étrange, troublant, troublé et racé. Etrange, l’histoire de Liev, répondant à la demande d’un précepteur à Kosko, après un périple en autobus dont on ne saura rien, il arrive à pied dans ce domaine, où il pense qu’on l’attend. Région, village et domaine imaginaire, comme le sont ceux qui l’habitent, des fantômes ? Il n’y a pas d’enfants pour le moment à Kosko, Liev va donc être employé à recopier des factures. Puis on apprend au détour d’une phrase – Il est rare que la réalité coïncide parfaitement avec l’idée que l’on s’en fait – que Liev s’est fiancé avec Mademoiselle Sonia. C’est vrai qu’ils ont fait une ballade à vélo – Sonia roulait plus droit, ses genoux ne s’écartaient pas du cadre et la jupe de part et d’autre de la selle, c’était joli –, que leurs regards se sont croisés, mais nous n’en saurons pas plus.

Pour Roland Barthes

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 09 Octobre 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Lettre à Roland Barthes, Jean-Marie Schaeffer, éd. Thierry Marchaisse, septembre 2015, 128 pages, 14,90 €

Pour Roland Barthes, Chantal Thomas, Fiction & Cie, Seuil, mai 2015, 144 pages, 13 €

 

« Ma lettre sera donc – est déjà – un exercice quelque peu autobiographique. Vos ouvrages ont rythmé ma vie – comme celles d’innombrables autres personnes de ma génération – entre la fin de mon adolescence et la fin de votre vie : je vous ai lu, ou plutôt dévoré, au fur et à mesure de la sortie de vos ouvrages », Lettre à Roland Barthes.

« Oui, nous voulions nous vouer à une vie d’intellectuel et donc en grande partie immobile, sans perdre pour autant le contact avec nos corps ; nous voulions qu’un rythme de danse habite, dans l’invisible, nos poses les plus méditatives », Pour Roland Barthes.

Journal (1987-2012), Michel Chaillou

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 24 Septembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Fayard

Journal (1987-2012), avril 2015, préface de Jean Védrines, 544 pages, 24 € . Ecrivain(s): Michel Chaillou Edition: Fayard

 

« Début d’une volonté de tenir un journal. Temps d’acier froid. Je cherche la construction de L’Islande. Ai pris le bus long de Seine. Un jeune homme mâchait un début de vie chewing-gum. Ai croisé Jorge Semprun. Cheveux blancs, bel imperméable. Son œil m’identifia légèrement ».

« Il va être 18 heures. David improvise au piano dans le salon. J’essaie de me remettre à L’Hypothèse. J’en suis à la page 42. Il me faut déguiser le sujet, ne jamais l’avouer, sauf dans les dernières pages ».

Vingt-cinq ans séparent ces deux impressions littéraires, vingt-cinq ans d’un Journal romanesque et sentimental que l’on découvre aujourd’hui avec bonheur et surprise. Michel Chaillou, l’œil vif, le corps attentif à ce qu’il vit et à ce qu’il voit, à ce qu’il imagine, nourrit ses fictions et s’en nourrit jour après jour. Vingt-cinq ans de courtes notations, d’évocations, de brèves remarques météorologiques : – Il pleut. Soleil, temps vif qui agace le sang – mais aussi familiales : jeunesse de David, musicien en devenir et futur compositeur – un Journal sert-il à faire ses gammes ? –, fidélité réciproque à Michèle, troisième œil du manuscrit.

L’Oreille de Lacan, Patrice Trigano

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 18 Septembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Editions de la Différence

L’Oreille de Lacan, mai 2015, 192 pages, 18 € . Ecrivain(s): Patrice Trigano Edition: Editions de la Différence

 

« La vérité, c’est que je ne sais plus à quel saint me vouer pour échapper à l’emprise de mes idées fixes, de mes phobies, pour déjouer les effets dévastateurs de mes états d’âme chaotiques, pour fuir l’inconfort qui irise ma vie d’un soleil malveillant ».

L’Oreille de Lacan est l’histoire tumultueuse de Samuel Rosen, un dandy dépressif et misanthrope, épris de littérature, amateur d’art avisé, un homme au raffinement hors du commun, un homme qui fait de l’art son temps. L’auteur, qui se signale en ouverture du roman, ne va pas manquer de s’inviter au final, sans nouvelles de son personnage, qui s’est envolé. Entre temps, Samuel Rosen se sera approché d’un club très fermé des Omphalosyques, adorateurs du nombril, des illuminés suspendus bouche bée aux paroles du gourou, il aura tenté en vain de s’asseoir sur le divan du fumeur de Culebras torsadés et tourné en rond dans sa bibliothèque, et au milieu de ses objets d’art et de curiosité.