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Saint-Loup, Philippe Berthier

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 29 Mai 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Récits, Editions de Fallois

Saint-Loup, mai 2015, 220 pages, 20 € . Ecrivain(s): Philippe Berthier Edition: Editions de Fallois

 

« Enfin arrivé à ma hauteur, il arrêta net son élan avec la précision d’un chef devant la tribune d’un souverain, et s’inclinant, me tendit avec un air de courtoisie et de soumission le manteau de vigogne, sans que j’eusse eu un mouvement à faire, qu’il arrangea, en châle léger et chaud, sur mes épaules ». M.P.

« Honte à vous, qui avez marginalisé Robert de Saint-Loup ! On voit bien que personne, pour vous éviter de prendre froid, ne vous a jamais apporté une fourrure en dansant ». P.B.

Philippe Berthier connaît l’œuvre de Marcel Proust sur le bout des lèvres, et la souplesse naturelle du biographe rend cet ouvrage pétillant comme un vin de champagne. L’auteur a la galanterie du style, l’amour du savoir et une certaine prédestination à la saveur romanesque. Robert de Saint-Loup est une bulle qui virevolte dans la Recherche et Jean Santeuil, bulle d’air et de vie pour l’écrivain narrateur. L’ami absolu et tant attendu est là. Un nom – Proust n’aimait pas son nom de famille, qu’il trouvait déplorablement peu musical. En inventant le magnifique Robert de Saint-Loup, faut-il croire que par procuration il s’est rebaptisé ? –, et par là-même la beauté, l’élégance, et une présence rare, alors le Roman peut s’écrire.

Pro domo et mundo, Aphorismes et réflexions II, Karl Kraus

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 19 Mai 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Rivages poche, Essais, Langue allemande

Pro domo et mundo, Aphorismes et réflexions II, mars 2015, traduction de l’Allemand et préface de Pierre Deshusses, 176 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Karl Kraus Edition: Rivages poche

Cela faisait des siècles qu’on ne crachait plus quand passait un écrivain.

Avant la création du monde, le dernier couple d’humains sera chassé du jardin de l’hôpital.

Il y a des gens qui en veulent toute leur vie à un mendiant de ne rien lui avoir donné.

Proposition pour regagner cette ville : modification du dialecte et interdiction de la reproduction.

 

Karl Kraus écrit à Vienne, entre deux catastrophes annoncées, la fin de l’empire austro-hongrois des Habsbourg et l’avènement du national-socialisme allemand. Il ne cesse dans son journal Die Fackel de mettre en garde ses lecteurs contre la ruine qui s’annonce. Karl Kraus est en guerre, en guerre permanente contre la langue frelatée des journalistes, contre la bourgeoisie, le mensonge, la corruption, et la manipulation des masses, mais aussi les complaisances douteuses et les dénis de justice. Il manie la satire et l’attaque directe, la visée frontale, c’est un snipper, la plume et la parole, car il se pique également d’organiser des soirées de lectures publiques qui connaissent de grands succès – ce que j’écris est du théâtre écrit.

Ground Zéro, Jean-Paul Chaumeil

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 16 Mai 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, Roman, Le Rouergue

Ground Zéro, janvier 2015, 216 pages, 19 € . Ecrivain(s): Jean-Paul Chaumeil Edition: Le Rouergue

 

« J’aime l’acier poli du canon ou le bois spécial pour la crosse ainsi que l’élégance et la finesse des mécanismes qui propulsent la mort. Celui-ci était un Glock 17, fabrication autrichienne, de couleur chat noir ».

Ground Zéro, ou la passion des armes, de l’art précis du tir embusqué, où tout est toujours question de juste place, de position du tireur couché (1). Roman de l’aventure d’un tireur d’élite qui vend ses services de haute valeur ajoutée à quelques commanditaires qui eux seuls savent à quoi et à qui tous ces assassinats peuvent servir, Ground Zéro est un roman guerrier. Glacial, terrifiant, troublant, mêlant l’art subtil de l’intrigue à celui tout aussi saisissant de la manipulation et de l’assassinat politique.

« Je n’ai jamais de contact organisé avec les politiques, et il va de soi aussi que je suis inconnu des DRH des groupes qui font appel à moi, car ce genre d’initiative échappe à leur compétence officielle. Certaines activités de mes contacts dans les conglomérats financiers ou autres sont inconnues même de leurs escort girls, si vos voyez ce que je veux dire ».

La Peinture et son Ombre, Jean-Claude Schneider

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 30 Avril 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Poésie, L'Atelier Contemporain

La Peinture et son Ombre, mars 2015, 208 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Schneider Edition: L'Atelier Contemporain

 

« La vue m’est venue avant la parole, avant toute autre chose. Elle est mon premier effleurement du monde. Vivre, dès lors, c’est ne plus interrompre mon regard, être dans l’incapacité de redevenir aveugle ».

L’écrivain ne fait pas que regarder les toiles, les dessins, les gravures, les ardoises, les aquarelles, les vitraux, il les voit, c’est alors qu’il peut écrire. La Peinture et son Ombre est un livre de voyant – Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant (1) –, de l’œil à la langue, il y a un livre et des peintres. La littérature et son Ombre, la peinture et sa Lumière, le bel agencement des mots est là pour vérifier tout cela.

« Je l’ai longtemps regardée, cette gravure : sinuosité de la ligne qui creuse le relief des nuées, hachures obliques de la pluie, l’eau recueille la lumière, l’humanise après l’orage qui s’éloigne, mais cruelle demeure la blancheur au-dessus des trois arbres ».

Humeur noire à Venise, Olivier Barde-Cabuçon

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 22 Avril 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Actes Noirs (Actes Sud), Roman

Humeur noire à Venise, Une enquête du commissaire aux morts étranges, Olivier mars 2015, 336 pages, 22 € . Ecrivain(s): Olivier Barde-Cabuçon Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

« La beauté n’en est que plus belle lorsqu’elle est éphémère. Volnay fit arrêter la voiture pour admirer la vision de cette ville en apesanteur, les flancs caressés par l’eau… La cité flottante se hérissait de clochers et de mâts de bateaux. Voilé d’azur, le soleil levant illuminait de ses rayons les toits des palais et l’eau des canaux renvoyait l’image déformée de ceux-ci à l’infini ».

Venise de jour et de nuit pour Volnay et son moine de père invités à résoudre une énigme – des pendus que l’on retrouve sous les ponts – à éviter un drame – la mort annoncée et programmée du comte de Trissano – L’instant où surgit la vérité a quelque chose de magique qui sort l’homme de sa torpeur. Mais aussi à débarrasser son père de l’humeur noire qui le mine. Venise et ses masques, ses intrigues, ses complots, ses terres et sa mer, ses canaux, ses palais, sa flamboyance en ce XVIII° siècle, le siècle d’Humeur noire à Venise, sous l’œil et la plume de William Shakespeare et de Carlo Goldoni et sous la haute protection de Marco Polo.