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Articles taggés avec: Smal Didier

Watertown, Frank Sinatra, Reprise, 1970 (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 19 Mai 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, USA

 

Et si on célébrait un sublime et bref roman américain, peu importe qu’il s’agisse d’un album de musique pop publié par Frank Sinatra ? Après tout, Bob Dylan a été nobélisé, Bruce Springsteen est l’un des meilleurs nouvellistes américains (et Nebraska son plus beau recueil, épuré et pourtant riche en histoires qui se déploient dans l’imaginaire de l’auditeur), Leonard Cohen (canadien, mais américain d’adoption) est un des plus vibrants poètes du XXe siècle, Joni Mitchell a écrit et interprété de pures merveilles d’élévation, Townes Van Zandt a écrit avec Kathleen une des plus belles tragédies amoureuses du vingtième siècle et The Cuckoo vole aile à aile avec le Corbeau de Poe – et la liste pourrait continuer, au fil des soirées passées en compagnie de disques qui sont autant d’amis.

Alors, oui, Watertown, publié en 1970, est un grand roman américain, et pourtant universel – et quiconque a ajouté « comme tout grand roman américain » a raison, mais peut retrancher le « américain », tant qu’à faire.

Diane de Selliers, partageuse de désir (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 11 Mai 2021. , dans La Une CED, Entretiens, Les Dossiers

Crédits photographiques : Constance Proux


La première fois que l’on tient entre ses mains un livre édité par Diane de Selliers, l’émotion est intense, celle de la rencontre d’un dialogue parfait entre le Verbe et l’Image. De cette émotion est né le désir de converser avec une femme hors du commun éditorial, personnalité fascinante en sus.

 

La Cause Littéraire : Lorsque j’ai feuilleté La Légende dorée, j’ai subi un éblouissement, d’où cet entretien. Est-ce votre intention que d’éblouir le lecteur avec de la beauté ?

Diane de Selliers : Éblouir, je ne sais pas, mais c’est vrai que j’aime toutes les découvertes, et j’aime les partager, et je pense qu’il y a énormément à apprendre et à comprendre dans ce lien entre la littérature et la peinture. C’est aussi une façon de découvrir ces grands textes de l’humanité, que de leur donner cet éclairage iconographique qui permet d’avoir un dialogue à différents niveaux.

Alain Damasio : Quatre romans de SF (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 05 Mai 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Science-fiction

 

La Zone du dehors, Gallimard/Folio, février 2021, 656 pages, 11,50 €

La Horde du Contrevent, Gallimard/Folio, février 2021, 736 pages, 11,50 €

Aucun souvenir assez solide, Gallimard/Folio, février 2021, 400 pages, 8,60 €

Scarlett et Novak, éditions Rageot, mars 2021, 64 pages, 4,99 €

 

À l’occasion de la réédition au format poche du troisième roman d’Alain Damasio, Les Furtifs, la collection Folio propose à nouveau ses deux romans précédents, La Zone du dehors (1999 ; nouvelle version en 2007, celle ici proposée) et La Horde du Contrevent (2004), ainsi que son unique recueil de nouvelles, Aucun souvenir assez solide (2012). Ces rééditions, sous une intéressante maquette typographique unique, qui rappelle certains graphismes des années soixante-dix tout en évoquant la fluidité du style de Damasio, sont une pure incitation à se replonger dans ces livres, envie déjà générée par la lecture des Furtifs, roman extraordinaire mais dont on se rend aisément compte qu’il est le fruit d’un long cheminement, tant philosophique et spirituel que littéraire au sens de la recherche d’un style pour dire.

Manon Lescaut, Abbé Prévost (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 20 Avril 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Roman

Manon Lescaut, Abbé Prévost, Folio+Lycée, mars 2021, dossier de Guillaume Duez, 272 pages, 3,05 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Quasi trois siècles après sa publication à Amsterdam, le huitième tome des Mémoires d’un homme qualité, intitulé, en 1731, L’Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, est à nouveau réédité – encore et toujours, peut-on constater, et dans une édition destinée à des lycéens, dossier pédagogique à l’appui. C’est la vertu d’un classique, associée au rôle de l’école : celle-ci rappelle la présence de certains ouvrages dans l’imaginaire collectif. D’un autre côté, on peut ressentir une douce mélancolie à l’idée que les romans, pièces de théâtre et autres recueils de poèmes autrefois disponibles dans de simples éditions de poche, comme part du tout-venant dans la société, soient aujourd’hui siglés « pour l’école » de façon spécifique, comme si l’école était désormais leur seul lieu d’existence – puis on les oublie, puis on les met de côté, puis on retourne à la frénésie du monde moderne.

Pour Emma (première partie) - Madame Bovary, Gustave Flaubert (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 13 Avril 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Madame Bovary, Gustave Flaubert, Folio Gallimard, 2001, édition de Thierry Larget, 528 pages, 4,10 €

Lorsque l’on effectue une recherche relative à Gustave Flaubert (1821-1880) sur le site de La Cause Littéraire, on trouve des articles dans lesquels cet auteur est mentionné en passant, référence obligée, deux listes de « livres à lire » dans lesquelles le roman Madame Bovary (1857) est plus qu’honorablement classé (c’est bien, ça a un petit côté trophée sportif, à ceci près qu’on a omis de mentionner dans quel club évoluait Flaubert, à moins que ce soit Emma Bovary qui pratique le patinage artistique ou ait pris des stéroïdes ?), et deux articles dédiés à cet auteur. L’un est la recension d’un ouvrage relatif à sa vie, ouvrage dont les extraits cités laissent à penser qu’il est aussi passionnant et réjouissant qu’un petit crachin occupant une journée de novembre (le mois, pas la nouvelle de Flaubert). L’autre est la recension des volumes II et III de ses Œuvres « en la Pléiade » et s’intéresse en long et en large à la phrase flaubertienne – en omettant de citer que le paragraphe dont Flaubert était le plus fier, dans Madame Bovary, était le suivant : « Six heures sonnèrent. Binet entra ». Bref, on indique qu’il faut lire Madame Bovary, n’en déplaise au procureur Pinard, on parle (mal) de la vie de l’auteur, et on glose sur son style – et comme d’habitude avec un classique « qu’il faut avoir lu », l’impression désolante que tout un discours périphérique semble interdire de voir l’œuvre autour duquel il gravite.