L’inévitable subjectivité d’une biographie peut s’avérer plus que positive. C’est le cas de celle consacrée au chanteur des Doors, Jim Morrison, par Jean-Yves Reuzeau, pour qui cet ouvrage n’est pas un coup d’essai. L’auteur a le double mérite, outre l’écriture, de présenter Jim Morrison comme le poète qu’il fut tout au long de sa courte vie et comme une réelle et profonde solitude. Il eût été facile de mettre l’accent sur la « bête de scène », de montrer d’abord et avant tout les déboires judiciaires qui vont précipiter sa chute, autant de pièges auxquels l’auteur échappe.
Le poète tout d’abord, celui à qui, dès le plus jeune âge, « la lecture s’impose comme une passion dévorante ». Il découvre très tôt Kerouac, Ginsberg, les philosophes présocratiques le passionnent alors qu’il n’a pas vingt ans. Mais ce sont les poètes qui auront rapidement sa préférence, comme Rimbaud et William Blake. Le côté visionnaire du poète français le retiendra longtemps, jusque dans ses chansons. Lui-même se définissait comme « un homme de mots », sans doute l’aspect le plus important qu’il faille aussi retenir de Jim Morrison. Tous les textes des chansons des Doors seront des poèmes, incantatoires souvent, qu’il met en musique aves le groupe.