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Noirs dans les camps nazis, Serge Bilé

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 09 Juin 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Histoire, Les éditions du Rocher

Noirs dans les camps nazis, Le Rocher poche, mars 2016, 168 pages, 6,50 € . Ecrivain(s): Serge Bilé Edition: Les éditions du Rocher

 

L’inimaginable monstruosité des atrocités commises par les nazis ne peut se comprendre à la lumière d’une seule explication. Il faudra sans doute encore accumuler de nombreux essais pour saisir tous les mécanismes qui ont concouru pour une « solution finale » qui vit industrialiser la mort comme jamais auparavant. Serge Bilé participe avec cet essai à la compréhension de ces mécanismes, de ces logiques simplistes mais efficaces pour la mort industrialisée de tout un peuple. Il s’agit en l’occurrence de la déportation des Noirs dans les camps de concentration et d’extermination de l’Allemagne nazie. Africains, Antillais, Américains, furent aussi victimes des nazis.

C’est en Namibie que tout a commencé, un pays voisin de l’Afrique du Sud. Les premiers colons allemands y débarquent en 1870, alors que ce pays est composé d’une mosaïque de peuples, dont les Ovambo, Kavango, Nama et Herero. La désunion qui règne alors entre ces peuples va grandement faciliter l’installation des colons allemands. Le sous-sol recèle des richesses dont le cuivre et les diamants qui vont attiser les convoitises, et Bismarck va nommer un gouverneur pour administrer le territoire et ses richesses : Heinrich Goering, le père de Hermann Goering, l’un des plus hauts dignitaires nazis.

Landfall, Ellen Urbani

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 11 Mai 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, USA, Gallmeister

Landfall, mars 2016, trad. américain Juliane Nivelt, 298 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Ellen Urbani Edition: Gallmeister

 

Il faut le dire d’emblée, Landfall est un premier roman réussi à différents titres. La quatrième de couverture le présente comme un « roman haletant qui présente le destin croisé de deux jeunes filles ». Ces deux appréciations se révèlent judicieuses quand on entre immédiatement dans le livre. D’un chapitre à l’autre, l’envie de connaître la suite fait qu’on ne lâche pas facilement le volume, tant cette façon d’offrir aux personnages une épaisseur avec la narration progressive de leur histoire est captivante.

Deux femmes roulent en direction de la Nouvelle-Orléans pour porter secours aux sinistrés de l’ouragan Katrina. Nous sommes en septembre 2005, Rose, dix-huit ans, et Gertrude, sa mère, ont des rapports conflictuels comme dans beaucoup de familles. « Bien que Rose eût depuis longtemps oublié les contours du corps de Gertrude, elle soutenait, comme le font beaucoup de filles à dix-huit ans, qu’elle savait tout ce qu’il y avait à savoir sur sa mère. Tu es tellement prévisible ! lâchait-elle avec mépris lorsqu’elle était agacée, reprochant avant tout à Gertrude d’être aussi immuable ».

Ciao connard, Florian Eglin

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 20 Avril 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Polars, Roman, La Grande Ourse

Ciao connard, mars 2016, 139 pages, 15 € . Ecrivain(s): Florian Eglin Edition: La Grande Ourse

 

Le titre du livre ne dit pas tout, loin s’en faut, il n’est en fait qu’une des réparties de l’un des deux protagonistes. C’est un huis clos, mais un huis clos bien singulier, puisqu’il réunit un bourreau et son supplicié. Et ce tête-à-tête a lieu dans une bibliothèque qui est celle du supplicié. « Connard » est le mot qu’emploie le supplicié pour désigner, à plusieurs reprises, son bourreau.

Le début du récit se situe au moment où le narrateur nous apprend que son ventre, sa « cavité abdominale », est ouvert et partiellement délesté d’une grande partie de son contenu, ses intestins, qu’il décrit par le menu. L’absurdité de la situation est accrue par la capacité du narrateur à décrire ses intestins, posés sur une table à côté de lui, puis d’autres organes qui seront tranquillement prélevés au fur et à mesure de l’évolution de ce qui apparaît comme une expérience. Le bourreau suit en fait les indications que précise un livre, celui d’un auteur qui a lui aussi commis ce type d’expérience. Le foie sera particulièrement apprécié, puisque qu’il sera préparé pour être dégusté…

Dans les ruines, Les massacres d’Adana, avril 1909, Zabel Essayan

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 25 Mars 2016. , dans La Une Livres, Libretto, Les Livres, Critiques, Histoire

Dans les ruines, Les massacres d’Adana, avril 1909, trad. arménien Léon Ketcheyan, postface Gérard Chaliand, 324 pages, 10 € . Ecrivain(s): Zabel Essayan Edition: Libretto

 

Cilicie, avril 1909. Les massacres qui surviennent dans cette province de l’empire ottoman, vont faire une trentaine de milliers de morts en quelques semaines, dans la population arménienne.

La Cilicie fut aux 12ème et 13ème siècles un royaume arménien où les croisés, en route pour Jérusalem, furent accueillis. Cette province était donc à majorité arménienne depuis l’établissement de ce royaume, nommé aussi royaume de la Petite Arménie.

Les Arméniens de l’empire ottoman ont subi, à différents moments de l’histoire, des périodes de massacres qui alternaient avec des périodes de « calme » relatif. En 1895, les massacres perpétrés sur les Arméniens firent 200.000 morts. La Révolution des Jeunes Turcs, en 1908 fit espérer une égalité de tous les sujets ottomans. Mais, un an plus tard, la tentative du sultan Abdul Hamid de reprendre le pouvoir fut jugulée et les massacres reprirent en Cilicie, sous l’égide du parti des Jeunes Turcs, en qui les minorités, dont les Arméniens, avaient fondé des espoirs…

Les serviteurs inutiles, Bernard Bonnelle

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 11 Mars 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, La Table Ronde

Les serviteurs inutiles, février 2016, 279 pages, 18 € . Ecrivain(s): Bernard Bonnelle Edition: La Table Ronde

 

Nous sommes en l’an 1561, le 3 février, au domaine nommé Les Feuillades, dans le Périgord, non loin de Bergerac. Le Sud-Ouest est secoué par des rivalités, depuis quelque temps, opposant Catholiques et Huguenots. Gabriel, le châtelain, n’a pas basculé chez les protestants, mais il n’est pas toujours prompt à prendre les armes pour défendre la cause catholique. Il n’apprécie pas la révolte contre l’église catholique, même si elle peut parfois paraître justifiée. Aussi est-il offusqué lorsqu’il entend une bande de fillettes, sortant du temple, brailler :

 

Un morceau de pâte

Il fait adorer

Le rompt de sa patte

Pour le dévorer

Le gourmand qu’il est

Hari, hari l’âne !