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Une autobiographie, Neil Young

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 10 Décembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Canada anglophone, Biographie, Robert Laffont

Une autobiographie, octobre 2012, 546 pages, 23 € . Ecrivain(s): Neil Young Edition: Robert Laffont

 

Le mot digression est celui qui vient à l’esprit quand on referme cette autobiographie. Neil Young a en effet opté pour une construction thématique plus que chronologique pour écrire ses souvenirs d’une vie riche à différents titres. D’un chapitre à l’autre, le chanteur passe de la musique au cinéma, de la pureté oubliée du son actuel produit par les fichiers informatiques aux voitures anciennes qu’il collectionne, de sa famille à son train électrique. Cette autobiographie est un kaléidoscope qui, si elle fait fi de toute chronologie, ne nous perd jamais. Neil Young sait raconter les événements qui ont ponctué sa vie, et sa vie fut riche, assurément. L’ex-membre de Buffalo Springfield maîtrise cet art sans jamais se départir de son sujet : montrer qui il est devenu en donnant les différentes facettes de sa personnalité.

La musique est cependant l’élément fondateur du personnage. Avec Buffalo Springfield tout d’abord, il fit un apprentissage formateur, ou seul, comme lors de certains concerts durant lesquels il s’accompagnait à la guitare acoustique et à l’harmonica. Ce génial Canadien a subi les influences de la country music, du rock, et il admire tout autant Bob Dylan qu’il a côtoyé, qu’Elvis Presley. Il croise un certain John Kay, qui chantera Born to be wild avec Steppenwolf. Sur scène, il jouera avec Joni Mitchell, Linda Ronstadt.

Le veau, suivi de Le coureur de fond, Mo Yan

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 19 Novembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Asie, Recensions, Nouvelles, Seuil

Le veau, suivi de Le coureur de fond, octobre 2012, 18,50 € . Ecrivain(s): Mo Yan Edition: Seuil

 

Mo Yan, prix Nobel de littérature 2012, présente ici deux nouvelles dans lesquelles il se fait le témoin de son temps, nouvelles intitulées Le veau et Le coureur de fond. Le temps qu’il met en scène est celui de son enfance, vécue dans un village de la Chine de Mao. L’auteur sait parfaitement utiliser les faits les plus anodins, ou qui paraissaient tels dans ces lieux, pour nous plonger dans une époque qui faisait de l’absurde un paramètre ordinaire de la vie quotidienne et pour croquer des portraits savoureux de naïveté.

Le monde rural que dépeint Mo Yan est un monde difficile, où survivre suppose des astuces et un savoir que les paysans chinois de l’époque s’étaient transmis de génération en génération. Ainsi, comme on avait toujours châtré les veaux sans se soucier ni de la douleur que les animaux pouvaient ressentir ni des suites qu’une hygiène défaillante remettait au hasard ou aux dieux, l’enfant qu’était l’auteur assiste à la castration de trois veaux, dont un pour qui les choses tourneront mal.

Jim Morrison, Jean-Yves Reuzeau

Ecrit par Guy Donikian , le Dimanche, 11 Novembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Folio (Gallimard), Biographie

Jim Morrison, 425 pages, octobre 2012 . Ecrivain(s): Jean-Yves Reuzeau Edition: Folio (Gallimard)

 

L’inévitable subjectivité d’une biographie peut s’avérer plus que positive. C’est le cas de celle consacrée au chanteur des Doors, Jim Morrison, par Jean-Yves Reuzeau, pour qui cet ouvrage n’est pas un coup d’essai. L’auteur a le double mérite, outre l’écriture, de présenter Jim Morrison comme le poète qu’il fut tout au long de sa courte vie et comme une réelle et profonde solitude. Il eût été facile de mettre l’accent sur la « bête de scène », de montrer d’abord et avant tout les déboires judiciaires qui vont précipiter sa chute, autant de pièges auxquels l’auteur échappe.

Le poète tout d’abord, celui à qui, dès le plus jeune âge, « la lecture s’impose comme une passion dévorante ». Il découvre très tôt Kerouac, Ginsberg, les philosophes présocratiques le passionnent alors qu’il n’a pas vingt ans. Mais ce sont les poètes qui auront rapidement sa préférence, comme Rimbaud et William Blake. Le côté visionnaire du poète français le retiendra longtemps, jusque dans ses chansons. Lui-même se définissait comme « un homme de mots », sans doute l’aspect le plus important qu’il faille aussi retenir de Jim Morrison. Tous les textes des chansons des Doors seront des poèmes, incantatoires souvent, qu’il met en musique aves le groupe.

Les massacres des Arméniens, Arnold J. Toynbee

Ecrit par Guy Donikian , le Dimanche, 21 Octobre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Petite bibliothèque Payot, Iles britanniques, Essais

Les massacres des Arméniens, 315 p. 9,65 € . Ecrivain(s): Arnold J. Toynbee Edition: Petite bibliothèque Payot

 

Pour qui veut se convaincre que les massacres des Arméniens furent bien un génocide, cette nouvelle édition établie par Claire Mouradian sera très utile. Il s’agit en effet de la réédition du premier ouvrage relatant « le meurtre d’une nation ». Son auteur, Arnold J. Toynbee, historien anglais, humaniste, fit paraître l’ouvrage en novembre 1915, alors que l’Europe vivait sa Première Guerre Mondiale. Il y décrypte les mécanismes qui ont abouti à la volonté d’éradiquer toute trace d’un peuple. Claire Mouradian rappelle dans sa préface que le terme « génocide » n’existe alors pas. Il fut créé pendant la Deuxième Guerre Mondiale pour désigner les crimes nazis contre les Juifs d’Europe.

Un génocide donc, à en croire la déclaration de Talaat Bey, l’organisateur des déportations, l’homme du Triumvirat alors au pouvoir : « après cela, il n’y aura pas de question arménienne pendant cinquante ans ». Dans son chapitre intitulé Les preuves, l’auteur rappelle que « le crime fut préparé de façon très systématique, car nous avons la preuve que la façon d’agir fut la même dans plus de cinquante endroits différents ». Les ordres de déportations, d’exécutions, venus de Constantinople, furent exécutés sans failles, à l’exception de quelques fonctionnaires réticents qui furent remplacés immédiatement.

Le contenu du silence, Lucia Etxebarria

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 06 Juillet 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Héloïse D'Ormesson

Le contenu du silence, juin 2012, 400 pages, 23 € . Ecrivain(s): Lucia Etxebarria Edition: Héloïse D'Ormesson

Gabriel vit à Londres. Sa vie semble toute tracée, puisqu’il a un bon job, et puisqu’il doit épouser Patricia, deux paramètres qui lui permettent de ne pas se poser les questions dérangeantes qu’un passé tourmenté ne peut que lui imposer. Mais cette vie volontairement étriquée va basculer quand Gabriel apprend que sa sœur, Cordelia, dont il n’a pas de nouvelles depuis dix ans, serait l’une des victimes d’un suicide collectif de la secte « Thule Solaris » à Ténérife. « Après dix années d’espoirs maladroits et obstinés, qui lui faisaient guetter en vain un coup de téléphone ou chercher dans la boîte une lettre jamais écrite, après dix années passées à chercher son visage à chaque fois qu’il retournait à Edimbourg », ainsi s’exprime-t-il quand il se remémore la longue absence de sa sœur.

Il quitte donc Londres et Patricia, sa fiancée, pour élucider ce qui s’est réellement passé. Commence alors une enquête qu’il va mener avec Héléna, l’amie de sa sœur. Et là, la rencontre sera déterminante pour lui. Héléna sera celle qui va lui permettre de mieux comprendre ce que fut la vie de sa sœur volontairement exilée sur l’île, mais aussi celle par qui la remise en question de sa vie professionnelle et amoureuse devient possible, celle grâce à qui il sera capable de mettre des mots sur ce qu’il tenait inconsciemment dans le flou :