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Trois saisons à Venise, Matthias Zschokke

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 20 Février 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue allemande, Récits, Zoe

Trois saisons à Venise, novembre 2016, trad. allemand Isabelle Rüf, 384 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Matthias Zschokke Edition: Zoe

 

Matthias Zschokke est invité en 2012 à Venise par une fondation qui met à sa disposition un appartement en plein cœur de Venise. Ce sont trois saisons qu’il va mettre à profit pour « travailler », c’est en tout cas son désir, et l’idée de se retrouver en plein cœur de la Sérénissime ne peut, pense-t-il, que faciliter ce travail, sauf que, une fois sur place, il va partager son bonheur en écrivant des courriels à son frère, à sa tante, à son éditeur et à certains de ses amis et à des relations professionnelles.

Dans les réponses qu’il adresse à « l’ami de Cologne », il décrit un quotidien ordinaire à Venise : « Sous mes fenêtres glissent des gondoles, des bateaux-cargos avec des pianos, de temps en temps des pompiers, des ambulances, des bateaux-taxis, avec au fond un Dottore ou un Onorevole, qui rentre chez lui ou va au théâtre… ». On imagine sans peine ce que le lecteur à Cologne peut ressentir à la lecture de ce courriel.

Les Hauts du Bas, Pascal Garnier

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 02 Décembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Zulma

Les Hauts du Bas, octobre 2016, 191 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): Pascal Garnier Edition: Zulma

 

Les éditions Zulma rééditent ce roman au format poche, l’édition précédente datant de 2003. Initiative qu’il faut saluer tant la (re)lecture de ces lignes est jubilatoire. L’exercice de la recension impose une certaine neutralité, une retenue, quant à l’enthousiasme ou l’indifférence et parfois même l’ennui ressentis durant la lecture de certains. Lire Pascal Garnier crée le besoin de dire le plaisir, une fois encore jubilatoire, de son texte. On fera donc fi, ici, du respect de ces contraintes pour une expression plus fidèle aux émotions.

On ouvre le livre, et les pages s’enchaînent d’elles-mêmes, si je puis dire, sans pourtant que rien de bien extraordinaire n’ait lieu. Une lecture fluide pour des personnages plus qu’ordinaires (ou presque, j’y reviendrai) des situations banales, du quotidien donc dont la description et la narration feraient rapidement sombrer le texte dans l’ennui et le livre nous tomberait des mains. Mais on lit, et on attend au détour de chaque ligne la surprise du mot juste, de l’expression parfaite qui renvoie immédiatement à l’image, ce n’est plus une évocation d’un lieu ou d’un personnage, ce sont l’image précise, la situation exacte d’un individu dans le temps et dans l’espace, l’incongruité de ses sentiments, sa férocité, sa monstruosité parfois qui se font jour sur la page.

Deviens ce que tu es, Pour une vie philosophique, Dorian Astor

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 28 Octobre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Autrement

Deviens ce que tu es, Pour une vie philosophique, septembre 2016, 161 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Dorian Astor Edition: Autrement

 

Chacun connaît cette injonction célèbre « deviens ce que tu es », et chacun l’attribue généralement à Nietzsche. C’est pourtant le poète grec Pindare qui l’écrivit il y a vingt cinq siècles, et elle fut reprise et commentée par Socrate, Rousseau, Deleuze, et fut le socle sur quoi le surhomme de Nietzsche devait se fonder.

Commenter cette injonction consiste tout d’abord à refaire l’histoire des commentaires qu’elle a suscités pour en saisir toute l’épaisseur acquise dans le temps, et repérer les strates accumulées d’un penseur à l’autre, d’un siècle à l’autre. Cela conduit aussi à poser la question de la connaissance de soi, car le « deviens ce que tu es » suppose qu’on ne connaisse pas ce que l’on est. Après avoir dépassé ce questionnement, avec notamment le « connais-toi toi-même », que Socrate avait fait sien et pour qui la connaissance de soi peut aboutir à la sagesse, Dorian Astor propose quelques pistes qu’il ouvre pour les refermer ; ainsi se demander ce que l’on devient en devenant ce que l’on est ne peut souffrir un juste milieu comme le disait Pascal cité par l’auteur :

Possédées, Frédéric Gros

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 28 Septembre 2016. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Albin Michel, Histoire

Possédées, août 2016, 297 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Frédéric Gros Edition: Albin Michel

 

En 1632, à Loudun, un événement survient qui va cristalliser les peurs, les angoisses du moment, alors que Catholiques et Protestants se disputent âprement la direction des esprits, un événement autrement important que ce que nous nommerions aujourd’hui un fait divers ou une escroquerie. Parce qu’il s’agit bien de cela, une escroquerie permettant la diversion par des politiques, nous parlons ici des hommes qui n’ont de cesse de briguer un pouvoir en utilisant tous les moyens. Et une manœuvre de diversion visant à scléroser les populations en abusant de leur crédulité.

Loudun donc, le couvent des Ursulines. La mère supérieure, mère Jeanne des Anges, est saisie de convulsions. Et les explications qu’elle donne sont édifiantes et destinées à percuter les esprits :

« Il devait être trois heures cette nuit. Je crois que le bruit de la porte me réveilla. Son grincement exactement. Même doux, même faible, son grincement. J’ai ouvert les yeux dans le noir, le croirez-vous j’entendais les pas sur le parquet. Et j’étais paralysée, totalement inerte, incapable d’atteindre ma bougie. Et le corps dans le noir, je le sentais se déplacer, j’entendais respirer près de moi et peut-être aussi un faible rougeoiement je crois qui dessinait la silhouette. Sœur Claire oui, c’était un homme d’Eglise, en soutane, le même. Mais j’ai vu son visage, je l’ai reconnu ».

J’ai été Johnny Thunders, Carlos Zanon

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 05 Juillet 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Espagne, Asphalte éditions, Roman

J’ai été Johnny Thunders, mars 2016, trad. De l’espagnol Olivier Hamilton, 321 pages, 22 € . Ecrivain(s): Carlos Zanon Edition: Asphalte éditions

 

La soumission aux formules consacrées est une facilité qui ici, malgré tout, s’impose : n’est pas Johnny Thunders qui veut ! Carlos Zanon nous conte la trajectoire de Francis, « Mr. Frankie », dont la première analogie avec le héros new-yorkais est la musique, le rock. Mais qui se souvient de Johnny Thunders ?

Qui se souvient de ce guitariste né à New-York, qui rejoint le groupe qui deviendra le mythique New York Dolls ? Il quitte ce groupe pour fonder en 1975 les Heartbreakers avec le bassiste de Television. Il entame une carrière solo à partir de 1978. Il meurt en 1991 à la Nouvelle-Orléans. Il reste la musique dont l’album LAMF (like a mother fucker), emblématique du mouvement punk.

Francis a été à Barcelone un rocker adepte de cette musique et qui a connu son heure de gloire locale avec un ou deux albums. On le retrouve dans cette même ville quelque trente ans après, sans le sou, ventru, avec dans la tête des souvenirs et surtout la volonté de prendre un nouveau départ ; il cherche un travail régulier pour pouvoir voir un fils qu’il n’a pas beaucoup vu et aider financièrement à son éducation, d’autant qu’il doit passer devant un juge en raison d’une pension alimentaire qu’il n’a pas payée.