Identification

Articles taggés avec: Chauché Philippe

Échange épistolaire avec l’écrivain et professeur des universités, Jean-Michel Devésa (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 12 Novembre 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

à l’occasion de la parution de Scènes de la guerre sociale (Le Bateau Ivre), et Lire, voir, penser l’œuvre de Jean-Philippe Toussaint, Colloque de Bordeaux (Les Impressions Nouvelles)

 

Philippe Chauché, La Cause Littéraire : Les éditions Le Bateau Ivre publient votre journal du Mouvement des Gilets Jaunes, votre roman bordelais sur ces samedis, où vous étiez des cortèges et des défilés. Comment est né ce projet tout d’abord lisible sur les réseaux sociaux, avant de devenir un livre ?

Jean-Michel Devésa : L’universitaire et désormais le romancier n’ont jamais cessé d’agir en citoyen et en militant, et – pour m’exprimer selon la langue et la symbolique qui sont les miennes –, en camarade (sans carte ni organisation depuis des lunes). Cela étant, j’en viens sans plus tarder à votre question.

Les Corps insurgés, Boris Bergmann (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 05 Novembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Calmann-Lévy

Les Corps insurgés, Boris Bergmann, août 2020, 309 pages, 19,50 € Edition: Calmann-Lévy

 

« Il oublie son désir de courir parmi les arbres, ainsi que ses devoirs. Au lieu de balayer, il veut peindre. Au lieu de laver, il veut peindre. Au lieu d’apprendre les textes, il veut connaître les secrets des couleurs ».

Lorenzo

« La bande pratique la dérive, c’est pour eux la seule manière acceptable de se déplacer dans la ville. Depuis un point de départ, il faut se laisser guider par des événements totalement extérieurs et aller le plus loin possible, le plus profond sur la carte ».

Baptiste

« Assez simple, au demeurant : je ne m’écarte pas du chemin qu’elle a tracé pour mes doigts et ma langue, je répète, inlassable, le geste, et je pense au peintre italien dont j’ai oublié le nom qui lui ne tremble pas, malgré l’obscurité de sa chambre, lorsqu’il faut esquisser le trait le plus fin, le plus régulier ».

Tahar

Sur un nuage de terre ferme, José Tomás à Grenade le 22 juin 2019, Ernest Pignon-Ernest (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 22 Octobre 2020. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Arts, Espagne, Poésie

Sur un nuage de terre ferme, José Tomás à Grenade le 22 juin 2019, septembre 2020, trad. espagnol, Yves Lebas, 78 pages, 26 € . Ecrivain(s): André Velter et Ernest Pignon-Ernest Edition: Actes Sud

 

« Son art du toreo, miracle d’harmonie azurée, accomplit ce que les poètes, d’Arthur Rimbaud à Federico García Lorca, ont voulu ardemment convoquer : l’éternité ici et maintenant, fût-elle d’une précarité de cristal, comme l’avènement même du duende ».

Sur un nuage de terre ferme est un livre écrit et dessiné pour se souvenir, se souvenir sans nostalgie aucune de cette corrida du 22 juin, comme l’on se souvient d’une musique, d’un roman, que notre mémoire avive. Sur un nuage de terre ferme est un petit livre d’admiration, admiration partagée entre un poète et un peintre-dessinateur pour un torero unique, un matador éternel. Ses apparitions sont rares, Valence, Nîmes, Grenade, il devait revenir dans la cité gardoise en ce mois de septembre, mais le virus en a décidé autrement. A Nîmes le 16 septembre 2012, une éternité, il écrit son Temps retrouvé en solitaire. Nombreux furent les spectateurs présents ce dimanche midi à se dire qu’il ne servait à rien désormais de se rendre aux arènes, tout venait d’être dit, dans l’excellence du geste.

La Tannerie, Celia Levi (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 15 Octobre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Tristram

La Tannerie, Celia Levi, août 2020, 377 pages, 21,90 € Edition: Tristram

 

« Elle se posta près de la billetterie. La roulotte était bariolée, comme le décor du matin elle était faite de planches, jaunes et vertes, couvertes de mots dans toutes les langues. “Humanisme” en français, “tolerance” en anglais, “democracia” cela devait être de l’italien ou de l’espagnol, il y avait des caractères chinois, japonais, des mots en arabe, en russe, inscrits au pochoir ».

Celia Levi n’écrit pas au pochoir, mais dans une belle langue classique, où les mots sont pesés comme les orpailleurs le font de la poussière d’or. Une langue française qui recèle plus de surprises et de ravissements que les bavardages des personnages qu’elle met en musique. Et quelle admirable musique ! La Tannerie est un centre culturel de Pantin, où travaille Jeanne, une usine qui a perdu ses raisons, ses ouvriers, ses machines et s’est transformée en un lieu culturel branché, ouvert sur le monde, une ruche où s’agitent de jeunes gens modernes et inventifs. Jeanne y accompagne le public, des jeunes en insertion, y croise des migrants qui campent à deux pas de l’usine culturelle, des danseurs, des créateurs de formes (un ours, une tour Effel en sucre), et les autres employés provisoires, rêvant tous d’un contrat pérenne à la Tannerie, colportant des rumeurs, et jouant à se séduire, comme dans une fiction cinématographique d’Éric Rohmer.

Français langue morte, suivi de L’Anti-Millet, Richard Millet (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 07 Octobre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

Français langue morte, suivi de L’Anti-Millet, éditions Les Provinciales, mars 2020, 170 pages, 18 € . Ecrivain(s): Richard Millet

 

« Précarité orthographique, pauvreté lexicale, misère syntaxique, dénuement spirituel… » (Français langue morte).

« Ce n’est pas la langue française qui est ma patrie : ce sont plutôt le silence et la hauteur que j’établis en elle » (Français langue morte).

« Que j’aie été écrivain n’implique pas que je ne le sois plus, de même que la mort médiatique n’empêche pas de vivre dans le plein emploi du silence » (L’Anti-Millet).

Tout bascule en 2012 pour Richard Millet, lors de la publication de Langue fantôme, suivi de Éloge littéraire d’Anders Breivik (1) (Pierre-Guillaume Roux). Le livre suscite une vive polémique dans les colonnes du journal Le Monde, une polémique en forme d’exécution sans procès, avec un écrivain en l’habit de procureur, soutenu par nombre de professionnels de la profession, dont un futur prix Nobel de Littérature. Il est question d’un acte politiquement dangereux, d’une dérive étrange et très inquiétante.