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Articles taggés avec: Chauché Philippe

Un été à Miradour, Florence Delay (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 11 Mai 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Un été à Miradour, février 2021, 112 pages, 12 € . Ecrivain(s): Florence Delay Edition: Gallimard

 

« Aussitôt arrivés à Biarritz, ils se dirigent vers la plage du Miramar, plage sur laquelle donne l’ancienne villa Roussel, devenue villa Begoña. Haute villa à plusieurs étages reliés à l’extérieur par un escalier tournant, balcons tournés vers l’Océan, balustrades cintrées, tout semble danser ».

Un été à Miradour est le roman d’une famille, d’une tribu, d’une troupe, qui se retrouve pour quelques semaines dans cette maison, lumineusement baptisée Miradour. Une maison de famille, transmise de père en père, qui domine l’Adour de sa colline, qui a traversé le siècle et les passions, a fait sienne les joies et parfois les doutes, qui se sont glissés dans les chambres, sans jamais obliger ses pensionnaires d’un jour, d’un été, à se départir de leurs civilités et de leurs bonnes habitudes. Un été à Miradour de Paul, le père, l’homme des savoirs et des transmissions, qui a toute sa vie étudié la mémoire et les maladies mentales, et se penche désormais sur l’avant mémoire, celle des grands-parents. On y croise également Madeleine la mère, Madelou, grande lectrice d’Hölderlin, qu’elle traduit patiemment – « Penchée sur l’épaule de sa mère, Marianne voudrait bien l’aider mais elle est en terre inconnue ».

Dominique Preschez, 1954-2021 (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 06 Mai 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques

(Dessin/portrait de Jacques Cauda)


Disparition du musicien, compositeur et écrivain Dominique Preschez.

Il avait une première fois traversé la mort, frappé d’une mort clinique en 1992, suivie heureusement d’une résurrection à la vie, à l’écriture, à la musique.

« Les chemins de la nuit ont retrouvé les premiers jours de ta vie, s’il t’a semblé renaître chaque fois différent ; de sorte que s’accomplit alors, le retour à l’origine qui t’a remis à la disposition du Bien… » (Parlando).

Il publie son premier livre en 1979 aux Editions Seghers, un récit, A nouveau, les oiseaux ; puis il y aura des poèmes, des essais, des récits, et un livre d’aphorismes. Un nouveau livre est annoncé pour le mois de septembre chez Sinbad.

Il travaillait ses livres comme l’on s’applique à affûter une partition.

Sa musique était une résurrection, vivante, vivifiante, et d’une grande beauté.

Musicien/écrivain à l’immense culture, il semblait traverser les siècles de partitions et de livres/manuscrits, une oreille tendue comme un arc, une main agile qui battait la mesure, quand il écrivait.

http://dominiquepreschez.com/

Alegría, Manuel Vilas (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 29 Avril 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Espagne, Roman, Editions du Sous-Sol

Alegría, Editions du Sous-sol, janvier 2021, trad. espagnol, Isabelle Gugnon, 400 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Manuel Vilas Edition: Editions du Sous-Sol

 

« Je crois que pour la première fois j’ai contemplé la beauté de l’existence humaine, vu ce que cela signifiait d’exister, vu que j’existais, vu le vent, les arbres, je les ai tous vu exister. J’ai vu comment les pierres, les chemins, l’eau des rivières existaient ».

« Il faut toujours se préparer aux plus grosses déceptions qu’on puisse imaginer, au sein desquelles il faut laisser une place à la joie, oui, à la joie ».

Alegría, comme si nous chantions le bonheur de lire ce qui s’écrit dans la joie. Alegría, c’est cet instant final de la fiesta flamenca, ce fin de fiesta, qui est au flamenco, ce que la vuelta (1) est à la tauromachie, même joie partagée, mêmes frissons et même sentiment de joie partagé avec ce qu’il convient de retenue. Manuel Vilas transforme ce sentiment, cette Alegría, en un récit, une autobiographie où la langue se livre, comme se livrent ses souvenirs. Manuel Vilas poursuit une œuvre unique qui a débuté en traduction française avec Ordesa, chez le même éditeur et servi par la même traductrice (2). Alegría est le roman de la vie de l’écrivain qui se déroule sous nos yeux, entre Madrid, Barcelone, New York, Chicago, Barbastro, sa ville de naissance, où flamboie encore la flamme de ses parents.

Agent secret, Traits et Portraits, Philippe Sollers / Légende, Philippe Sollers (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 22 Avril 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Mercure de France, Roman, Gallimard

 

« Je suis très heureux d’être là, en cet instant précis, dans ce bureau, chez Gallimard, rue Gaston-Gallimard, livres, encore bleu, terrasse fleurie. Cette maison d’édition n’a pas d’équivalent au monde. Personne ne sait ce que je vais faire, je suis dans une liberté totale avec évidemment le fonds qui est là, qui bourdonne et continue à vivre, toutes ces voix splendides (Agent secret).

« Le classique est l’éternel retour, malgré la confusion la plus violente, de l’ordre, de la beauté, du luxe, du calme, de la volupté. L’enfer est moderne, le paradis est classique. Voilà la surprise de l’année 2020, c’est-à-dire, de l’An 132 dans l’ère du salut » (Légende).

Philippe Sollers possède l’art singulier du trait – un livre peut devenir une flèche –, et du portrait, cet art ancien où excellait Édouard Manet. Philippe Sollers se livre à l’autoportrait, celui d’un agent secret, autrement dit d’un écrivain en mouvement permanent, à la jeunesse bordelaise baignée de lumières, d’arbres, d’oiseaux, et de voix écrites. Si bien entendues, elles deviendront des vies divines : Ulysse, Nietzsche, Baudelaire, Watteau, Rimbaud, Cézanne, Proust, Poussin et Hölderlin, et n’en finissent pas de traverser les siècles.

Et la guerre est finie : Les Grands Express Européens, Kibboutz, The Great American Disaster, Nouvelles, Shmuel T. Meyer (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 08 Avril 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Et la guerre est finie : Les Grands Express Européens, Kibboutz, The Great American Disaster, Nouvelles, Shmuel T. Meyer, Les Editions Metropolis, mars 2021, le coffret, 444 pages, 30 €

 

« Les surprises entrent et ressortent par la porte. Il y a celles à qui l’on offre un rafraîchissement, puis un cœur, puis l’immense malheur engendré par l’absence » (51 rue Sholem Aleikh’em, Les Grands Express Européens).

« Jamais, mon amour, ma terre bien-aimée, je ne me suis senti plus confiant, faible et puissant, que lors des nuits d’été où tu m’accompagnais, répétant sur mes lèvres « homme libre enfin déraciné » (Avec la terre, Kibboutz).

« Il faut dans la vie des déclics, des concours de circonstances. Les fatalistes appelleront ça le hasard, les mystiques, la providence, moi j’appelle ça le Dibbouk, une obsession » (Saul’s Lament, The Great American Disaster).