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Des châteaux qui brûlent, Arno Bertina

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 15 Novembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Verticales, Roman

Des châteaux qui brûlent, août 2017, 424 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Arno Bertina Edition: Verticales

 

En soixante-treize stations, le roman de Bertina dépiaute au scalpel le monde d’un abattoir de volailles, à l’heure où les bilans économiques sont désastreux, à l’heure où le secrétaire d’Etat, invité pour évoquer la chose avec les ouvriers, se fait tout simplement séquestrer.

Le temps d’une semaine d’occupation des lieux, les salariés, le secrétaire d’Etat, l’assistante du ministre, le préfet, son conseiller, les membres du GIGN, exposent points de vue, réactions, installent dans les lieux occupés une « autre vie », un autre rythme.

Pour asseoir une narration complexe, autour d’une douzaine d’intervenants (Pascal Montville, le séquestré ; Gérard, Christiane, Hamed, Sylvaine, Witek, etc., salariés ; Céline Aberkane, conseillère du ministre), narrateurs d’une portion de temps et d’espace, l’auteur a pris le risque d’émietter la vision mais a peut-être enlevé la mise d’une exploration minutieuse, chorale et multiple de situations sociales toujours près d’être agressives, explosives.

Contes, fables et autres fictions, Fernando Pessoa

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 09 Novembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Langue portugaise, Poésie, Editions de la Différence

Contes, fables et autres fictions, janvier 2017, trad. portugais Parcidio Gonçalves, Préface Teresa Rita Lopes, 192 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Fernando Pessoa Edition: Editions de la Différence

 

En vingt pages de préface, Teresa Rita Lopes, spécialiste pessoenne du monde étrange des 72 hétéronymes et de la fameuse « malle » aux 27.000 manuscrits, pose les enjeux, limites et intérêts de ces contes « éparpillés sur des feuilles volantes ». Pessoa rédigea, dit-elle, nombre de récits policiers, il lisait Poe, se le trouvait comme modèle à sa propre écriture.

Vingt-deux textes regroupés en six sections (Paradoxes, Fables, Horreur et mystère, Compassion, Lettres sans destinataire, Conseils) révèlent certaines qualités que les livres majeurs n’ont pas toujours montrées : une certaine qualité d’humour noir, assez british, un souci de dialogues, une intimité avec les aspects ésotériques d’un parcours bien étrange…

Bien sûr, on est assez loin ici de la splendeur mélancolique des pages sans cesse ajoutées du Livre de l’intranquillité ou des poèmes qui ont fait la réputation de l’écrivain orthonyme et de ses principaux hétéronymes.

Les proses, recueillies dans le présent volume, sont des blocs compacts, lisibles pour eux seuls, d’écritures diverses, de thématiques plurielles également.

Le goût du Portugal, collectif

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 31 Octobre 2017. , dans La Une Livres, Anthologie, Les Livres, Critiques, Mercure de France

Le goût du Portugal, collectif, mai 2017, 126 pages, 8 € Edition: Mercure de France

 

De la petite collection érudite qui donne « le goût » des choses variées (café, Afrique, et autres merveilles), ce volume présenté par Jacques Barozzi et qui en a établi les textes d’anthologie.

Le même principe préside : faire connaître par le biais de textes d’auteurs de différentes périodes, et forcément, il s’élève de l’ensemble une sorte de charme imparable, puisqu’on est entré comme par effraction douce dans l’intime connaissance, ici, d’un pays.

Le Portugal, ce n’est pas certes seulement Monsieur Personne, Fernando Pessoa, toute une littérature à lui seul (selon le mot de Bianciotti), et en dépit du grand rayonnement de l’auteur à hétéronymes multiples (72 selon la spécialiste Teresa Lopez), il reste que de nombreux écrivains de grande qualité diffusent eux aussi une manière d’éclat sur ce petit pays, à la culture riche et féconde.

Pic, Jack Kerouac

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 27 Octobre 2017. , dans La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, Roman, USA

Pic, mai 2017, trad. anglais (USA) Christophe Mercier, 144 pages, 5,90 € . Ecrivain(s): Jack Kerouac Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Ce dernier et bref roman de l’auteur célébré de la Beat Generation, publié la première fois en anglais en 1971, trouve ici, grâce à la traduction de Christophe Mercier, une nouvelle chance de se faire connaître. Le titre, certes, est loin de l’importance de Sur la route, Le rouleau original, ou de Big Sur. On retrouve néanmoins sous la plume de Kerouac quelques obsessions musicales ou thématiques (la route, la ferveur pour les déclassés, l’ambiance de villes nocturnes…).

L’histoire de ces deux frères, Slim, le grand, amateur de jazz et musicien lui-même, et Pic(torial Review Jackson), entre Caroline du nord qu’ils quittent après la mort de Grand P’pa et un passage éclair chez Tante Gastonia et New-York, prend très vite l’allure et le rythme d’un road movie, que la langue d’un enfant d’une dizaine d’années relate avec ses déformations, ses raccourcis. Pic s’émerveille de ce grand frère prêt à lui faire découvrir la très grande ville, New-York, sa petite amie Sheila.

La fille à histoires, Irène Frain

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 18 Octobre 2017. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, Seuil

La fille à histoires, septembre 2017, 272 pages, 18 € . Ecrivain(s): Irène Frain Edition: Seuil

 

En quarante-deux chapitres, la romancière livre au lecteur sa vérité, à l’âge où l’enfance décante de toutes ses frayeurs ou autres blessures.

Comme dans Sorti de rien (Seuil, 2013), le récit creuse les matières natales, toutes de Bretagne et de familles marquées par les origines.

Quand un livre, cette Fille à histoires, pousse à relire ce beau Sorti de rien, c’est que le miracle de l’écriture authentique agit, donne du prix à ce qui s’est écrit, dans la même qualité d’atmosphère, de racines familiales et de parfum d’une époque révolue.

L’après-guerre a marqué les familles. De là ont surgi tant d’étroites vies, mesurées à l’aune des besoins immenses, des soucis d’argent, du manque de logements. Quand le n°3 d’une famille, Irène, naît, c’est au plus mauvais moment pour cette mère qui avait le projet de « faire bâtir » pour échapper à l’étriqué logement où ils logeaient, son mari, elle et ses deux premières filles, trente-cinq mètres carrés, avec la promiscuité des voisins, le WC à partager, etc.