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Le Coq de Renato Caccioppoli, Jean-Noël Schifano

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 25 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Le Coq de Renato Caccioppoli, avril 2018, 104 pages, 10 € . Ecrivain(s): Jean-Noël Schifano Edition: Gallimard

 

Rien de Naples ne lui est étranger.

Schifano, né en 1944 ou 1947, selon les sources, et ce mystère est bien dans la nature du bonhomme devenu Napolitain, citoyen d’honneur du Vomero et des alentours (c’est moi qui me moque), a consacré à « sa » ville adorée une bonne dizaine d’ouvrages depuis l’inaugural de 1981, Naples, essai, paru au Seuil. Depuis, la mer baigne toujours Naples (pour reprendre un beau titre d’Ortese) et l’eau littéraire a coulé sous les doigts de Giannatale comme l’appelait familièrement la Morante. De Chroniques napolitaines (I, 1984) à ce Coq de Renato Caccioppoli (2018) : que de chemin parcouru par le Directeur de l’Institut italien de Naples (Il Grenoble), devenu directeur de collection chez Gallimard, de tout temps traducteur de l’italien (Morante et Eco, surtout).

Elsa Morante Une vie pour la littérature, René de Ceccatty, par Philippe Leuckx

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 18 Mai 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Elsa Morante Une vie pour la littérature, René de Ceccatty, Tallandier, mars 2018, 432 pages, 21,90 €

 

Cette première biographie francophone consacrée à l’immense romancière italienne, Elsa Morante, née en 1912, décédée en 1985, est d’abord un magnifique portrait d’une femme hors norme, dans le privé comme dans le domaine littéraire. Rebelle, instinctive, intellectuelle, prête à tous les changements, prompte au travail de fond qui consiste pour elle à creuser la voie unique de son talent sur de longues distances et dans une ampleur romanesque et poétique peu commune. Si ses origines paternelles restent un mystère pas entièrement levé, sa vie est en soi un véritable roman de rencontres, de départs, de relances, de piétinements, de retours : la foi en l’écriture a sûrement été le tremplin idéal pour qui a connu de nombreuses déroutes sentimentales, affectives, amicales, en dépit d’un tempérament qui l’agrégeait aisément à nombre de groupes d’intellectuels, d’artistes, de jeunes surtout, et essentiellement homosexuels. Femme, elle s’est entourée d’homosexuels, « pour être la seule femme » du groupe. Elle a connu des passions pour certains d’entre eux : le peintre américain Bill Morrow, Luchino Visconti. Longtemps épouse d’Alberto Moravia, Elsa décida de rompre après une vingtaine d’années, sans pour autant cesser de le voir ou de lui écrire.

Sens Averse, Valérie Rouzeau, par Philippe Leuckx

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 11 Mai 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Sens Averse, Valérie Rouzeau, La Table Ronde, mars 2018, 144 pages, 16 €

 

Rivalisant d’inventivité, d’espièglerie, récrivant la langue à coups de verheggenades (style folies belgères), Valérie Rouzeau apporte un vent de fraîcheur dans un genre toujours près de sombrer soit dans l’hermétisme hautain soit dans les poncifs pas si souverains que ça ! Il y faut de la légèreté, et du bagout, et de l’audace, et bien de la grâce, pour éviter tous les écueils dans ce recueil, plus de 110 poèmes tout de même, jamais répétitifs, mais qui creusent leur sillon original : dire le monde d’aujourd’hui dans un répertoire de manies, de travers, de choses imposées, de trucs, de réseaux, de mondes qui tournent vraiment mal !

Oui, Madame, le monde va plutôt mal, alors, jouez muscade, passez poème, semblent dire ces textes enchanteurs d’une Valérie qui réagit et agi(te)poème au quart de tour. En la lisant, en la copiant, ceci me venait à l’esprit, calembour à peine piqué des vers : « Le viticulteur content a prêté sarment » ou « Il n’est pas à prendre avec des princesses ».

L’Au-delà du monde, Brigitte Maillard

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 30 Avril 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

L’Au-delà du monde, Librairie Galerie Racine, 2017, 50 pages (belle photo d’une Tête de jeune Bigoudène par l’auteure), 15 € . Ecrivain(s): Brigitte Maillard

 

 

« Attendre le monde », « porter le soir », « allez » : une poésie revitalisante qui s’énonce là. Les impératifs suivent et enjoignent à l’activité, celle de l’esprit, celle du corps : INVENTE-TOI !

« Le temps est une histoire

(entre nous)

un déplacement de vent »

Laisse monter ce chant de mémoire

(…)

Le goût de Tokyo, Michaël Ferrier

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 18 Avril 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Mercure de France, Voyages

Le goût de Tokyo, novembre 2017, 128 pages, 8 € . Ecrivain(s): Michaël Ferrier Edition: Mercure de France

 

Dans l’esprit de la série qui souhaite donner goût et envie pour des centaines de lieux, thèmes, pratiques, objets divers, ce petit volume de Ferrier, victime consentante de « la tentation du Japon » (j’emprunte des bribes de l’un de ses titres), arrive à donner de la ville tentaculaire, moderniste et tout à la fois provinciale en diable par ses quartiers décentrés et/ou oubliés, une vision qui ne se réduise pas à la seule fréquentation par des notables de notre culture occidentale, toujours enclins à ne voir dans ce qui est loin qu’une part un peu trop évidente d’exotisme. Bien sûr, Ferrier convie des pointures aptes à nous guider, pas seulement en cicérones avertis mais en spécialistes des usages, des us et des signes (Lévi-Strauss, Barthes…). Des chapitres nous chapitrent subtilement sur ce qu’il ne s’agit pas de penser un peu niaisement de ce monde lointain : tout est différent sous le soleil nippon jusqu’aux adresses ignorées. Pas de numérotation à la belge ou à la française mais un sens assez étrange du cadastre urbain, pour des facteurs/factrices qui s’y retrouvent comme poissons à la mer !