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Articles taggés avec: Leuckx Philippe

La Vie éternelle, Dominique Sampiero (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 29 Août 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

La Vie éternelle, Dominique Sampiero, Le Taillis pré, 2025, 190 p., 18 euros.

 

Écrire un livre, c'est sans doute agencer un portrait, ajuster une vision, laisser quelques traces de vie.

Sampiero, dans ce livre très architecturé, s'adonne au plaisir d'écrire LA VIE, celle d'un village, celle d'un ami Yves, celle de tous les "gens de la fenêtre" qu'il décrit comme des présences familières, importantes, d'un passé qu'il s'agit de rameuter.

Les poèmes en prose coulent ici comme fontaines de sens : le portrait de l'ami, voisin, serviable, au plus près d'une nature de jardins et de chevreuils, résonne comme la vie pauvre à sauvegarder en dépit de tout, du temps qui ronge, de la solitude à soigner.

Proche à mon sens des univers de Dhôtel l'admirable et du remarquable Bouysse, Dominique Sampiero réussit le miracle de donner vie au peu qui brille dans la nasse des choses recueillies, "l'âme des flaques, qui, en un seul regard, capturent les averses, les nuages, les merles".

Cette rive, Pierre Maubé (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 22 Août 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions

Cette rive, Pierre Maubé, Les Cahiers d'Illador, 2025, 82 p., 16 euros.

 

Le poète consacre "Cette rive" aux prestiges de l'amour. Dans des poèmes classiques, vivement rythmés, le poète vouvoie l'aimée, effet de distance, à l'aune de " cette rive" qui marque l'absence, le temps écoulé, l'autre temps, celui des effusions, sans doute.

Les vers, que l'usage de l'anaphore assez souvent fluidifie, sont là, écrits pour que cet amour fini, honoré, transposé, récrit, puisse durer encore en poésie.

Ici, on rend hommage aux beautés perdues, où il s'agit de "chercher son chemin", où, devenus "aveugles" les amants "suivent/ le chemin de l'étoile".

Alors, le soir "venant", la nuit, il faut recréer la magie pour que "la lumière" revienne "à travers nous".

Monsieur Miroir, La vie extravagante de Serge Tamagnot, René de Ceccatty (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 15 Mai 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie

Monsieur Miroir, La vie extravagante de Serge Tamagnot, René de Ceccatty, éditions du canoë, mars 2025, 400 pages, 22 € . Ecrivain(s): René de Ceccatty

 

Biographe réputé de grands écrivains (Leduc, Pasolini, Morante), René de Ceccatty s’est penché cette fois sur la figure d’un ami artiste, photographe, collagiste, proche des célébrités, chasseur émérite d’autographes, passionné d’art et de littérature, admirateur de Violette Leduc et de Jean Sénac.

Il est pourtant si difficile de résumer une vie, sinon de l’éclairer, encore plus de la nuancer comme s’il s’agissait d’y donner les couleurs les plus exactes.

C’est à cette tâche quasi impossible que s’est attelé René de Ceccatty, fouillant au plus près les divers épisodes d’une vie « extravagante », complexe, plurielle, tissée de mille et une rencontres fortuites, désirées, réitérées.

Né en 1932, décédé en plein covid 19, en 2022.

Quand s’arrêtent les larmes, Jean-Noël Pancrazi (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 29 Avril 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits, Gallimard

Quand s’arrêtent les larmes, Jean-Noël Pancrazi, Gallimard, Coll. Blanche ? mars 2025, 128 pages, 17 € Edition: Gallimard

 

Fidèle comme Bianciotti et de Ceccatty à une littérature de compassion, le romancier des Quartiers d’hiver renouvelle ici, en une prose très composée, proustienne, le miracle des récits attentifs aux siens. Jadis, ce fut pour rendre hommage à « Madame Arnoul » ou à sa mère « Renée Camps » ou encore à son éditrice si tôt disparue. Aujourd’hui, c’est à Isabelle, sa sœur, soignée pour un cancer que tout un livre est consacré.

C’est l’occasion pour lui de restituer les moments passés durant l’enfance algérienne avant l’exil pour la France et la région de Perpignan.

Des pans d’un passé très riche en souvenirs qui se mêlent à un présent préoccupant, où la maladie tient la plus grande place.

Lui-même, plusieurs années plus tôt, a été gravement malade et hospitalisé à Cognacq-Jay.

Jacaranda, Gaël Faye (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 21 Mars 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Grasset

Jacaranda, Gaël Faye, Grasset, août 2024, 286 pages, 20,90 € Edition: Grasset

 

L’arbre Jacaranda peut sembler symbolique d’un faisceau d’événements : il est à coup sûr le symbole de l’arbre généalogique sous lequel s’abrite l’une des voix de cette histoire, Stella, étoile sous l’arbre de la tradition, image même du sacré bafoué par le massacre de 1994.

Sur fond de génocide au Rwanda, le personnage principal du roman, Milan, narrateur des faits, explore sur le long cours de 1998 à 2020 ses rapports à la fois complexes et clairs avec le pays d’origine, ses parents, sa famille de là-bas.

Les divers voyages à Kigali ou ailleurs lui ont permis de revoir une partie de sa famille, la mère de sa mère, des amis, et même d’avoir l’occasion de se donner un oncle dont il ignorait tout, Claude.

Cherchant à finaliser une thèse sur le génocide, Milan part à la fois pour se retrouver, et pour tenter de comprendre l’insupportable, l’inénarrable dans la souffrance des victimes.