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Articles taggés avec: Dutigny/Elsa Catherine

Tuez qui vous voulez, Olivier Barde-Cabuçon

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 17 Février 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Actes Noirs (Actes Sud), Polars, Roman

Tuez qui vous voulez, une enquête du commissaire aux morts étranges, février 2014, 384 p. 22,90 euros . Ecrivain(s): Olivier Barde-Cabuçon Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Troisième volet des enquêtes de Volnay, le commissaire aux morts étranges, Tuez qui vous voulez plonge le lecteur à la veille de Noël 1759 dans un Paris trouble, partagé entre l’excitation des fêtes données par Louis XV, les remous subversifs politico-religieux des convulsionnaires, héritiers des jansénistes, les intrigues, les luttes intestines entre les services de police, les Affaires étrangères et le Secret du Roi, avec d’un côté Sartine, le duc de Choiseul, et de l’autre le Chevalier d’Éon et la tentative de résurrection par un inconnu d’une fête moyenâgeuse transgressive : la fête des fous.

Autant d’ingrédients sulfureux, propres à brouiller les pistes pour brosser le portrait d’une capitale à deux doigts de l’implosion.

«La semaine dernière reprit Sartine d’une voix sourde, nous avons connu une émeute. Un laquais avait dit des sottises à ses maîtres. Pour le punir, on le condamna à être exposé en public au carcan avant d’être conduit en prison au Châtelet. On n’eut pas le temps de planter le poteau du carcan que la populace s’en émut, balaya les rangs des archers du guet et brisa le poteau. Les archers durent tirer, faisant plusieurs morts. Le quartier est resté en ébullition jusqu’à la nuit malgré les renforts envoyés sur place. »

Beau Repaire, Jacques Higelin reçoit. Livre-CD, collectif

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 27 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Arts

Beau Repaire, Sony Music Entertainement, distribué par Actes Sud, novembre 2013, 151 pages, 25 € Edition: Actes Sud

 

L’idée de départ était simple : donner carte blanche à une dizaine d’auteurs pour illustrer, chacun à sa manière, avec une totale liberté dans le choix et dans la forme, l’un des douze morceaux du dernier album de Jacques Higelin, Beau Repaire, dans un livre-CD.

Pour ce faire, Jacques Higelin reçoit dans son antre musical et littéraire Olivier Adam, Tonito Benacquista, Jacques A. Bertrand, Didier Daeninckx, Agnès Desarthe, Arthur Dreyfus, Brigitte Fontaine, Jérôme Garcin, Brigitte Giraud, Valentine Goby, François Morel, Atiq Rahimi, Sylvain Tesson et Nadine Trintignant. Quatorze auteurs pour douze chansons, inutile de chercher l’erreur… la liberté préside à ce recueil ; c’est précisé dès l’introduction. Liberté, amitié, complicité, admiration qui lient et soudent chacun d’entre eux, toutes générations et toutes sensibilités confondues, au grand Jacques.

Le résultat est, comme l’indique Clémentine Deroudille, journaliste et productrice à l’origine avec Nicolas Renault du projet, « un kaléidoscope littéraire foisonnant et démultiplié ».

Feuilletons ensemble les pages de cet ouvrage.

Encore cinq minutes Mariá, Pablo Ramos

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 20 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Métailié

Encore cinq minutes Mariá, traduit de l’espagnol (Argentine) par Bernardo Toro, octobre 2013, 160 pages, 17 € . Ecrivain(s): Pablo Ramos Edition: Métailié

 

Encore cinq minutes… c’est le délai que s’accorde Mariá… là, dans son lit, quelque part dans la banlieue de Buenos Aires, avant que l’aube ne pointe ses pâles lueurs et que le train-train de sa vie ordinaire ne reprenne ses droits ; cinq minutes qui vont se renouveler au fur et à mesure que Mariá, soixante ans, entrouvre les pages de sa mémoire à ce que fut son existence, son parcours d’épouse et de mère. À ses côtés, « cet homme  qui ne se réveille jamais, même si un train lui passait dessus, il continuerait à dormir ». Et dans ce rêve éveillé qui n’en finit pas, dans cette petite chambre sans fenêtre, la voix de Gabriel, l’un des enfants, sans doute le plus chéri « – Et toi, même morte, tu continuerais à exécuter ses ordres maman ».

Cinq minutes… notion du temps qui se délite et un mélimélo de souvenirs… qui, peu à peu et dans un désordre chronologique comme il sied aux divagations nocturnes, brosse le portrait d’une femme qui sous l’apparente banalité d’une vie dédiée au quotidien des tâches ménagères, à la soumission à un homme travailleur, mais parfois violent, à l’éducation de quatre enfants, affectueux mais également rebelles ou suicidaires et dont les relations avec le père sont minées par le silence et l’incompréhension, a vécu aux frontières d’une vie qui aurait pu être radicalement différente.

African Tabloïd, Janis Otsiemi

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 03 Décembre 2013. , dans La Une Livres, Afrique, Les Livres, Critiques, Polars, Roman, Jigal

African Tabloïd, septembre 2013, 208 pages, 16,80 € . Ecrivain(s): Janis Otsiemi Edition: Jigal

 

Le titre du roman est à la hauteur de l’humour de son auteur. Si Janis Otseimi a sans nul doute une profonde admiration pour l’œuvre de James Ellroy, African Tabloïd n’est certes pas l’équivalent d’American Tabloïd, si ce n’est par l’effet d’une profonde dérision, voire de l’autodérision.

Nous sommes à Libreville, capitale du Gabon, ville opulente en façade, avec ses immeubles de verre et de marbre, mais qui abrite à sa périphérie « des agglomérations hétéroclites, des bidonvilles marécageux, infestés de rats et de moustiques ». Dans cette ville cosmopolite, dans un pays où se côtoient, sans pour autant s’entendre, au sens propre comme au figuré, près de 50 ethnies aux dialectes différents, policiers et gendarmes vont enquêter sur une série de délits et de crimes qui permettent à Janis Otsiemi d’illustrer avec une verve réjouissante quelques uns des maux qui rongent l’ancienne colonie française d’Afrique subsaharienne.

Au menu : corruption des forces de l’ordre, exécution d’un journaliste d’investigation dans un pays où la presse est à la solde du gouvernement, pédophilie et trafic de médicaments, inefficacité de l’administration dépourvue de méthodes et de moyens matériels et financiers, intrusion du pouvoir en place dans les enquêtes et collusions liées au népotisme…

Contrebande, Enrique Serpa

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 20 Novembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Zulma

Contrebande, traduit de l’espagnol (Cuba) par Claude Fell, septembre 2013, 288 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): Enrique Serpa Edition: Zulma

Contrebande est le premier roman majeur de l’écrivain journaliste cubain Enrique Serpa, après le texte Felisa y yo, écrit à l’âge de 25 ans et publié en 1925. L’action du roman se situe à Cuba dans les années 20 au moment où la prohibition est promulguée aux Etats-Unis qui dans le même temps établissent des restrictions migratoires. La situation économique de l’île est catastrophique pour les paysans avec la chute du cours du sucre et pour les pêcheurs confrontés à une concurrence nord-américaine implacable. Le narrateur, propriétaire et armateur de trois bateaux de pêche, voit sa vie basculer dans l’illégalité, lorsque son capitaine de bord, surnommé Requin, patron de la goélette La Buena Ventura, tente de le convaincre d’abandonner son activité suite à l’effondrement du cours du mérou, pour se lancer dans un business beaucoup plus lucratif, la contrebande d’alcool en direction de l’Amérique.

Roman d’aventures ? pas vraiment… Sur une trame romanesque qui aurait pu verser dans l’exotisme, l’auteur prend délibérément le parti, tout au long des 288 pages, au gré d’un monologue intérieur ponctué de dialogues criants de vérité, de disséquer l’ambivalence de son héros et narrateur, d’en faire la pierre angulaire d’un récit d’hommes pétris de contradictions qui vont se jauger, s’affronter, pactiser ou se mépriser dans l’ambiance délétère d’une île où règnent et se côtoient misère sordide et scandaleuse richesse.