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Articles taggés avec: Dutigny/Elsa Catherine

Hôtel du Grand Cerf, Franz Bartelt

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 07 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Seuil

Hôtel du Grand Cerf, avril 2017, 352 pages, 20 € . Ecrivain(s): Franz Bartelt Edition: Seuil

 

Sans ôter une once d’originalité au dernier roman noir de Franz Bartelt, force est de constater que ce texte relève en partie d’un croisement subtil et efficace, et pas forcément involontaire, entre la plume de Georges Simenon et celle de Frédéric Dard.

Des Maigret, on retrouve la capacité de l’auteur à dresser le portrait au scalpel d’une petite ville de province, ici Reugny dans les Ardennes belges, avec son atmosphère étouffante, ses secrets enfouis, ses haines, ses personnages ambigus et ses taiseux.

Des San-Antonio, surgit le personnage principal, l’inspecteur Vertigo Kulbertus, dont le physique et la personnalité sont d’origine typiquement bérurienne.

« L’inspecteur Vertigo Kulbertus constituait à lui seul, du moins en volume, la moitié des effectifs de la police belge » (p.57).

Bobby Beausoleil et autres anges cruels, Fabrice Gaignault

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 03 Mai 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Séguier

Bobby Beausoleil et autres anges cruels, avril 2017, 232 pages, 20 € . Ecrivain(s): Fabrice Gaignault Edition: Séguier

 

 

San Francisco, le 27 juillet 1969, Gary Hinman, pacifiste bouddhiste, professeur de musique, à l’occasion dealer de drogue, succombe sous les coups de couteau de Bobby Beausoleil. Un fait divers sordide qui aurait pu rapidement tomber dans l’oubli si la personnalité du meurtrier et ses relations amicales ne lui avaient donné une « aura » maléfique.

Bobby Beausoleil, en cette fin des années 60, fait partie de ces innombrables musiciens errant de Los Angeles à San Francisco en quête de gloire, une guitare en bandoulière, un haut de forme vissé sur la tête, un chien blanc au bout d’une laisse. Beau, arrogant, hâbleur, il « jamme » avec quelques-unes des stars du rock, rêve de monter un groupe et fréquente un certain James Manson ainsi que sa « Famille ». Une histoire de Sex, Drugs and Rock and Roll qui va virer au cauchemar.

La nuit myope, A.D.G

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 18 Avril 2017. , dans La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, Roman

La nuit myope, mars 2017, 112 pages, 5,90 euros . Ecrivain(s): A.D.G. Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

Sur la présentation de sa page facebook, La petite vermillon annonce sa ligne éditoriale ainsi : « Exigeante et frondeuse, la petite vermillon, collection de poche de La Table Ronde, arpente depuis quinze ans, sans préjugés ni exclusive, tous les champs de la littérature et des sciences humaines ».

Exigeante, frondeuse et sans préjugés sont autant de qualités qui cadrent à la perfection avec la nouvelle publication de l’un des romans – ici plutôt une novella – d’A.D.G., La nuit myope, publié en 1981 aux Éditions Balland, puis réédité en 2003 chez Durante Éditions.

L’auteur de romans policiers qui en 2003 à la sortie de son livre Kangouroad Movie déclarait selon l’article de Bruno Icher dans Libération du 15 mai 2003 : « J’avais très mal pris de ne pas être réédité pour le cinquantenaire de la Série Noire, moi, un des seuls auteurs à lui être toujours resté fidèle. Alors, parano aidant, j’ai décidé de fabriquer une supercherie : un polar australien, traduit par mes soins. Comme ça, pour les emmerder », retrouve par l’intermédiaire de La Table Ronde une place de choix chez Gallimard. Par l’intermédiaire également et surtout de l’écrivain Jérôme Leroy, auteur de la quatrième de couverture, auquel La petite vermillon a donné « carte noire » pour la réédition de ses coups de cœurs.

Du couvent au bordel, Mots du joli monde, Claudine Brécourt-Villars

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 31 Mars 2017. , dans La Une Livres, Anthologie, Les Livres, Critiques, La Table Ronde

Du couvent au bordel, Mots du joli monde, janvier 2017, 288 pages, 22 € . Ecrivain(s): Claudine Brécourt-Villars Edition: La Table Ronde

 

Feuilleter le glossaire de Claudine Brécourt-Villars, c’est effeuiller les pages de plus de six siècles de littérature à la recherche des termes qui ont décrit le monde des prostituées et de la pègre, c’est découvrir ou redécouvrir des pans entiers de romans, chansons, poèmes, lettres, qui peu à peu ont fait entrer ce vocabulaire pittoresque dans le langage courant à moins qu’il ne soit resté caché, telle une friandise, dans des textes d’auteurs parfois oubliés. Des mots également ignorés de bon nombre de dictionnaires dits spécialisés qui retrouvent ici une seconde jeunesse.

Ce livre, haut en couleur, est un petit bijou tant par sa présentation originale et précieuse que par le soin pris par Claudine Brécourt-Villars à illustrer chaque entrée – on en dénombre 204 – de longues citations d’environ 245 auteurs.

L’ouvrage invite le lecteur à un voyage en terres de filles de joie tout autant qu’à une immersion en une littérature qui a priori n’a rien de polissonne. On y côtoiera en effet, au gré des paragraphes entiers retranscrits dans les pages, aussi bien Montaigne, Gérard de Nerval, Louis-Ferdinand Céline, Jean-Paul Sartre, Marcel Proust, Verlaine, Zola que Régine Deforges, George Sand, Colette, Françoise Mallet-Joris ou Virginie Despentes, pour ne citer que ceux-ci.

Une histoire de mauvaise conscience ?, par Catherine Dutigny

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Jeudi, 23 Février 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Depuis quelques jours, pour être précise depuis le passage de Mehdi Meklat dans l’émission La Grande Librairie présentée par François Busnel, la presse, les réseaux sociaux ne parlent que du « cas » Meklat. Un jeune homme de 24 ans qui présentait ce jour-là avec son co-auteur Badroudine Said Abdallah leur second livre, Minute, publié par Le Seuil. Une exposition médiatique qui fit resurgir, par le biais d’alertes postées immédiatement, la face plus ou moins cachée de Mehdi Meklat qui, sur Twitter et sous le pseudonyme de Marcelin Deschamps (clin d’œil à Marcel Duchamp selon Mehdi) pendant de longues années, inonda son profil de tweets racistes, homophobes, antisémites etc. Il est facile de se documenter sur Internet pour en retrouver les traces.

L’« affaire » Mehdi Meklat met le projecteur sur la complaisance avec laquelle les médias de toutes sortes comme Le Monde, en passant par France Culture, les Inrocks, Libé, Radio France, Arte, ou le Bondy Blog ont pu « ignorer » pendant des années le double diabolique de Mehdi Meklat, mais aussi comment les jugements, prix et critiques littéraires peuvent être affectés d’un syndrome équivalent. Dans le cas de Mehdi Meklat, Laurent Bouvet, dont je ne partage pas toujours les analyses, loin de là, fait une lecture assez crédible du phénomène dans un article publié dans le Figaro.fr, le 21 février 2017 :