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Articles taggés avec: Gavard-Perret Jean-Paul

Spécial Silvaine Arabo, Collectif (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 27 Mai 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Revues, Encres vives

Spécial Silvaine Arabo, Collectif (Michel Host et all), 489ème Encres Vives, mai 2019, 16 pages, 6,10 € Edition: Encres vives

 

Michel Host et ses confrères prouvent qu’on se tromperait lourdement en limitant l’œuvre poétique et picturale de Silvaine Arabo à la description ou à l’évocation d’évènements ou de lieux qui renverraient simplement à la biographie de la poétesse de Charente. Pourrait-on même en parler au titre de matériau de base ? Ce palimpseste ne remplit-il pas plutôt avec ce qu’il dévoile l’office d’éléments déclencheurs ? Car plus que d’un « esto memor » (je me souviens), il s’agit de la déstructuration de la réalité vue et éprouvée au profit de la re-création par le verbe et par-delà l’absence d’un asile de légendes à la lisière d’un temps passé et afin de fomenter avec lui des « épousailles tendres » là où

« les glaçons charrient

l’eau des étangs. Sous la lune

(d’)une aube attentive »

Le Nouveau Féminisme, Barbara Polla (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 24 Mai 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Odile Jacob

Le Nouveau Féminisme, mai 2019, 272 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Barbara Polla Edition: Odile Jacob

 

Libre, indépendante, boulimique, Barbara Polla ose transgresser les lignes de partage. C’est sa manière d’aborder le politique et le féminisme pour en dégager certaines limites et normes. Elle aboutit à une distillation d’écriture qui dépasse les frontières classiques de la rationalité discursive qui engendre des schémas trompeurs car réducteurs.

L’auteure aborde donc les féminismes en dépassant effrontément les barrages qu’ils dressent. Dans son travail de synthèse, Barbara Polla trouve de nouvelles voix vers la paix des genres à travers les ambitions affichées des nouveaux mouvements (pro-choix, pro-désir, intersectionnel, LGBTQI, écoféminisme, antispéciste, etc.). Chaque fois elle montre les ambitions et les risques de tels mouvements pour ouvrir leurs possibilités plutôt que de les fermer à des fins de non-recevoir.

Ovaine, La Saga, Tristan Felix (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 06 Mai 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Tinbad

Ovaine, La Saga, avril 2019, 228 pages, 23 € . Ecrivain(s): Tristan Felix Edition: Tinbad

Les folles aventures d’Ovaine

Les aventures d’Ovaine avancent d’elles-mêmes ou plutôt à coups de l’imaginaire hors prix d’une auteure dont l’industrie de faux s’organise en vol d’étourneaux. Ces oiseaux ne sont pas les seuls : le chant ou la fable s’organise (entre autres) comme un bestiaire là où tout avance staccato et sprezzatura.

Monté chronologiquement, ce roman (mais est-ce le bon mot même s’il est ici revendiqué comme tel ?) crée une étrange humanité. Dans chaque moment, Tristan Felix ne rate jamais sa cible là où est pourtant tout affaire de segmentions et biffures joyeuses.

Séquences par séquences, temps par temps, s’inscrit non une vie mais sa multiplicité de postulations en rafales et éclairs fulgurants. D’où la renaissance perpétuelle d’Ovaine en ses métamorphoses. Ovide et Cervantès ne sont jamais loin. Kafka non plus (et paradoxalement). Mais un Kafka enjoué et excité et qui passerait outre la majesté de l’autorité. Ovaine est ici fêtée et autoproclamée dans une frénésie vitale et jubilatoire qui repose autant en harmoniques qu’en dissonances.

Poésie sur Place, Christian Prigent (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 29 Avril 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Poésie sur Place, Presses du réel, coll. Al Dante, mars 2019, 112 pages, 18 € . Ecrivain(s): Christian Prigent

 

En un nécessaire transfuge de la « matière » où un glissement a lieu loin des mots poussiéreux, Christian Prigent ose soudainement et volontairement les vocables salis, baveux, merdeux au besoin. Le lecteur ou auditeur (puisque le livre est accompagné d’un CD) est pris de panique dans cette montagne de mots, ne capitalise plus rien.

L’auteur se laisse aller au pur plaisir d’un corpus qui ne répond pas à la simple curiosité du visible, du lisible, mais au désir de voir ce qui est absence, manque, ombre, voir non seulement le souffle mais la défécation comme il le rappelle dans un des textes : L’écrit, le caca, tiré de sa revue TXT n°10.

L’énumération, la répétition, la scansion ouvrent à une danse qui fait sauter les verrous du monde et du corps. Lire ou entendre n’est plus saisir, appréhender, c’est se laisser envahir par un flux auquel le poète donne « corps » pour offrir au « spectrateur » un état d’éveil au moment où la matière verbale devient ce que Beckett nomma du beau nom de « foirades »…

Spirales vagabondes Et autres parallèles inédites en labyrinthe, Joyce Mansour (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 19 Avril 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Spirales vagabondes Et autres parallèles inédites en labyrinthe, Nouvelles Éditions Place, novembre 2018, 339 pages, 27 € . Ecrivain(s): Joyce Mansour

 

Joyce Mansour et le rire du soleil

Joyce Mansour demeure la poète de débordement, de la fragmentation, pour éprouver ce qui passe et se passe dans le corps et dans le souffle. De la tradition juive d’où elle vient ne reste sans doute que le corps de la lettre, son ossature de l’alphabet consonantique afin que le verbe accouche du corps.

Pour Mansour il s’agit de tout casser sous « un talon d’acier », « éventrer les acteurs, déraciner les morts, avaler, cracher, mastiquer, éjaculer ». Chez elle la mort tambourine mais dans un désert chauffé à blanc le martèlement des verbes ponctue hors conjugaison.

La poétesse renverse son angoisse de la mort par la force de l’éros, de l’ironie et de l’autodérision. L’érotisme est chez elle retour à la violence, la transgression et un processus lié à l’action.