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52.dimanche (XLVIII)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 15 Février 2014. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

approcher

comment dire, écrire en quoi échoue en un sens écrire ?

est-ce la motilité native de la réalité qui ne laisse aucune chose stable, mais prise dans le temps ?

est-ce le langage qui est trop pauvre pour suivre les infinies nuances des mouvements intérieurs de la réalité ?

car, si l’on parle d’une chose simple comme le ciel, que peut-on retenir d’absolu ?

un peu de lumière azurée et des stries blanches ; la lune et sa vie diurne ; le soleil pâle de novembre qui tend à se défaire, à se détacher dans le néant

il y a donc une représentation qui ne peut être exécutée

La Grande Fête sans fin, Jean Hans Arp

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 11 Février 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arfuyen, Poésie

La Grande Fête sans fin, janvier 2014, 13,50 € . Ecrivain(s): Jean Hans Arp Edition: Arfuyen

 

Le poème-vie

C’est avec une vraie attente que j’espérais le livre de Jean Arp, recueil de poèmes venus de l’allemand, langue qui est une des langues maternelles du poète. Et ce que l’on sent tout de suite, même en français, c’est la vitalité du rythme et de la prosodie. On n’y sent pas un homme appesanti par l’âge ni sommeillant dans une routine poétique. C’est l’effet de vie, et presque de violence, qui entête le lecteur et je trouve que cette force esthétique un peu iconoclaste va bien aux cinq recueils qui constituent l’ouvrage.

Cela dit il faut expliquer la vie, le caractère vital qui sourd du recueil. Et tout d’abord par l’impression de mouvement, impression que rien n’est statique, que tout est tendu, instable, susceptible de grandir ou de se rompre, de se dilater. J’ai d’ailleurs commencé cette lecture à l’écoute de La Mer de Debussy, et je me dis maintenant qu’il n’y a pas tout à fait de hasard et que cette poésie se rattache peut-être d’avantage à la musique française, et notamment à Erik Satie, avec ses Gymnopédies par exemple.

52.dimanche (XLVII)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 08 Février 2014. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

le chemin

permettez-moi d’emprunter le chemin au vocabulaire du promeneur, à différents titres

dans un premier temps, à cause de l’idée de quête, de but à atteindre qui sous-tend l’idée du chemin, sa traversée, ses paysages

puis, comme il fait coupure dans le bois ou dans la prairie, ses caractéristiques de séparation, de pont, le rapprochement que j’avais hier à l’esprit, en pensant au sujet qui m’occupe maintenant, me laisse la liberté de voir en ce chemin comme un trait, un trait peint, à l’exemple de ce style dont dissertent les manuels de peinture du 17ème siècle

en effet, cette séparation entre ce qui est la figure et ce qui ne l’est pas, tend à resserrer une forme contre un espace, autour d’une idée, une ligne qui dit parce qu’elle sépare

c’est la même chose avec le chemin, qui n’existe que par le moment haut où il est traversé, dans sa nature de coupure

52.dimanche (XLVI)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 01 Février 2014. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

le divers

dans cette idée, le détail, comme en peinture, qui donne les façons du style

le détail donc, pour faire valoir la conception de l’ensemble, en permettre l’accès

le bris, l’épars, la dissociation entre la chose écrite et la chose pure, le moment bref où le réel banal se jette dans la langue

car écrire, c’est lutter pour avancer, pour éclaircir un chemin, pour rendre visible, qui sait, cette brume légère de la rue et son énigme automnale

le réel est en partie là, dans le brouillard, là, dans la cheminée noire du toit qui jouxte, ou encore là, autour de cette petite chose qui vibrionne dans l’huis de la chambre, cette impression de réel, l’effet de réel qui se tient dans la tension temporelle, qui se dilate, et que l’écriture pousse à rechercher

52. dimanche (XLV)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 25 Janvier 2014. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

la coupure

c’est avec un peu d’angoisse ce matin que je me suis mis à la rédaction de cette lettre, en ressentant une oppression presque chaude qui me fait plier en moi et m’a inspiré cette coupure

oui, quelque chose qui engendre le mouvement, le bris, l’épars

et dans un autre sens, qui fait se couper, se retirer du flux des choses, réduire en soi la part de réel, comme une capture de la réalité en petits segments, en divers syntagmes

et c’est ici que l’angoisse a son sens, car la coupure pour finir ne s’épuise pas, reste ouverte

écrire revient donc à mettre en valeur, constituer un lien

je ne fais, en vérité, qu’accuser la vieille théorie de la chose et de l’idée, en espérant en faire avancer la cause