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Articles taggés avec: Ossorguine Marc

By the rivers of Babylon, Kei Miller (2ème critique)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 17 Novembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Zulma

. Ecrivain(s): Kei Miller Edition: Zulma

 

Après L’authentique Pearline Portious (The Last Warner Woman, 2010) l’année dernière, c’est le dernier roman de Kei Miller que Zulma nous offre avec ce By the Rivers of Babylon (Augustown, 2016). Disons-le tout de suite, c’est un bien séduisant cadeau de rentrée. De la Jamaïque – voire de l’ensemble des Caraïbes – nous connaissons plus de musiciens, voire de sportifs, que de poètes ou d’écrivains anglophones, peut-être parce que, de langue anglaise, ils sont noyés dans la masse de la littérature anglo-saxonne.

Né en 1978, Kei Miller n’est cependant pas tout à fait un débutant et a commencé à publier dès 2006 avec un recueil de nouvelles (short stories), Fear of Stones and Other Stories. Depuis ont suivi quatre recueils de poésie, trois romans et un volume d’essais et prophéties. Il reste pour nous un auteur à découvrir.

L’instant décisif, Pablo Martín Sánchez

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 10 Novembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Espagne, Récits, Roman, La Contre Allée

L’instant décisif, septembre 2017 (Tuyo es el mañana, 2016, Acantilado), trad. espagnol Jean-Marie Saint-Lu, 288 pages, 20 € . Ecrivain(s): Pablo Martín Sánchez Edition: La Contre Allée

Un récit, ou six récits qui commencent à 0 heure et s’achèvent à minuit. Ou plutôt, peut-être, six récits qui commencent à 0 heure, et finalement un récit qui se termine à minuit. Donc sept récits au final. Vous suivez ? Dire cela c’est peut-être livrer une des clés de cet instant décisif qui jongle avec les voix dans un cadre temporel strict de 24 heures. Jeu de construction et de structure qui pourrait paraître un brin intello mais qui est surtout ludique et qui fonctionne parfaitement comme tel.

Reprenons : six récits et six personnages. Ou sept selon comment l’on compte. Disons six plus un. Nous entrons dans leur vie à 0 heure. Quand ? Le jour où il y aura une grève générale en Italie, qui est aussi celui où le président congolais Marien Ngouabi sera assassiné. Le jour aussi où le nouvel état espagnol annoncera une nouvelle amnistie. Un jour et une date que l’auteur ne précise pas plus mais que nous pouvons reconstituer comme étant le 18 mars 1977. Nous sommes à Barcelone en pleine « transition démocratique », dans ce moment où la mort de Franco n’a pas encore complètement signifié la fin de la dictature et le retour de la démocratie. C’est aussi ce jour-là que naît Pablo. Le même jour que l’auteur de cet instant décisif. Mais il n’est pas sûr, il semble même un peu improbable qu’il s’agisse vraiment de lui-même et que le récit soit autobiographique.

Plaise au tribunal, Emmanuel Venet

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 26 Octobre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Plaise au tribunal, La fosse aux ours, mars 2017, 32 pages, 5 € . Ecrivain(s): Emmanuel Venet

 

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle… Cela rappelle-t-il quelque chose à l’impétrant qui s’aventure dans les lignes de cette chronique ? Et aussitôt chacun de dire mais oui, bon sang mais c’est bien sûr… Mais oui, Prévert, Kosma et Montand ! Qui ne connaît pas ça ?

Eh bien non. Non. Vous faites erreur. Désolé. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle n’est pas une chanson. C’est une œuvre artistique, soit, mais ni musicale, ni littéraire. Conceptuelle, sans doute. Et très matérielle. En partie éphémère aussi. Et surtout menacée par ceux qui gèrent le site où elle peut être admirée, le centre hospitalier psychiatrique d’Oublevé. Plus que menacée : détruite.

Créée par Monsieur Rémy Dièse, patient dudit centre hospitalier, elle n’est pas, surtout pas, à confondre avec un simple tas de feuilles mortes diligemment constitué par les personnels d’entretien de l’institution. Le conseil du patient, Me Siddag, entend bien démontrer à l’administration publique hospitalière que les feuilles mortes se ramassent à la pelle relève bien du statut juridique d’œuvre d’art et en cela impose à l’institution un certain nombre d’obligations, à l’égard de l’œuvre ainsi qu’à son concepteur…

Le livre que je ne voulais pas écrire, Erwan Larher (2ème critique)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 19 Octobre 2017. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, Quidam Editeur

Le livre que je ne voulais pas écrire, août 2017, 268 pages, 20 € . Ecrivain(s): Erwan Larher Edition: Quidam Editeur

 

Etre écrivain n’est pas toujours une sinécure, loin s’en faut. Pour peu que celui ou celle qui s’engage à écrire et publier ait un certain sens de la responsabilité, sans même parler d’éthique. Car s’il est des livres qui s’écrivent pour le plaisir, dans un certain élan narcissique, il en est aussi qui relèvent d’une nécessité qui dépasse largement la petite personne de l’auteur. Ce nouvel opus d’Erwan Larher est de ceux-là.

Erwan Larher était déjà écrivain avant l’événement qui le contraindra à ce livre. Quatre romans déjà publiés avant les attentats parisiens du 13 novembre 2015, Qu’avez-vous fait de moi ? et Autogénèse (Michalon, 2011 et 2012), L’Abandon du mâle en milieu hostile et Entre toutes les femmes (Plon, 2013 et 2015). Un cinquième titre était prévu chez Quidam à ce moment-là, paru depuis, Marguerite n’aime pas ses fesses (2016). Il paraît important de rappeler cela avant de parler du livre que l’auteur ne voulait pas écrire, car ce qu’il a de plus remarquable c’est bien qu’il échappe à tout opportunisme commercial, ou sensationnaliste aussi, encore plus.

Je viens de m’échapper du ciel, d’après Carlos Salem, Laureline Mattiussi

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 12 Octobre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bandes Dessinées, Casterman

Je viens de m’échapper du ciel, d’après Carlos Salem, 196 pages, 18,95 € . Ecrivain(s): Laureline Mattiussi Edition: Casterman

Les amateurs de noir, et quelques autres, connaissent les romans de Carlos Salem, hauts en couleurs autant que le personnage de l’écrivain. Tout le mode ne sait pas forcément qu’il a aussi écrit des nouvelles et de la poésie. Ce sont ses nouvelles qui ont inspiré Laureline Mattiussi pour réaliser cet album singulier, tout en noirs et blancs. La dessinatrice a en effet choisi d’abandonner les couleurs de ses premiers albums pour donner toute leur place aux traits et aux aplats, sans atténuer la brutalité des contrastes dans un monde qui oscille entre réalisme brut et rêves fous. Au centre, un personnage perdu entre le réel de la vie et celui de ses visions et désirs. Son nom suggère des choses : Poe. Comme Edgard Alan et son corbeau.

De bars glauques en combines lamentables, il dérive tranquillement, en parfait loser. S’il rêve de femmes pas toujours accessibles, il peut aussi taper une discute avec un chien installé au même bar que lui. Ou alors essayer de rencontrer le ciel en compagnie de son ange, un barbu avec Snoopy sur son tee-shirt. Paumé royal, Poe a aussi ses pudeurs et il y a des choses qu’il ne peut accepter, comme se déguiser en Titi (l’oiseau que poursuit inlassablement le gros minet Sylvestre dans les dessins animés). En Bugs Bunny, oui, pas de problème. Mais en Titi, pas question. D’abord, il est bien trop flippant Titi !