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Berlin on/off, Julien Syrac (par Marc Ossorguine)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 22 Mars 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Quidam Editeur

Berlin on/off, avril 2018, 142 pages, 15 € . Ecrivain(s): Julien Syrac Edition: Quidam Editeur

 

Berlin. Ach ! Berlin ! Pas besoin de « sein ein Berliner » pour que cette ville-là occupe une sacrée place dans nos repères culturels européens. Dans nos mythologies européennes, même. Une sacrée place, voire, pour certains, une place sacrée. Berlin. La VILLE. La capitale coupée en deux, fracturée, recollée… Mais sans doute pas libérée pour autant. La ville des rencontres les plus improbables. Celle des alternatives les plus radicales. La ville de toutes les « Kombinationen » entre les mots, les musiques, les couleurs, les ruines et les illusions, les espoirs. Une ville d’histoire du futur qui passe lentement dans nos mémoires, faisant ronfler mille échos.

Si l’on sait comment s’appelle cette ville, ses quartiers, on ne sait comment se nomme ce jeune français qui s’y fait flâneur de ses mythes et de ses mirages. Trois étapes à la manière d’un road movie qu’aurait pu tourner Wim Wenders (Der Himmel über BerlinLes Ailes du désir !). Ange aussi tombé du ciel, apprenti de l’humain et de la ville, il exerce d’étonnantes activités. Etonnantes de trivialité et d’absurdité.

Tant et tant de guerre, Mercè Rodoreda

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 12 Juillet 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Espagne, Roman, Gallimard

Tant et tant de guerre (Quanta, quanta guerra), trad. catalan Bernard Lesfargues, 252 pages, 8 € . Ecrivain(s): Mercè Rodoreda Edition: Gallimard

 

Etonnant récit et jeu d’emboîtements littéraires que ce Tant et tant de guerre (Quanta, quanta guerra) de la catalane Mercè Rodoreda (1908-1983) ! Il s’agit du dernier récit publié par l’auteure de son vivant, à l’issue d’une carrière littéraire de cinquante années (inaugurée en 1932 avec Sòc una dona honrada ?) et qui compte nombre de romans ou pièces de théâtre, dont La Place du Diamant (La plaça del Diamant, 1962) ou Rue des Camélias (El Carrer de les Camèlies, 1966). Une œuvre qui s’est construite depuis la France au lendemain de la Guerre d’Espagne et sous l’occupation, puis depuis Genève à partir de 1954, ne retrouvant finalement la Catalogne qu’à partir de 1972.

Emboîtement car l’auteure explique que l’idée de Tant et tant de guerre lui est venue à partir d’un film, lui-même adaptation d’un roman. Un film du réalisateur polonais Wojciech Has, Le Manuscrit trouvé à Saragosse, adaptation magnifique, d’un noir et blanc baroque assez unique en son genre du roman éponyme, Manuscrit trouvé à Saragosse (1794-1810), œuvre toute aussi unique, écrite en français par un autre polonais, le comte Jan Potocki (1761-1815) (1).

L’Exil, Çiler İhlan

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 02 Juillet 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Roman, Galaade éditions

L’Exil, trad. turc Jean Descat (Sürgün, 2010), 144 pages, 16 € . Ecrivain(s): Çiler İhlan Edition: Galaade éditions

 

Nul ne contestera, a priori, que la Turquie a depuis quelque temps pris largement place dans l’actualité. En tout cas dans l’actualité politique et stratégique. Pour ce qui est de l’actualité littéraire cela reste un peu plus court. Elle nous offre pourtant à entendre d’autres voix que celles de la politique pour découvrir ce monde que nous connaissons souvent bien peu, même si sa place dans notre propre histoire est loin d’être négligeable. Pour ma part, j’avoue volontiers qu’au delà du classique Yachar Kemal et de la plus proche Asli Erdogan ou de Mine Kirikkanat… C’est donc avec une curiosité toute en éveil que j’ai récemment découvert Nazim Hikmet ou Çiler İhlan que les éditions Galaade nous ont fait découvrir dans la foulée d’un prix européen en 2011 pour L’Exil (Sürgün, qui lui a valu des traductions en espagnol, allemand, italien, danois, roumain…).

Polaris, Fernando Clemot

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mardi, 26 Juin 2018. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Espagne, Roman

Polaris, trad. espagnol Claude Bleton (Polaris, 2015, Salto de página), 240 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Fernando Clemot Edition: Actes Sud

 

Nous transportons notre ruine sur le dos.

 

Dans une lumière incertaine et insensiblement vacillante, entre jour et nuit, une sorte de vaisseau fantôme erre sur les eaux froides du grand nord. Quelque part au large de la Norvège. Ailleurs aussi. A son bord, parmi les marins qui forment tant bien que mal un équipage, le docteur Christian, qui semble égaré sur cet océan et ce rafiot. Au-dessus de tous, il y a la Centrale. La Centrale, un organisme lointain dont les consignes ne se discutent pas. Compréhensibles ou incohérentes, sensées ou pas, elles ne se discutent pas. Quant à l’objectif de cette mission dans le froid, il restera aussi obscur et secret que le reste. Peu importe ce qu’est au juste la Centrale, ce qu’elle poursuit et qui la fait vivre. Inutile de chercher à la comprendre, inutile de chercher à saisir même ce qu’elle est, car « la Centrale était une entité invisible ». On se soumet à ses ordres. On les suit. C’est tout.

Les Soliloques du Pauvre et autres poèmes, Jehan-Rictus

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 11 Juin 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Au Diable Vauvert

Les Soliloques du Pauvre et autres poèmes, 224 pages, 5 € . Ecrivain(s): Jehan-Rictus Edition: Au Diable Vauvert

 

La poésie a souvent chez nous, en France, un statut très élitiste. Il y a une sorte de prestige accordé à la poésie, une mythique (voire une mystique) du poète qui plane au-dessus de la langue et du commun des mortels, une révérence qui relève presque du sacré. Pour seuls compagnons dans les hautes sphères de la littérature et de l’esprit, le poète n’a que d’autres poètes… et les quelques « privilégiés » qui le lisent et peuvent réciter ses poèmes, aussi abscons furent-ils. L’école a beau y faire, la poésie, les poèmes et les poètes, hormis de rarissime exception, c’est pas pour tout le monde. Qu’il y ait ailleurs des festivals de poésie qui attirent des milliers de spectateurs, des concours de poésie qui s’affichent aux heures de grandes écoutes sur les écrans, on peut le savoir sans vraiment y croire. Mais peut-être n’est-ce qu’une question de forme… Il se pourrait bien que chez nous la poésie se soit réfugiée dans le monde de la chanson… S’il y a une poésie rare et maltraitée par l’édition (la faute aux lecteurs, paraît-il), il y a aussi la poésie « populaire ». Une tradition qui s’incarne aujourd’hui dans le slam, dans le soin du texte de certains auteurs de rap. Eux-mêmes héritiers des Brassens, Ferré, Brel, Gainsbourg… et au-delà de ceux qu’on appelait parfois « chansonniers ».