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Articles taggés avec: Mahdi Yasmina

Je suis Camille, Jean-Loup Felicioli (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 25 Octobre 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Jeunesse, Syros

Je suis Camille, Jean-Loup Felicioli, octobre 2019, 80 pages, 19,90 € Edition: Syros

 

Différent(e)

Jean-Loup Felicioli signe un album-jeunesse cartonné, luxueux, où la couverture et les doubles-pages renvoient à la saison automnale. C’est donc la rentrée pour une petite-fille de dix ans, Camille, aussi bien dans une nouvelle école que dans un nouveau pays. Les illustrations sont splendides, formant de véritables tableaux, dans lesquels les détails, les couleurs, sont apposés de façon complexe. Les yeux, les expressions des visages sont traités un peu à la manière des codes visuels des mangas, simplifiés comme sur certains logiciels de composition graphique.

La question du « genre » occupe le récit dès le début. La plupart des enfants du monde contemporain ont intégré au quotidien les outils de communication, la mode, une certaine forme de liberté d’expression, ont établi une relation de confiance avec leurs parents. Ce qui est le cas pour Camille, l’héroïne, qui vient d’un milieu plutôt nanti économiquement, intellectuellement évolué, et occidental. A fortiori, l’école se doit d’accueillir sans discrimination les enfants de toute couleur et de toute condition dans des classes mixtes.

Mais il faut pourtant que je travaille, Journal, Articles, Souvenirs, Käthe Kollwitz (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 04 Octobre 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Mais il faut pourtant que je travaille, Journal, Articles, Souvenirs, Käthe Kollwitz, L’Atelier contemporain, septembre 2019, trad. allemand, Sylvie Pertoci, 517 pages, 35 €

Transport et doute de Käthe Kollwitz, artiste allemande

Les cahiers de Käthe Kollwitz (1867-1945), regroupés dans un journal, constituent des archives précieuses, qui prennent place dans la belle édition dirigée par François-Marie Deyrolle. Environ 70 illustrations de haute qualité et de photographies inédites en France de l’artiste et de son cercle enrichissent cet ouvrage dense, au titre révélateur, Mais il faut pourtant que je travaille. Les œuvres graphiques de Käthe Kollwitz plongent la personne humaine dans la tragédie, dans l’ombre de la pauvreté, dans l’anonymat des corps voués à la mendicité ou au labeur d’usine. Elle construit ses autoportraits comme des avatars de visages de femmes du peuple. L’on pense à Munch dans l’entrelacs des corps, des bouches, des mains des lithographies, eaux fortes et fusains, mais aussi au chromo-luminarisme de Seurat et aux séries torturées de Goya. Les gravures sur bois sont griffées de blanc tels les téguments des muscles. La représentation de l’extrême dénuement a à la fois quelque chose de biblique (du fait de l’appartenance des Kollwitz à la Communauté religieuse libre), et de scrutement médical (au vu de la proximité de l’époux de l’artiste, médecin).

Le fil d’Ariane, Jan Bajtlik (Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 25 Septembre 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Jeunesse, La Joie de lire

Le fil d’Ariane, septembre 2019, trad. polonais, Lydia Waleryszak, 80 pages, 24,90 € . Ecrivain(s): Jan Bajtlik Edition: La Joie de lire

 

Jan Bajtlik nous livre avec Le fil d’Ariane un ouvrage à la fois documenté et divertissant. Cet album-jeunesse, destiné à des enfants (au passage du primaire au collège), se dote d’une courte introduction ainsi que d’un schéma-devinette qui renvoie aux explications des dernières pages. Le livre est de grand format (37,5 x 28,5 cm), cartonné, au fond bleu couleur de la mer Égée. Dès la première double-page, des personnages de différentes dimensions tournent dans l’espace sphérique du mont Olympe, entouré par l’eau primordiale des océans. Tout est circonvolutions, dédales, méandres, écheveaux, réseaux. Un peuple s’anime, des individus amphibiens, certains moitié humains, moitié sirènes, suivent des circuits complexes, en giration. L’auteur puise aux sources des poèmes d’Homère et à la Théogonie d’Hésiode. Quelques récits antiques célèbres, fondateurs de la civilisation occidentale, sont choisis par J. Bajtlik de manière assez accessible. Le fil conducteur part de la création du monde et va jusqu’à la représentation théâtrale des mythes grecs.

Jolie boxe, Alice Schneider, Luc Dagognet (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 17 Septembre 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bandes Dessinées, Payot Rivages

Jolie boxe, Coll. Payot Graphic, mai 2019, 144 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Alice Schneider, Luc Dagognet Edition: Payot Rivages

 

 

Le cœur au combat

Alice Schneider, diplômée des Beaux-arts, et Luc Dagognet (dirigeant de Fabernol Stories) signent Jolie boxe, un album illustré de facture originale et indépendante. La figure du cœur revient de façon itérative dans les images de l’ouvrage. Des dessins d’anatomie dans lesquels courent les circuits de vaisseaux sanguins, de veines et de nerfs, succèdent à des gros plans de l’organe vital, coupé au niveau des artères, de morceaux de viande et de drôles d’excroissances, tel le long nez du Pinocchio pantin de bois. L’on pense à l’univers de l’américain Charles Burns, à ses créatures mutantes et dévastées progressivement par une curieuse hybridation. De plus, dans Jolie boxe, ça palpite et ça swingue au rythme des pulsations amoureuses ou érotiques.

À travers les grandes plaines, Sarah Raymond Herndon (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 11 Septembre 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

À travers les grandes plaines, Sarah Raymond Herndon, Payot, avril 2019, trad. Hélène Hinfray, 224 pages, 19 €

 

Itinéraire d’une jeune fille du Missouri

En tout premier lieu, l’exil, l’exode, la recherche du bonheur, la foi, accompagnent le grand voyage sans retour de la jeune Sarah Raymond Herndon – étant son nom d’épouse, née en 1840, décédée en 1914. À travers les grandes plaines est le récit de l’origine des peuplements, d’un périple, depuis Memphis (petite ville du Missouri) jusqu’à Virginia City dans le Montana, une traversée de l’Ouest des États-Unis d’Amérique, que qualifie ainsi l’auteure : « parce que c’est très amusant de traverser le continent ! C’est comme pique-niquer tous les jours pendant des mois ». Sarah Raymond tient un carnet intime où elle relate la vie des pionniers partis en chariots bâchés. Elle y consigne les changements imprévus de la nouvelle condition d’émigrantes « habituées à avoir des domestiques (…) ». Ces femmes et ces jeunes filles élevées de manière douillette, à l’abri du besoin, relativement éduquées, abandonnent leur confort pour la précarité du nomadisme.