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Articles taggés avec: Mahdi Yasmina

Un peu de beauté (2ème partie)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 12 Juin 2015. , dans La Une CED, Etudes, Les Dossiers

 

La beauté apollinienne (16ème siècle)

« … disciple de la belle nature et de ces grandes idées […] que Platon dit estre le plus parfait original des belles choses »

(André Félibien, Entretien sur les Vies et les Ouvrages des plus excellents Peintres Anciens et Modernes (1666))

 

La Dame à la Licorne (v. 1505/1506, de 65 x 51 cm) de Raphaël (1483-1520) (1).

La beauté luminescente de la dame aux yeux céruléens me stupéfie et m’inquiète depuis mes huit ans. La bouche close, l’iris de son regard de la couleur du paysage flottant derrière elle – une aube glacée et maritime –, sont l’apanage de cette jeune fille altière. S’offrant comme absolu d’un canon esthétique – blonde, blanche –, sa distance est presque une résistance en arborant entre ses bras la Licorne, l’animal sacré, le mystère de la connaissance, symbole de la chasteté.

Un peu de beauté (1ère partie)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 05 Juin 2015. , dans La Une CED, Les Dossiers, Côté Arts

 

 

« Est beau ce qui est connu sans concept comme objet d’une satisfaction nécessaire »

(Critique de la faculté de juger, Emmanuel Kant)

 

« Sans doute des jeunes gens avaient surgi qui aimaient aussi la peinture mais une autre peinture, et qui n’avaient pas comme Swann, comme M. Verdurin, reçu des leçons de goût de Whistler, des leçons de vérité de Monet, leur permettant de juger Elstir avec justice. Aussi celui-ci se sentait-il plus seul à la mort de M. Verdurin avec lequel il était pourtant brouillé depuis tant d’années, et ce fut pour lui comme un peu de la beauté de son œuvre qui s’éclipsait avec un peu de ce qui existait, dans l’univers, de conscience de cette beauté »

(Le Temps retrouvé, Marcel Proust)

Maryan, artiste rescapé

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Samedi, 10 Janvier 2015. , dans La Une CED, Les Chroniques, Côté Arts

 

Il n’y a pas de difficulté [pour la lumière]. L’une, c’était notre lumière. L’autre, c’était la lumière [le feu] de l’enfer.

Le Talmud, traité Pessahim, chap. IV, 54a

 

La galerie Polad-Hardouin organise une exposition historique de travaux posthumes d’artistes, tous disparus assez jeunes et avec des destinées assez diverses : Marcel Pouget (1923-1985), Michel Macréau (1935-1995), Jacques Grinberg (1941-2011) et Maryan. L’on peut qualifier de prime abord un aspect commun à tous, peut-être une source d’inspiration expressionniste, plus cubiste pour Grinberg. Des courants et des façons y sont exprimés. L’on y trouve bien avant leur existence, le style qui a sans doute influencé R. Combas, H. Di Rosa, F. Boisrond, le street art, les graffiti de rue. De même le mouvement de la « Figuration libre », qui alliait les codes de l’art brut à l’imagerie populaire africaine, arabe, le Punk, dont les homologues américains sont K. Haring, J.-M. Basquiat, etc. : avec l’aplatissement des formes, pas de perspective réelle, des contours très marqués dérivant jusqu’à l’ellipse, le tag, signifiant l’agressivité, l’agression de la société contre l’individu et ses mythes personnels.

Mémoires d’une fille d’Afrique, à propos de Carnets intimes de Taos Amrouche

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Samedi, 29 Novembre 2014. , dans La Une CED, Les Chroniques

Je lus l’Iliade au milieu des blés mûrs (…) C’est en moi qu’Antiloque lançait l’épieu. C’est en moi qu’Achille damait le sol de sa tente, dans la couleur de ses lourds pieds. C’est en moi que Patrocle saignait. C’est en moi que le vent de la mer se fendait sur les proues.

« Jean le Bleu », Jean Giono (1932, Grasset)

Nature et passion

Les Carnets intimes de Taos Amrouche se tissent au fil de nombreuses interrogations entrecoupées de malaises, de rencontres fortuites, de recherche d’absolu. Les couleurs les habitent, rouge sur le bonheur, vert pour l’angoisse de l’attente, jaune d’or pour le troisième journal, bleu pour le futur bilan. Taos Amrouche consigne avec une naïveté de jeune fille entre affronts et ivresse l’évolution de ses sentiments (et de ses déboires) pris en étau par Jean (Giono), qualifié de poltron et de monstrueux – situation commune aux créatrices des années 1950/60, assignées à des rôles fantasmatiques et à une reconnaissance moindre… Taos Amrouche l’avoue [à propos de Giono] : Je l’ai idéalisé. Je l’ai fabriqué et dénonce : si le bâillon est bien ajusté, il me domine, l’idée que je puisse être éditée, m’exprimer, me libérer lui est intolérable (l’on pense parfois, dans ce maelström sentimental, au Journal de Katherine Mansfield de 1927, et à sa liaison malheureuse avec Francis Carco).

Dans l’ombre de Charonne, Désirée et Alain Frappier

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Samedi, 01 Novembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Histoire

Dans l’ombre de Charonne, éd. du Mauconduit, préface de Benjamin Stora, 136 p. 18,50 € . Ecrivain(s): Désirée et Alain Frappier

Fils d’Israël, souvenez-vous du bienfait dont je vous ai comblés. Je vous ai mis au-dessus des mondes

Le Coran, Sourate II, la vache, (47, trad. Jean Grosjean, 2008)

 

Ressouvenir : un carnage organisé

 

Un pan de l’Histoire occulté

C’est un véritable travail d’historienne auquel s’est livrée Désirée Frappier, qui a mené une enquête auprès de plusieurs interlocutrices et interlocuteurs, dont certains furent présents et témoins au moment du drame évoqué. Depuis la préface de Benjamin Stora, lui-même concerné par la guerre d’Algérie, auteur de nombreux ouvrages cités, jusqu’au témoignage individuel de l’héroïne principale, le récit se densifie avec les annexes – les lettres des enfants de rescapés, des coupures de presse relatant cette « sauvagerie criminelle » (cité par J. Derogy, p.126) et le travail d’archiviste des époux Frappier.