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Articles taggés avec: Bret Stéphane

Les sœurs aux yeux bleus, Marie Sizun (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 11 Septembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Roman

Les sœurs aux yeux bleus, juin 2020, 396 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Marie Sizun Edition: Folio (Gallimard)

 

Comment entrevoir une autre vie, une possibilité d’émancipation et d’accomplissement personnel ?

En cette seconde moitié du XIXe siècle, c’est bien difficile pour les enfants Sézeneau : ils sont cinq, deux garçons Isidore et Eugène, trois filles, Louise, Eugénie, et Alice, nés tous à cette époque. Le père, Léonard Sézeneau, est une sorte de pater familias, ombrageux, autoritaire, peu disert. Il fait planer son autorité sur le foyer. Son épouse, Hulda, est décédée et des mauvaises langues affirment que c’est parce que Hulda aurait appris la liaison qu’entretient Léonard avec Livia Bergvist, une jeune femme d’origine suédoise, qui est la gouvernante de la famille Sézeneau.

Très vite, la narratrice Marie Sizun nous initie aux secrets plus ou moins inavouables de cette famille : Livia cache une naissance, un enfant qu’elle aurait pu avoir avec Léonard. Mais c’est le parcours des filles qui est privilégié dans ce roman. Les scènes sont décrites par Marie Sizun comme des épisodes de séries télévisées. On se laisse prendre à cette convention car Marie Sizun a de la sympathie pour ces sœurs aux yeux bleus.

Marina Tsvétaïéva, mourir à Elabouga, Vénus Khoury-Ghata (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 04 Septembre 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Biographie

Marina Tsvétaïéva, mourir à Elabouga, Vénus Khoury-Ghata, juillet 2020, 164 pages, 7,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Vénus Khoury-Ghata nous livre dans cet ouvrage consacré à la poétesse Marina Tsvétaïéva non pas une biographie classique, dont les éléments principaux sont consignés en fin de volume pour mieux repérer le lecteur pas forcément familier des détails de la vie mouvementée de cette femme de lettres russe, qui a affronté maintes épreuves. Vénus Khoury-Ghata choisit dans le récit de s’adresser à Marina à la deuxième personne, accentuant ainsi la gravité dans le ton du texte et y introduisant une solennité permanente. Ce qui frappe tout d’abord, c’est le côté marginal, dérangeant, maudit qui va caractériser la vie entière de cette femme. Elle se perçoit comme telle dès les premières années de son parcours littéraire, amoureux, et social : « Tu imposais ta volonté, imposais une écriture qui n’avait aucun lien avec celle des poètes qui t’ont précédée. Tu fascinais, dérangeais. Tu faisais peur ».

La Goulue, Reine du Moulin Rouge, Maryline Martin (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 28 Août 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Les éditions du Rocher

La Goulue, Reine du Moulin Rouge, Maryline Martin, 227 pages, 8,90 € Edition: Les éditions du Rocher

 

Les personnages emblématiques de La Belle Époque sont souvent reliés au monde du spectacle, des arts, de la danse. Ainsi en va-t-il de La Goulue, cette danseuse célèbre de Montmartre, qui a animé les soirées des cabarets et salles de music-hall.

Maryline Martin, dans la biographie qu’elle consacre à ce personnage haut en couleur, s’attache aux étapes de son parcours, à ses rencontres, à sa personnalité aux multiples aspects. Louise Weber, son état-civil véritable, est une petite fille curieuse dès le plus jeune âge : blanchisseuse à seize ans, elle n’a de cesse que de s’échapper du cercle familial pour aller s’initier à la danse. Les premières étapes de cette plongée dans cet univers, c’est son père Dagobert qui les organise : elle apprend le chahut, ancêtre du cancan, l’art de lever la jupe. Elle veut faire mieux que Marguerite Bade dite Rigolboche, qui est capable de retrousser ses jupons jusqu’à la taille pour dégager sa jupe. Plus tard, en 1882, elle pousse la porte du Bal Debray, un établissement où elle va rencontrer un certain Valentin. Elle sera son partenaire de danse pendant neuf années…

Annette, une épopée, Anne Weber (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 24 Avril 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Seuil

Annette, une épopée, Anne Weber, mars 2020, 233 pages, 19 € Edition: Seuil

 

Anne Beaumanoir, dite Annette, est une jeune femme au parcours atypique, sinueux et riche en rebondissements de toute nature : elle entre dans la Résistance à dix-neuf ans, sauve deux adolescents juifs au mépris de la discipline de groupe. Elle participe à des actions à Rennes, Paris et Lyon. Pour finir, elle prend part à la libération de Marseille, avant de s’engager pour l’indépendance de l’Algérie, pays qu’elle rejoint lors de l’indépendance en 1962. Elle participe au premier gouvernement de Ben Bella avant de fuir lors du coup d’Etat de Boumediene en 1965.

Ce destin, Anne Weber a pris le parti de le restituer au lecteur de son roman sous la forme d’une radiographie en direct du comportement d’Annette, de la dissection de ses motivations. Ainsi, de la définition de l’acte de résister : « Car résister résulte, comme la plupart des choses qu’on fait, non pas d’une décision qu’on prend une fois pour toutes mais d’un glissement pour ainsi dire imperceptible, progressif, vers quelque chose dont on n’a pas encore idée ».

La faute, Daniel Monnat (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 09 Avril 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Slatkine

La faute, Daniel Monnat, février 2020, 315 pages, 23 € Edition: Slatkine

 

 

La culpabilité est un sentiment humain décisif dans l’adoption d’une conduite, dans l’élaboration des choix de vie personnels, surtout en de dramatiques circonstances. Michel Suter est un bon citoyen helvétique, originaire de La Chaux-de-Fonds, petite bourgade campagnarde de la Suisse romande, mais qui a décidé de conquérir la ville de Genève, où il effectue des études de médecine. Il a pour objectif de s’établir, d’épouser Oriane, issue d’une famille bourgeoise genevoise. Ce projet a pour but de lui constituer un solide carnet d’adresses dans l’Establishment genevois, et d’accéder à un statut social enviable. Lors de ses sorties dans les auberges et cafés de la cité de Calvin, il rencontre Daniel et Judith Tauchner, des réfugiés ayant fui l’Allemagne nazie voisine. Daniel Tauchner est marchand d’art à Munich, cité qui joua lors de la République de Weimar un rôle culturel significatif.