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Articles taggés avec: Banderier Gilles

L’accident, Jean-Paul Kauffman (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Jeudi, 19 Juin 2025. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

L’accident, Jean-Paul Kauffman, éd Equateur-Littérature 328 p. 22 €

 

Virgile en Haute-Bretagne

 

La couverture annonce la couleur.

Nous parlons de la couverture du dernier livre publié aux éditions Équateurs Littérature de Jean-Paul Kauffmann intitulé L’accident.

Il annonce la couleur, elle est douce comme l’enfance, nuageuse comme un ciel de Poussin, le grand peintre de Kauffmann, qu’il découvre à Rome ou au Louvre. Et sous ce ciel d’après l’été de Poussin qu’évoque l’aquarelle de Stéphane Rozencwajg, le premier plan est une route grise, doucement incurvée, avec la ligne blanche continue qui file au centre de la chaussée.

Les Brumes du clos du Doubs, Jacques Jeannerat (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 18 Juin 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Slatkine

Les Brumes du clos du Doubs, Jacques Jeannerat, Slatkine, 2024, 180 pages, 27, 30 CHF Edition: Slatkine

 

Il existe deux Jura (trois en comptant l’île anglaise où Orwell rédigea 1984, mais il est impossible de la confondre avec les deux autres) : un département français et un canton suisse, le climat de celui-ci étant, toutes choses égales par ailleurs, plus agréable que la météorologie de celui-là, qui connaît régulièrement des périodes de froid glacial valant à certaines zones le sobriquet de « petite Sibérie ».

Dernier canton rattaché à la Confédération helvétique voici près d’un demi-siècle (1978), le Jura est à la fois discret et attachant, loin des métropoles financières et mondialisées   que sont Zurich ou Genève. Lorsque la Réforme le chassa de sa cité, en 1528, le prince-évêque de Bâle vint s’installer dans une de ses possessions, la petite ville de Porrentruy, que lui-même et ses successeurs développèrent énergiquement et le résultat est remarquable : une belle ville d’art et d’histoire, à l’échelle humaine, qui mérite une visite approfondie, au même titre que, par exemple, la cité médiévale de Saint-Ursanne, bordée par la Doubs avant que celui-ci n’entre en territoire français.

Le Paradoxe ambulant, Gilbert K. Chesterton (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 10 Juin 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Essais, Les Belles Lettres

Le Paradoxe ambulant, Gilbert K. Chesterton, essais choisis et préfacés par Alberto Manguel, traduits de l’anglais par Isabelle Reinharez, Paris, Les Belles-Lettres, 2024, 508 pages, 15, 50 €. Edition: Les Belles Lettres

 

On peut discuter pour savoir si la notion de terme ou d’expression intraduisible d’un idiome à l’autre aurait ou non un sens. Tout dépend de ce que l’on entend par traduire.

Les anglicistes connaissent l’expression tongue in cheek. L’image anatomique fait sens (on met sa langue contre sa propre joue, afin de ne pas se trahir en riant), mais si l’on fait comme un dictionnaire très répandu, le Harrap’s Shorter, en le rendant par « avec une ironie moqueuse » ou « en plaisantant », a-t-on vraiment traduit l’expression de façon organique, avec son génie propre, ou a-t-on donné une simple équivalence ?

Quoi qu’il en soit, s’il fallait trouver un livre illustrant cette expression, Le Paradoxe ambulant conviendrait à la perfection, comme conviendrait à son auteur ces phrases de Péguy :

L’Or de Jérusalem, Nathalie Cohen (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 05 Juin 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Flammarion

Nathalie Cohen, L’Or de Jérusalem, Paris, Flammarion, paru le 26 février 2025, 314 pages, 22 €.

Pour toute une part de l’humanité, présente sur à peu près tous les continents, il s’agit d’un événement immense et traumatique, dont l’écho se fait encore entendre à deux millénaires de distance. Lors de chaque mariage juif, l’atmosphère euphorique qui (dans des circonstances normales) préside à toute célébration nuptiale est un instant ternie par le bris d’un verre, qui rappelle à chacun cet antique événement : la destruction du Temple de Jérusalem, dont il ne reste qu’une partie du soubassement – connu sous le nom de Mur des Lamentations, l’inscription (conservée en deux exemplaires, l’un à Istanbul, l’autre à Jérusalem) qui avertissait les étrangers de ne pas pénétrer dans la cour intérieure du Temple, et, selon la légende, deux colonnes conservées (parfaitement visibles) à Saint-Pierre-de-Rome ; ainsi que, toujours à Rome, la représentation sur l’arc élevé pour célébrer le triomphe de Titus de la menorah rapportée en guise de butin par les conquérants romains, durant l’été 71, avec d’autres objets cultuels. Que devinrent ensuite ces reliques ? Furent-elles fondues ou entreposées, comme c’était la coutume, dans le Temple de la Paix ? Et la menorah finit-elle par retourner à Jérusalem, comme l’indique l’historien Procope de Césarée, selon qui l’empereur Justinien fit renvoyer d’où ils venaient ces objets qu’il jugeait maléfiques ? Et si elle existe encore quelque part, où se trouve-t-elle ? Dans quelque souterrain inexploré dont seule l’existence est connue ?

La Seconde guerre d’indépendance d’Israël, 7 octobre 2023, Effroi et résilience, Richard Darmon (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 13 Mai 2025. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Histoire

La Seconde guerre d’indépendance d’Israël, 7 octobre 2023, Richard Darmon, Les Provinciales, 2024, 190 p. 18 €

Dans la Bible hébraïque (l’ensemble que les Chrétiens appellent l’Ancien Testament), plusieurs épisodes nullement mineurs font l’objet d’une duplication : la création du monde eut lieu deux fois (d’abord en six jours, ensuite après le déluge) ; les Tables de la Loi furent remises à Moïse deux fois ; la royauté d’Israël fut établie à deux reprises (avec Saül, puis avec David). Conscients de ce phénomène, des Israéliens ont considéré que la guerre commencée après la tragédie du 7 octobre 2023 pouvait être assimilée à une nouvelle guerre d’indépendance, la seconde, après celle de 1948. Elle est en tout cas le plus long conflit que l’État d’Israël ait jamais soutenu.

Ce n’est évidemment pas la même chose que d’être « sur le terrain », au milieu des cris des jeunes filles violées, des odeurs de poudre, de sang, de chair brûlée et de la terreur pure. Mais ce fut une expérience inoubliable et amère : se trouver, au matin du samedi 7 octobre 2023, à son bureau, en train de dérouler des notifications d’un réseau social (Twitter) et de voir arriver subitement des images brutes, qu’aucune modération n’a encore filtrées ou censurées, filmées quelques instants auparavant, mises en ligne aussitôt et répercutées dans le monde entier.