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Elles deux, Emmanuel Darley

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 26 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Théâtre, Espaces 34

Elles deux, 50 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Emmanuel Darley Edition: Espaces 34

 

« Deux vies »

La courte pièce d’Emmanuel Darley, Elles deux, est un triptyque du temps : le temps de l’avenir rêvé de l’adolescence d’abord, ensuite celui du passé qui sépare les êtres en chemin et enfin celui du temps de la mémoire qui s’efface. La vie de deux filles qui ne font qu’une (1), celle de Pouffe et de Glousse qui disparaît (2), et celle de « deux vieilles assises » en quête de leurs souvenirs (3).

Elles deux sont des copines, indissociables, comme des sœurs siamoises de la langue et de la grammaire et de la dramaturgie : Daley écrit pour la première réplique la didascalie ELLES pour désigner ces personnages, reprend souvent l’adverbe « ensemble » ou encore « l’une et l’autre » (p.12) ; leur donne la parole à travers le pronom « on ». Un metteur en scène pourrait très bien faire tout aussi bien dire le texte à une seule voix ou deux voix, qui prendraient en charge telle ou telle partie, de manière interchangeable. Emmanuel écrit deux fois la même page, au mot près. Gémellité des voix dramatiques (p.20.21.22). Les deux filles aiment paresser sous la couette, choisir leur tenue ensemble, se dire « tout pareil ensemble on fera » (p.11). Elles rêvent de travailler pour le cinéma, le théâtre, le monde du spectacle : devenir maquilleuse, costumière, chanteuse.

Parages 01, La revue du Théâtre National de Strasbourg

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 15 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Revues, Les solitaires intempestifs

Parages 01, La revue du Théâtre National de Strasbourg, juin 2016, 200 pages, 15 € Edition: Les solitaires intempestifs

 

« Première »

L’histoire du théâtre s’écrit non seulement à travers sa littérature, celle de la scène, mais aussi celle des revues qui ont marqué ses conceptions, ses esthétiques, ses genres et formes. La nouvelle revue du TNS s’inscrit dans une filiation revendiquée, celle notamment des Cahiers de Prospero dans les années 90, ou celle de Vitez une décennie auparavant. Chacune à leur manière, ces revues envisagent leur publication comme un moment, un lieu consacré à une réflexion sur la matière théâtrale autour essentiellement d’auteurs, de metteurs en scène et de concepteurs. Le propos de Parages s’adresse-t-il ainsi certes à des professionnels de la scène contemporaine mais également à tout lecteur, spectateur en quête de sens, d’approches nouvelles du langage dramatique.

Stanislas Nordey dirige, depuis 2014, le Théâtre National de Strasbourg. En 2016, il initie la création de la revue Parages, et Frédéric Vossier est en charge de sa réalisation. Parages propose une série de contributions autour des écritures contemporaines théâtrales, faisant appel aussi bien à des universitaires, des auteurs, des metteurs en scène, des journalistes (Mohamed El Khatib, Claudine Galéa, Joêlle Gayot, Lancelot Hamelin, Bérénice Hamidi-Kim, David Lescot).

Lady first, Sedef Ecer

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 31 Août 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Théâtre

Lady first, L’Avant-scène Théâtre, juin 2016, n°1405, 128 pages, 15 € . Ecrivain(s): Sedef Ecer

 

« First lady ou lady first »

Sedef Ecer avec Lady First inscrit sa parole dramatique, cette fois-ci au cœur du pouvoir, elle qui jusqu’ici s’attacha dans ses pièces à dire les frontières, les périphéries et les seuils et à parler des humbles. L’action se déroule en effet dans un palais (d’été), lieu de villégiature d’un président sans nom et absent du texte. Unité de lieu, prison dorée dont il faudra tenter de s’évader pour sauver sa peau. Repaire de l’épouse de ce dictateur mésopotamien qui ressemble à bien des autocrates, tyrans de l’Histoire ancienne ou contemporaine. D’une certaine manière, comme chez Jarry, la farce politique s’installe « dans un pays de nulle part », « une république bananière » dit le texte p.10, entre deux fleuves, dans une époque indéterminée. Quelques éléments nous transportent dans un orient musulman indéfini, hétérogène. Les quatre personnages portent des noms (Ishtar, Yasmine, Gazal et Elish) qui renvoient soit à la mythologie orientale antique, soit à des noms arabisants.

« Théâtrale ! » A l’occasion de la création de Lady First de Sedef Ecer, par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 29 Août 2016. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

A l’occasion de la création de Lady First de Sedef Ecer, le 3 août 2016 au Théâtre du Peuple à Bussang, dans une mise en scène de Vincent Goethals

 

Lorsque l’on pénètre dans le théâtre des Pottecher, à Bussang, l’on est surpris par cette curieuse et puissante odeur de bois et d’humidité, de chalet ancien, dans ce village vosgien. Le spectateur prend place sur de longs bancs de bois, un peu comme ceux des églises paysannes anciennes. De grands lustres de fer forgé sont suspendus au plafond. On mange avant le spectacle sur la pelouse. Les habitués tiennent dans leurs bras des coussins qui rendront plus confortable la représentation. Un théâtre plus chaleureux, « pour l’humanité et pour l’art », un théâtre où tout au long de l’année se côtoient amateurs et professionnels.

Un bel endroit pour créer la pièce de Sedef Ecer. Le terme « création » prend ici tout son sens : la genèse du texte, sa première vérité scénique dans la connivence de l’auteure et du metteur en scène ont lieu là, à la lisière de la forêt.

Neverland, de David Léon, Mise en voix, création le 26 mai 2016

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 17 Juin 2016. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Dans le cadre du festival ZOOM #2 Du Réel au Poétique, qui a eu lieu du 12 au 26 mai au Théâtre Ouvert à Paris, le texte de David Léon, encore inédit, a été l’objet d’une mise en voix par Blandine Savetier, assistée d’Irina Solano avec six comédiens-lecteurs, dans la salle de la Coupole.

« Billie Jean / the one who will dance on the floor in the round »

Il y eut pour moi d’abord, les feuilles éparses du texte découvertes comme un long poème polyphonique. Silencieux et presque mystérieux Le commencement de tout. L’entrée dans Neverland, le domaine de l’enfance éternelle Michaël Jackson, peuplé d’animaux, parc d’attractions égoïste. Royaume de Peter Pan.

Ensuite vint la lecture avec les voix. Six jeunes comédiens, debout, derrière des pupitres comme des chanteurs ou musiciens en concert. Du côté jardin au côté cour, la « psy », jeune femme blanche qui commente, explique, analyse ce qui est arrivé à Mikaël, puis Mikaël le noir en chemise blanche, Jimmy noir en simple tee-shirt, les sosies, blanc et métisse, travestis en M. Jackson portant chaussures bicolores, petit feutre, gant noir brillant, pantalon trop court et chaussettes blanches, enfin le père noir en marinière.