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Sweetie, Philippe Malone, par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 15 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Théâtre, Espaces 34

Sweetie, mars 2018, 104 pages, 15,80 € . Ecrivain(s): Philippe Malone Edition: Espaces 34


Le livre et le texte

Lorsque l’on ouvre le volume dont le titre est Sweetie, et l’auteur, Ph. Malone, les habitués des éditions Espaces 34 retrouvent, comme le veut la Collection Théâtre, une première de couverture bleu nuit, une discrète illustration ou photographie dans le bas de la page. Ici une carte à jouer reine et roi de pique, toujours inquiétants à l’endroit et à l’envers. Le lecteur prend dans ses mains le petit livre et découvre alors la quatrième de couverture. Mais étrangement elle apparaît comme la première de couverture à l’envers : la carte à jouer en haut et le titre en bas. Nulle trace d’un résumé de la fable, nulle trace d’une rapide biographie de l’auteur comme d’habitude. Le livre donc se donne dans sa conception matérielle, comme un endroit, un envers, à choisir, identique par le texte, changeant seulement quand cela est nécessaire de genre, texte comme répété et retourné, deux fois dédicacé à l’ami de théâtre disparu, Emmanuel Darley.

Plateau Virtuel club #5, par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 25 Mai 2018. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Et de cinq. L’émission de Radio Clapas, cette fois-ci est consacrée à la dernière pièce de Samuel Gallet, publiée comme l’ensemble de ses œuvres depuis sa sortie de l’Ensatt, en 2007, aux éditions Espaces 34. Sabine Chevallier aime à suivre le parcours de ses auteurs. Samuel Gallet prend la parole pour présenter la fable de cette pièce de commande, mise en scène par Jean-Pierre Baro, lors de sa création.

Il est donc question de trois jeunes femmes (Erine, Andréa et Suzanne) qui ne se connaissent pas mais qui vivent toutes dans des villes occidentales violentes socialement, empêchant de vivre sa vie, de vivre les rêves de leur vie. Elles se réfugient dans le sommeil et le monde onirique les confronte au pouvoir incarné ici par les figures de Denys, tyran de Syracuse et de Damoclès. Au réveil, elles échappent à leur vie d’avant et se rencontrent enfin dans la vie réelle.

Samuel Gallet revient à l’évocation du travail de l’allemande Charlotte Beradt qui a recueilli des rêves d’allemands, qui d’une certaine manière pouvaient éclairer les névroses du Troisième Reich. Les cauchemars ne parlent-ils pas de ce que nous sommes ?

Les yeux ouverts Propos sur le temps présent, Jean-Pierre Siméon, par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 20 Avril 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Les yeux ouverts Propos sur le temps présent, Jean-Pierre Siméon, Le Passeur éditeur, mars 2018, 300 pages, 19 €

Poétiser et persifler

Je venais d’achever la lecture desBienveillantes, longue et éprouvante, traversant l’Europe orientale en guerre, l’Europe du dérisoire imperium nazi, jusqu’à Stalingrad, sous la conduite de Max le bourreau, de Max le fou. Je faisais des haltes : tout avait sombré dans le chaos de La Shoah. Le livre était aussi une marche.

J’avais ensuite lu une pièce d’un jeune auteur de théâtre qui me consterna. Il me fallait donc reprendre des forces, et ma foi, le volume de JP Siméon m’y aida dans son art de faire court, d’aller ici et là, en suivant l’itinéraire de ses Propos de quelques pages, écrits à des moments divers (on peut regretter ici l’absence des dates des rédaction précises pour chaque texte). Avec son art de persifler, de jouer à la fausse désinvolture, ponctuant son livre de la formule réjouissante : sans rapport avec ce qui précède / Quoique », JP Siméon me ramena au simple et beau plaisir de lire. Rouerie jubilatoire encore du faux vrai sage chinois, Tao Li Fu, qui à maintes reprises clôt un propos. N’est-il pas un double de JP Siméon, auteur duLivre des petits étonnements ? En effet la maxime morale irrigue poésie et méditation philosophique.

Plateau virtuel club # 4 Radio Clapas, par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 06 Mars 2018. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

L’émission de février maintenant autour de la dernière pièce de David Léon, édité chez Editions espaces 34, en 2018 ; celle sans doute comme l’exprime l’auteur lui-même, qui marque la fin d’une période de son travail d’écrivain (comme le disent les peintres), celle qui clôt le cycle familial entamé avec Un batman dans ta tête. Le temps de l’apaisement après la sidération ; de la honte au pardon.

Cette fois-ci, à la différence des précédents enregistrements, la lecture au sens le plus strict qui soit, s’impose, en l’absence ou presque d’un jeu commenté à plusieurs, quant à la façon de dire les passages choisis. David Léon nous offre là sa lecture : à l’exception de la séquence de la page 13 à 15 qui donne lieu à un travail à deux voix. David Léon y lit la « ligne récit rétrospectif » tandis que Léopold Pélagie s’empare des morceaux en italiques, citations des propos maternels et des œuvres livresques. L’auteur entre dès lors oralement, dans son livre, se l’approprie totalement.

Quand on aura le temps, Cédric Bonfils

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 02 Mars 2018. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Jeunesse, Théâtre, L'Harmattan

Quand on aura le temps, août 2017, 70 pages, 11 € . Ecrivain(s): Cédric Bonfils Edition: L'Harmattan

 

« C’est du théâtre… »

La première de couverture d’un livre se doit d’être une invitation à la lecture, une « image » du texte, comme un premier songe de lecture. L’illustration qui accompagne la pièce de Cédric Bonfils est au contraire une abomination : comment l’éditeur a-t-il pu publier en l’état ce texte doux et subtil avec une telle couverture ? Certes, l’on retrouve deux personnages adolescents assis dans l’herbe côte à côte, comme dans la scène 5, mais présentés dans d’atroces couleurs : la jeune fille au visage bruni (l’enfant du voyage), vêtue tout en rose et le garçon du village, lui comme par hasard au teint très blanc. Je passerai sous silence les connotations pitoyables de tout ceci. Il faut donc se faire violence pour tourner les pages du livre, aller vers les dédicaces nombreuses (5 dédicataires de l’intimité de l’auteur sont mentionnés) et inscrites dans l’enfance et l’amitié, en prélude au leitmotiv du voyage et à celui du temps nécessaire à la vie, semblable à une route.