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Langage et langue de la poésie française contemporaine, Giovanni Dotoli

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 09 Septembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Hermann

Langage et langue de la poésie française contemporaine, janvier 2015, 335 pages, 30 € . Ecrivain(s): Giovanni Dotoli Edition: Hermann

Qu’est-ce que la poésie ?

Comment définir la spécificité du langage poétique ? Où se situe et comment se manifeste, parmi les diverses fonctions de la langue, la fonction poétique de la langue ? Qu’est-ce qui oppose et qu’est-ce qui unit la poésie française contemporaine et la poésie française classique ?

Giovanni Dotoli, universitaire, critique et poète italien, brillant francophone, parfait connaisseur de l’art poétique français et de son histoire, fouille et trifouille en ce riche ouvrage les œuvres de poètes de tous horizons qui ont choisi notre langue pour en faire leur langage poétique.

Fondant sa réflexion sur l’étude d’un corpus impressionnant d’extraits de poèmes et de professions de foi poétique formulées dans l’espace et le temps de la poésie francophone par un vaste panel de poètes, Dotoli aligne et confronte les multiples fonctions du langage poétique et les représentations innombrables du fait poétique qui s’en dégagent, soit affirmées et revendiquées explicitement par les auteurs francophones de toutes époques, soit exprimées de façon plus ou moins subliminale dans l’œuvre même de nos poètes.

Cinq filles sans importance, Robert Kolker

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 21 Août 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, USA, Belfond

Cinq filles sans importance, février 2015, trad. de l’américain par Samuel Sfez, 427 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Robert Kolker Edition: Belfond

 

Cet ouvrage est la relation d’’un minutieux, long et opiniâtre travail d’investigation mené par l’auteur, journaliste spécialisé dans les affaires criminelles, autour de la mystérieuse disparition de cinq jeunes filles, suivie, plus tard, trop tard, par la découverte de leurs cadavres, et d’un grand nombre d’autres non identifiés, sur le littoral de Long Island.

Une première grande partie du livre est consacrée à la reconstitution, par une collecte méthodique d’éléments biographiques auprès des familles, des amis et des fréquentations des victimes, du puzzle de leur trajectoire dans leur environnement social, familial, scolaire, amical, professionnel et globalement relationnel depuis leur naissance jusqu’au jour de leur disparition.

L’auteur cerne ainsi au plus près la personnalité et le statut social de chacune de ces jeunes femmes, permettant au lecteur de mettre à jour en même temps que lui un certain nombre de constantes, de points communs les concernant, et d’indices de nature à élucider les causes et les circonstances de leur fin tragique et d’émettre, au fil de l’enquête, des hypothèses sur la possibilité que les cinq crimes aient été commis par le même assassin, bien que la police dès le départ ait refusé d’envisager la question d’un tueur en série.

La Fleur du Capital, Jean-Noël Orengo

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 11 Juillet 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Grasset

La Fleur du Capital, janvier 2015, 764 pages, 24 € . Ecrivain(s): Jean-Noël Orengo Edition: Grasset

Voilà un livre « hénaurme » !

Un ouvrage autant colossal que l’est son objet : la gigantesque foire au commerce sexuel qu’est Pattaya. La démesure du volume (le livre, qui fait 764 pages, est de la taille d’un dictionnaire) est déjà en soi, avant même qu’on l’ouvre, par le poids qu’il pèse dans les mains du lecteur, significative du projet de l’auteur, qui est d’impressionner.

Il y réussit incontestablement, en ayant recours à toutes les stratégies linguistiques et stylistiques qui forcent la fonction impressive du langage, et en alternant fort théâtralement ce qu’il titre et sous-titre, en les numérotant, Actes, Scènes, Intermèdes, Répétitions (au sens scénique), Coulisses, Rideaux (dont le texte est ponctué curieusement de l’anaphore insistante « Même si »), chapitres narratifs à la première personne (dans lesquels, ici c’est un des personnages qui prend la parole, qui se raconte et qui décrit, là c’est l’auteur en personne qui analyse son écriture en train de se faire) qui s’intercalent eux-mêmes entre d’autres parties textuelles dans lesquelles domine la voix d’un narrateur omniscient, et, par-ci par-là, extraits fragmentés, présentés comme étant du copié-collé, de forums de sites de rencontres en ligne où s’interpellent, s’interrogent, s’invectivent, exposent leurs fantasmes, se traitent de menteurs des connaisseurs, vrais ou imaginaires, sur ce qui se passe, sur ce qu’ils ont vécu, et sur ce qu’ils prétendent qu’on pourrait vivre à Pattaya…

Shérazade était toquée, Mona Fajal

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 03 Juillet 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Récits

Shérazade était toquée, Les Itinéraires Editions Gourmandes, avril 2015, 264 pages, 26,90 € . Ecrivain(s): Mona Fajal

 

Quelle merveilleuse idée !

Quelle belle initiative que de réunir en un même livre 10 villes, 10 histoires dont chacune se déroule dans chacune de ces villes, et 10 recettes qui sont chacune en relation avec chacune de ces villes où se passe chacune de ces histoires… Résumer ainsi la trame de l’ouvrage suffirait déjà presque à provoquer le début d’un tournis de mille et une sensations !

Alors, si on ajoute que ce kaléidoscope a pour décors naturels, pour saveurs traditionnelles, pour assaisonnement culturel toute la richesse et la magie de ce pays incomparable qu’est le Maroc, on fait forcément entrer le lecteur avant même qu’il ait soulevé, déjà tout alléché, le couvercle du livre, dans mille et un enchantements, d’où le titre du livre, qui en soi est d’emblée porteur d’un savant et savoureux tajine sémantique d’images et de références intertextuelles épicées d’un humour subtil.

Contes magiques de Haute-Kabylie, Salima Aït-Mohamed

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 22 Juin 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Bassin méditerranéen, Contes

Contes magiques de Haute-Kabylie, Salima Aït-Mohamed, Editions Franco-Berbères, novembre 2014, 154 pages, 19 €Contes magiques de Haute-Kabylie, Editions Franco-Berbères, novembre 2014, 154 pages, 19 € . Ecrivain(s): Salima Aït-Mohamed

Depuis les travaux de Greimas et son modèle actanciel fondé sur les recherches de Propp, et en dépit du fait que leur conclusion affirmant l’universalité des fonctions narratives du conte ont fait ces dernières années l’objet de sérieuses controverses, on est systématiquement tenté, à la lecture d’un conte extrait d’une littérature locale, orale ou écrite, d’en pratiquer une analyse comparée en le plaquant sur les schémas actanciels et narratifs qui nous sont culturellement familiers.

L’exercice est d’une facilité remarquable lorsqu’on l’applique à ces Contes magiques de Haute-Kabylie précieusement et heureusement recueillis par Salima Aït-Mohamed. Tout y est :

– situation initiale stable au sein d’une structure familiale tantôt royale, tantôt des plus humbles ;

– événement qui vient, rapidement après son exposition, brutalement bouleverser le tableau tranquille de la famille en question ;

– émergence, du sein de la famille, du héros ou de l’héroïne ;