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Bombay Girl, Kavita Daswani

Ecrit par Patryck Froissart 16.02.16 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, USA, Editions de Fallois

Bombay Girl, août 2015, trad. américain Danièle Mazingarbe, 253 pages, 20 €

Ecrivain(s): Kavita Daswani Edition: Editions de Fallois

Bombay Girl, Kavita Daswani

 

Voilà un roman qui ouvre une fenêtre inhabituelle sur la société indienne, puisque l’histoire se déroule de nos jours dans les milieux ultra-huppés de la minorité privilégiée que constituent les grandes familles affairistes de l’entreprise capitaliste multinationale tenant le haut du pavé dans la mégapole de Bombay, détenteurs de fortunes aux origines parfois douteuses, voire délictueuses.

Tout Bombay savait comment Dipo gagnait sa vie, mais tout le monde s’en moquait. Ce qui comptait, c’était que Dipo soit affreusement riche…

Dans ces hautes sphères, l’empire financier de la famille Badshah occupe une place enviée. C’est pourquoi l’annonce que fait publiquement le patriarche fondateur de la compagnie Badshah Industries retentit comme un coup de tonnerre dans le ciel doré de ce Bombay où se côtoient et évoluent, loin des bidonvilles, journalistes, vedettes de Bollywood, brasseurs d’affaires, multimillionnaires, banquiers, proxénètes, escrocs à l’affût : le grand-père, détenteur des clés de l’empire, décrète qu’aucun de ses trois fils n’héritera de l’affaire, laquelle reviendra à celui de ses petits-enfants qui saura lui proposer un projet conséquent de nature révolutionnaire susceptible d’apporter à l’affaire familiale très prospère de nouvelles perspectives de développement.

La compétition est lancée, mais, nouvelle et énorme surprise à laquelle personne ne s’attendait dans ce monde jusque-là exclusivement masculin, les concurrents doivent compter avec une concurrente !

Sohana, petite-fille au milieu des cinq petits-fils qui avaient cru être les seuls concernés par la déclaration de leur grand-père, décide en effet d’entrer en lice.

L’intrigue ainsi lancée, s’ensuivent les péripéties, retournements de situation et coups de théâtre propices à donner souffle, rythme et suspense qui caractérisent ces romans dont tout lecteur a envie de connaître le cours et le dénouement.

La narratrice est l’héroïne elle-même qui livre ses émois, ses velléités, ses espoirs, ses découragements, ses échecs, en une trame dense dans le fil de laquelle le lecteur assiste parallèlement à ses coups de cœur et à ses aventures amoureuses, à ses ruptures, et à des scènes de la vie quotidienne de cette haute bourgeoisie fortunée.

La lutte est sans merci, et les coups bas et trahisons portés de l’extérieur mais aussi fomentés à l’intérieur même du cercle familial pimentent cette saga offrant bon nombre de similitudes avec une célèbre série télévisée américaine des années 80/90.

Ces histoires ressemblaient à des séries télévisées, sauf qu’elles se passaient autour de moi…commente elle-même l’une des protagonistes.

La narration est habilement coupée, brièvement mais régulièrement par un chapitre où la parole est donnée à la grand-mère qui, s’adressant au lecteur comme en voix off, lui confie son point de vue et ses réactions émotives au regard de l’évolution et des remous de la situation familiale, des intrigues et des scandales « people » qui l’émaillent, tout en analysant et commentant les épreuves que traverse Sohana.

Par-delà ces tableaux d’une vie quotidienne qui semble régie par l’intérêt, le profit, les jalousies intestines, le souci du paraître et l’importance du qu’en-dira-t-on, l’auteure dénonce le machisme qui règne dans ces couches-là (aussi) de l’Inde moderne et le combat que doivent encore mener les femmes qui tentent de s’émanciper des contraintes sexistes imposées par les schémas sociaux traditionnels, qui imposeraient à l’héroïne de ne penser qu’à se trouver un mari « convenable » comme le lui rappelle sans cesse sa propre mère avant chaque soirée mondaine :

Les invités sont triés sur le volet. Tu pourrais rencontrer quelqu’un…

Le triomphe final de Sohana est un fort signe d’espoir de la part de l’auteure et son constat optimiste du changement qui semble s’opérer (lentement) dans les mentalités.

 

Patryck Froissart

 


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A propos de l'écrivain

Kavita Daswani

 

Journaliste, Kavita Daswani a grandi à Hong-Kong. Sa famille est originaire de Mumbai. Rédactrice de mode pour le South China Post à Hong Kong, elle a vécu à Paris de 1993 à 1995. Depuis, tout en voyageant à travers le monde pour couvrir les défilés de mode pour CNN, CNBC Asia, and Women’s Wear Daily et les événements de société, elle est installée depuis l’an 2000 à Los Angeles. Elle s’est fait connaître en France avec son premier roman, Mariage à l’indienne (De Fallois, 2003), qui a surpris par son ton libre et sans complexe, et son humour.

 

A propos du rédacteur

Patryck Froissart

 

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Patryck Froissart, originaire du Borinage, a enseigné les Lettres dans le Nord de la France, dans le Cantal, dans l’Aude, au Maroc, à La Réunion, à Mayotte, avant de devenir Inspecteur, puis proviseur à La Réunion et à Maurice, et d’effectuer des missions de direction et de formation au Cameroun, en Oman, en Mauritanie, au Rwanda, en Côte d’Ivoire.

Membre des jurys des concours nationaux de la SPAF

Membre de l’AREAW (Association Royale des Ecrivains et Artistes de Wallonie)

Membre de la SGDL

Il a publié plusieurs recueils de poésie et de nouvelles, dont certains ont été primés, un roman et une réédition commentée des fables de La Fontaine, tous désormais indisponibles suite à la faillite de sa maison d’édition. Seuls les ouvrages suivants, publiés par d’autres éditeurs, restent accessibles :

-Le dromadaire et la salangane, recueil de tankas (Ed. Franco-canadiennes du tanka francophone)

-Li Ann ou Le tropique des Chimères, roman (Editions Maurice Nadeau)

-L’Arnitoile, poésie (Sinope Editions)