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La Djouille, Jean Pérol

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 13 Décembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Editions de la Différence

La Djouille, août 2014, 288 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jean Pérol Edition: Editions de la Différence

 

Jean Pérol figure dans les chroniques de La Cause Littéraire en tant que poète, pour son recueil Libre livre. On le retrouve ici romancier.

La première partie du livre est un roman du crépuscule. Le narrateur, professeur retraité, retiré dans la solitude « d’un trou, à la frontière de l’Ardèche et des Cévennes », se raconte à la première personne, en une sorte de passage en revue, qui prend parfois l’air du bilan, de certains des chapitres de sa vie, de ses échecs, sur un ton désabusé, avec des accents souvent misogynes et plus généralement misanthropes, le tout empreint d’une forte dose de lucide auto-complaisance.

« […] j’étais las des femmes, de leurs querelles, de leurs becs de vautour et de leur rapacité. J’étais encore plus fatigué des hommes, qui en fait de becs et de serres, n’avaient rien à leur envier. Et finalement lassé aussi de jouer à me faire croire que je ne songeais qu’à la mort. Allez, Valéry, il fallait tenter de vivre ! »

Kif, Laurent Chalumeau

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 06 Décembre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Grasset

Kif, octobre 2014, 457 pages, 22 € . Ecrivain(s): Laurent Chalumeau Edition: Grasset

 

Certains parleront, après avoir lu ce roman, de langue littéraire évoluée, ou pour le moins évolutive. D’autres y verront d’intolérables, de scandaleuses atteintes à la « belle » langue française.

Kif n’échappera ni à l’une ni à l’autre de ces critiques.

Mais le lecteur qui ouvre un livre avec l’espoir d’y vivre quelques heures de pur plaisir aimera l’audace linguistique de l’auteur et la contextualisation réaliste que le langage utilisé procure à l’histoire.

L’histoire, c’est celle de petits malfaiteurs dont la nullité opératoire n’a d’égale que leur absence de scrupules et la médiocrité de leurs ambitions délictuelles. On croit revoir Les Pieds Nickelés. On a des réminiscences de San Antonio. On est dans le registre de la cinématographie du genre « Faut pas prendre les oiseaux du bon Dieu pour des canards sauvages ». Bref, on se marre.

Sur ce chemin, Gisèle Prevoteau

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 10 Octobre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Sur ce chemin, iPagination Editions, mai 2014, 290 pages, 15,10 € . Ecrivain(s): Gisèle Prevoteau

 

Catherine est depuis des années cadre supérieur d’une entreprise où elle est la spécialiste impitoyable de l’organisation des « plans sociaux », expression moderne du plus cruel cynisme pour désigner les mises à la porte massives, les licenciements collectifs, les charrettes remplies…

Très appréciée pour sa rigueur, son implication, sa motivation et son manque absolu d’humanité dans la mise en application froide et systématique de ces programmes d’épuration, elle vit seule et n’a d’autre passion que son travail, d’autre horizon que ses dossiers, d’autre famille que son collègue Gérard, son assistant, le frère de Paul, l’unique partenaire avec qui elle ait eu pendant quelque temps une vie de couple, Paul, qui a mis fin tout à coup à cette union en se suicidant.

Et voilà qu’un jour, rompant avec un quotidien professionnel très rigoureusement réglé, elle pète les plombs : au lieu de se rendre à son travail, sans savoir pourquoi, sans l’avoir prémédité, elle laisse sa voiture la conduire sur un chemin de hasard, toute volonté brusquement anéantie, tout contrôle de soi brutalement perdu, tout désir de vivre soudainement abandonné.

Résister ne sert à rien, Walter Siti

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 04 Octobre 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Italie, Roman, Métailié

Résister ne sert à rien (Resistere non serve a niente), traduit de l’italien par Serge Quadruppani, février 2014, 298 p. 21 € . Ecrivain(s): Walter Siti Edition: Métailié

 

L’auteur annonce d’entrée, en préambule, son parti-pris littéraire, en citant Graham Greene :

Le genre narratif est plus sûr : beaucoup d’éditeurs auraient peur de publier des essais sur ces thèmes.

Il a raison : ces thèmes, le lecteur s’en aperçoit très vite, sont explosifs, et la réalité à laquelle ils réfèrent est de la nature de la bombe à fragmentation.

Walter Siti, connaisseur averti des rouages occultes de la haute finance, aurait pu, c’est évident, tant paraît étendue sa science des mécanismes spéculatifs, choisir d’y consacrer un essai, voire une thèse, volumineuse, qui serait apparue comme un brûlot susceptible de réduire son auteur en cendres.

Il en a fait un roman incendiaire, dont l’acteur principal est Tommaso, le fils unique d’un mafioso italien minable, d’un fusible de l’Organisation qui passe une grande part du temps du récit en prison.

L’idiot du palais, Bruno Deniel-Laurent

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 01 Octobre 2014. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, La Table Ronde

L’idiot du palais, août 2014, 140 pages, 16 € . Ecrivain(s): Bruno Deniel-Laurent Edition: La Table Ronde

 

Ce court roman traite de façon crue des rapports de force entre les nantis et ceux qui n’ont rien.

Certes la toute-puissance de l’argent n’est pas spécifique de notre époque, mais l’auteur nous introduit dans ces kystes modernes d’omnipotence qui ont tendance à s’incruster un peu partout, à se généraliser, à se mondialiser par-delà toute forme de frontière.

En l’occurrence, on dénonce ici, en usant évidemment du filtre fictionnel, l’installation en toute légalité, en France par exemple, de nababs venus d’ailleurs, qui rachètent de luxueux hôtels particuliers où ils entretiennent en permanence, pour les y accueillir dignement lors de leurs séjours plus ou moins brefs dans l’hexagone, un régiment de domestiques recrutés aux quatre coins du monde, sur lesquels règnent en maîtres absolus les régisseurs de ces maisons, closes aux regards et aux intrusions, dont l’auteur décrit les rouages d’une organisation et d’une vie quotidienne échappant aux lois de la République.