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Pour que la mort ne crie pas victoire, Alexis Ruset

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 21 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Pour que la mort ne crie pas victoire, éd. Zinedi, janvier 2017, 211 pages, 19 € . Ecrivain(s): Alexis Ruset

Avec ce roman d’Alexis Ruset, le lecteur est plongé dans l’atmosphère trouble et mouvante d’un village situé sur la ligne bleue des Vosges, sur le front-est de la guerre de 14/18, quasiment entre les armées allemande et française dont les mouvements le mettent tantôt sous occupation ennemie tantôt en zone provisoirement libérée.

Le lieu de l’action constitue une scène idéale pour une intrigue qui met aux prises dans le petit village de La Harpaille des protagonistes dont certains profitent de l’état incertain des hostilités dans une guerre qui n’en finit pas de ne pas finir, pour donner libre cours à leurs bas instincts, à leurs jalousies, à leur haine de celui qui ne leur ressemble pas, de celui qui n’est pas « des leurs ».

Car le personnage central est venu de l’Alsace, alors allemande, avant la guerre et, dès son installation dans le village, il a suscité curiosité, moqueries, animosité, suspicion, superstition et répulsion. Il est nain, difforme, il arrive un soir monté sur un grand bouc blanc, il parle un alsacien mâtiné d’allemand, il est accueilli et logé par une vieille femme solitaire elle-même rabougrie, laide et édentée, dont la demeure est à l’extrême bout du village (représentation classique de la sorcière et de son habitation excentrée par rapport à la communauté villageoise) et qui lui loue un cabanon isolé dans la forêt proche. Il a, pour compléter l’archétype, des dons « diaboliques » de guérisseur et de vétérinaire. Le monstre et la sorcière…

Ada, ou l’ardeur, Vladimir Nabokov

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 15 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Roman, USA

Ada, ou l’ardeur (Ada or Ardor), trad. Gilles Chahine, Jean-Bernard Blandenier (trad. revue par l’auteur), 768 p. 12,50 € . Ecrivain(s): Vladimir Nabokov Edition: Folio (Gallimard)

Ce roman, paru initialement en anglais en 1969, est un diamant littéraire. Le thème essentiel, récurrent chez Nabokov, en est l’amour incestueux, ici entre frère et sœur. Mais contrairement au René de Chateaubriand, qui se morfond, en même temps que sa sœur et loin d’elle, dans la torture morale et le remords chrétien, ou au personnage, plus actuel, de Aue dans Les Bienveillantes de Littell, qui nourrit pour sa sœur une passion morbide et dévastatrice, Van Veen et Ada, sa cousine et demi-sœur, assument, consomment et revendiquent un amour flamboyant, heureux, sensuel, qu’ils conservent intact et mènent malgré les vicissitudes et les séparations, parfois très longues, imposées par les conventions sociales, terriblement bourgeoises, jusqu’à la fin du roman, qui décrit la vieillesse paisible qu’ils vivent enfin réunis.

Pas de dénouement tragique, donc, puisque notre lecture s’achève sur les réflexions existentielles d’un Van de quatre-vingt-dix sept ans, narrateur et personnage principal, en train d’apporter, aidé d’Ada, les dernières corrections au chapitre qui clôt le récit de ce magnifique amour, toujours vivace, qui n’a jamais faibli depuis les premières étreintes, immédiatement et furieusement charnelles, entre l’adolescent averti de quatorze ans qu’il était et l’ardente jeune fille de douze ans qu’était sa sœur.

Le venin du papillon, Anna Moï

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 05 Avril 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Asie, Roman, Gallimard

Le venin du papillon, février 2017, 296 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Anna Moï Edition: Gallimard

 

Dans la société post-coloniale du Vietnam du sud, alors que les armées françaises ont quitté le terrain et que s’affrontent les communistes du nord d’une part et les forces américaines installées au sud du 17e parallèle d’autre part, le destin chaotique de deux familles de la région de Saïgon est un microcosme symptomatique des bouleversements incohérents que connaît alors cette partie du monde.

D’un côté, la jeune Xuan, fille de Mae et de Ba, officier de l’armée vietnamienne.

De l’autre, la jeune Odile et son frère Julien qui vivent, livrés à eux-mêmes, leur mère ayant refait sa vie en Europe, dans la grande maison coloniale d’un père français régulièrement absent.

Les vies des trois adolescents vont se croiser dans les turbulences d’un pays en état de guerre.

Monsieur Han, Hwang Sok-Yong

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 27 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Asie, Roman, Zulma

Monsieur Han, octobre 2016, trad. coréen Choi Mikyung, Jean-Noël Juttet, 133 pages, 8,95 € . Ecrivain(s): Hwang Sok-Yong Edition: Zulma

Roman du déchirement d’un pays, la Corée, et de la déchirure pour la plupart des Coréens, exprimés par le cours de l’histoire chaotique d’un homme que le tsunami de l’Histoire du monde emporte dans ses lames dévastatrices.

Le roman commence par le portrait d’un vieil homme solitaire, Monsieur Han, pauvre et peu communicatif, employé comme croque-mort subalterne dans une petite entreprise de pompes funèbres, locataire d’une chambre misérable dans un immeuble délabré d’un quartier défavorisé d’une ville de Corée du Sud au début des années soixante-dix, soit près de vingt ans après la signature de l’armistice de Panmunjeom en 1953.

Atmosphère sombre de roman réaliste (on pense irrésistiblement à la maison Vauquer et au Père Goriot), voisins d’immeuble tantôt méprisants, tantôt hostiles, tantôt charitables, tous à l’affût de la vacance prévisible et souhaitée de la chambre sordide occupée par Monsieur Han et ardemment convoitée par les résidents obligés, en conséquence de la crise du logement qui a suivi la signature de l’armistice entre les deux Corées et l’afflux de réfugiés du Nord vers le Sud, de vivre entassés les uns sur les autres dans une promiscuité difficile à supporter.

Ainsi parlait Novalis, Dits et maximes de vie

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 25 Mars 2017. , dans La Une Livres, Anthologie, Les Livres, Critiques, Essais, Langue allemande, Arfuyen, Poésie

Ainsi parlait Novalis (Also sprach Novalis), Dits et maximes de vie choisis et traduits de l’allemand par Jean et Marie Moncelon, Edition bilingue, novembre 2016, 150 pages, 13 € Edition: Arfuyen

 

Que voici une précieuse anthologie d’extraits choisis de l’œuvre de Novalis, dans cette belle collection qu’enrichissent régulièrement les Editions Arfuyen pour nous faire partager les dits de Sénèque, de Maître Eckhart, de Shakespeare, de Paracelse, de Lulle, d’Emily Dickinson !

Novalis fut poète et philosophe. L’un de ses leitmotiv fut de proclamer l’indissociabilité de la poésie et de la philosophie, toutes deux incarnées par son égérie, son icône au prénom signifiant, Sophie von Kühn, morte à l’âge de quinze ans.

La poésie, dans son rapport intrinsèque avec la philosophie, est donc naturellement l’un des sujets récurrents de ce recueil bilingue. La poésie pour Novalis est à la fois pour l’homme le principe littéraire, le principe vital, le principe moral, le principe existentiel, le principe religieux et l’expression mystique, le principe cosmique, le principe mathématique, le principe universel et le principe divin, le principe créateur, le principe thérapeutique… et, intégrant tout ce qui précède, le principe philosophique.