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Paris poème bleu, Rocío Durán-Barba

Ecrit par France Burghelle Rey , le Samedi, 04 Février 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Paris poème bleu, éditions La Porte . Ecrivain(s): Rocío Durán-Barba

 

Le recueil de Rocío Durán-Barba, dédié à sa mère et illustré par elle-même de belles encres parisiennes, mérite grandement une relecture régulière.

Dès les premières pages, énergie et enthousiasme que manifeste une accumulation de riches adjectifs et substantifs emportent l’adhésion du lecteur qui vibre déjà à cette première chute : « Je n’étais pas devant la Ville / J’étais dedans ».

Métaphore du destin, à la fois fixe et mobile, le lieu est à explorer : « J’inventai un domicile ». Le temps aussi dans les bruits du jour et de la nuit : « Je cherchais des réponses ».

Le récit poétique avance, ponctué par les passés-simples, marqué dans sa durée par les imparfaits. Avec une vivacité dont rend compte la liberté de la versification : strophes longues ou courtes, alexandrins ou vers brefs. L’amour de la vie s’y manifeste, toutes les formes d’art sont évoquées au moyen de nombreux verbes d’action et au milieu de « La Ville géante », des beautés de sa nature : « L’avis de l’oiseau du petit matin », de ses foules : « millions de souliers pressés ».

Petits riens pour jours absolus, Guy Goffette

Ecrit par France Burghelle Rey , le Vendredi, 13 Janvier 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Gallimard

Petits riens pour jours absolus, juin 2016, 120 pages, 14 € . Ecrivain(s): Guy Goffette Edition: Gallimard

 

Le tout récent opus de Guy Goffette rassemble des textes parus ces dernières années et publiés dans des versions différentes. Un sage exergue de Robert Walser concernant la manière dont on doit vivre invite le lecteur à en savoir plus et le texte incipit le comble déjà par sa perfection à la fois sémantique et stylistique :

 

« Quand plus rien ne chante au dehors

je puise dans le sac et sème

sur la page un peu de poussière

d’oubli et le jour paraît comme

un musicien qui tend son chapeau ».

9.3 blondes light, Jean-Luc Despax

Ecrit par France Burghelle Rey , le Vendredi, 16 Décembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Le Temps des Cerises

9.3 blondes light, 150 pages, 12 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Despax Edition: Le Temps des Cerises

 

9.3 blondes light : recueil, par définition, d’une poésie engagée. Pour défendre le peuple, il faut défiler la cigarette à la bouche, écrire, à l’aide d’une blonde, texte après texte, une diatribe inspirée. A chaque bouffée correspond alors une inspiration et une expiration pour 93 textes et un excipit sans tabac qui crache son venin contre ce siècle et celui qui le précède.

Juste à la suite de l’incipit Cigarette 2, Liberty est déjà l’annonce de ces paris-inventaires qui par leurs jeux de mots et de sons – rimes et assonances – instaurent la musique ironique nécessaire. Une poétique qui empêche le réalisme de transmuer la poésie en prosaïque, et laisse le lecteur interloqué par une culture foisonnante en prise avec le monde moderne où est entraînée façon Apollinaire, pour y danser, une certaine Mary Ann. Surréalisme, également, entaché de Villon, si on veut parler d’influences. Les contrastes de tons sont remarquables, l’humour contrarie le tragique et se fait grinçant : « Marie-Antoinette époque Weight Watchers ». Jean-Luc Despax est encore imprégné de ses 220 slams sur la voie de gauche, publiés en 2010.

Dans les méandres des saisons, Richard Rognet

Ecrit par France Burghelle Rey , le Samedi, 26 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Gallimard

Dans les méandres des saisons, 14,50 € . Ecrivain(s): Richard Rognet Edition: Gallimard

 

Le premier volet du recueil de Richard Rognet, Dans les méandres des saisons, se place, dès le sonnet liminaire, sous la protection des pierres et de leur silence annonçant d’emblée une réflexion sur le temps qui marque l’ensemble du texte. En effet quand le regard n’est pas précis mais quand le mot, lui, l’est trop et nuit à la plénitude des choses, oxymore à l’image de celui qui se formule ici tout au long du texte entre lumière et mort, tout se délite. Ainsi, à la tombée de la nuit, lorsque la mort se met à vivre au point qu’elle « boit le sang » le destin menace d’autant que l’automne arrive. C’est que la fin de l’été rappelle un départ vécu et qu’intervient alors une présence féminine à l’état de souvenir et qui favorise une apostrophe à l’autre. Une aussi à soi-même : « Qui donc es-tu, enfant secret / dans la nuit de / ma mémoire ? » au moment où la marche se fait rédemptrice et où se produit un dédoublement. Malheureusement, avoue le poète narrateur, « Je passe près de moi sans reconnaître qui je / fus ». Cette dialectique présence-absence est prégnante dans l’évocation même des « chers disparus »  comme le père dont « l’ombre revient… dans l’inconnu d’autres présences ». Il y a aussi « une femme courbée sur des / fleurs un peu lasses », et avec les choses du tiroir qu’il ne faut pas déranger, le « carnet d’adresses » qui garde les morts en mémoire.

De silence et de chair, Valérie Fontalirant

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mardi, 25 Octobre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Les Vanneaux

De silence et de chair, juin 2016, 41 pages, 15 € . Ecrivain(s): Valérie Fontalirant Edition: Les Vanneaux

 

Le titre du recueil de Valérie Fontalirant aux éditions des Vanneaux fait appel aux sens avant même l’incipit où « les vents d’éther », par un jeu du lexique, surprennent d’emblée le lecteur. En même temps que le destinataire du texte, celui-ci voit et entend dans un monde en guerre passé au crible et où la matière se meurt : « plafond craquelé », « surface écaillée ».

La marche, métaphore de l’écriture, et ses « collets » est-elle une solution comme la symbiose à la terre jusqu’à « devenir limon » ? En effet, avec la présence quotidienne de la mendiante, elle conduit au Tiers-monde au milieu de « la rumeur de la faim ».

Pour montrer la résistance à cette misère, les verbes d’action s’énumèrent à l’infinitif dans des strophes en vers libres et aux mètres variés.

A la suite de cette réflexion surgissent la figure de « l’Autre » et, sournoise, la présence des mots du passé dont il faut « laisser (l’ombre) émerger ».