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Articles taggés avec: Chauché Philippe

Nikolaï, le bolchevik amoureux, Gérard Guégan (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 27 Mars 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Nikolaï, le bolchevik amoureux, éd. Vagabonde, mars 2019, 172 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Gérard Guégan

 

« Désormais, c’est ici, le nez sur la vitre, que tu reprends des forces en accordant la réalité à ton imagination.

C’est ici que tu chasses de ton esprit le Grand Equarisseur, lui qui, contre toute attente, t’a envoyé en secret à Paris avec mission d’acheter au meilleur prix les archives et les manuscrits de Marx que les socialistes allemands, aidés par les mencheviks russes, ont su sauver des flammes et déposer à Amsterdam au lendemain de l’arrivée de Hitler au pouvoir ».

Nikolaï le bolchevik amoureux est le roman du séjour parisien de Nikolaï Boukharine, un bolchevik de la première heure, proche de Lénine, membre du Comité central, et un temps responsable de l’Internationale communiste, un temps fidèle à Joseph Staline, un temps seulement, le temps d’une mission, d’un exil, avant la chute !

Le Nouveau, Philippe Sollers (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 22 Mars 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Gallimard

Le Nouveau, Philippe Sollers, Gallimard, mars 2019, 144 pages, 14 €

 

« Pour les séances en mer, Le Nouveau, petit format, traînant derrière lui sa barque, fera l’affaire. Ancrage à 100 mètres, on part très tôt le matin avec la marée, rentrée le soir avec le retour de l’eau. Louis a prolongé cette tradition, qui se retrouve avec moi dans l’encre bleue, le matin et en fin d’après-midi, face au large. Les mouettes commencent leur ballet fou, elles crient dans le ciel d’orage. Je pense à Edna, ma belle Irlandaise. Sa photo est là, sur la cheminée. Elle à l’air gaie ».

Pas surprenant lorsque l’on habite une île, et que l’on est Bordelais, d’avoir des passions marines, pas surprenant lorsque l’on est écrivain, et grand lecteur de Conrad, de souvent prendre le large, à Venise, faisant sienne la devise de Joyce : « Le silence, l’exil, la ruse ». La maison de l’Ile de Ré s’invite souvent sur la pointe des pieds dans les romans de Philippe Sollers. Silencieuse, habitée de silence et de mémoire, elle ne fait pas de vagues, elle est là, comme une boussole, un pôle, qui abrite « L’Isolé absolu » (1). Dans ce film pour la télévision, l’écrivain montre de la main gauche des pages de son cahier, écrites à l’encre bleue :

Oyana, Eric Plamondon (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 15 Mars 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Quidam Editeur

Oyana, mars 2019, 152 pages, 16 € . Ecrivain(s): Éric Plamondon Edition: Quidam Editeur

 

« Depuis une époque de ma vie, le mode du secret s’est imposé. Cela s’est fait sans que ce soit un choix. Alors ce que tu vas lire sera douloureux, comme il est douloureux pour moi de l’écrire. Tu vas découvrir la face cachée de celle avec qui tu vis depuis des années, qui en a été aussi heureuse que parfois dépitée. La vie a décidé que je devais faire face à mes fantômes ».

Trois lettres nomment les fantômes d’Oyana : ETA, Euskadi Ta Askatasuna, Pays basque et liberté. Trois lettres qui ont hanté l’Espagne et par rebond la France de 1959 au 3 mai 2018, date de la dissolution de l’organisation terroriste basque. Fantômes enfouis, qui vont ressurgir lorsque Oyana lit dans un journal de Montréal l’annonce de la disparition de l’organisation clandestine. Fantôme de son père, de l’attentat le 20 décembre 1973 contre Carrero Blanco, le bras droit de Franco, qui de toute évidence devait lui succéder, assassiné dans l’attentat le plus spectaculaire organisé par ETA. Fantômes de cette mère et de son enfant, victimes involontaires d’un attentat de l’ETA qui visait des policiers à Saint-Sébastien en Espagne, Oyana était du commando.

Vesoul, le 7 janvier 2015, Quentin Mouron (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 06 Mars 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Olivier Morattel éditeur

Vesoul, le 7 janvier 2015, janvier 2019, 120 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Quentin Mouron Edition: Olivier Morattel éditeur

 

« Le picaro est cadre, homme d’affaire, plasticien, écrivain. Il n’a ni attache, ni patrie ; il ne reconnaît aucune frontière, aucune religion. Il est planétaire. Il saute les méridiens. Il glisse autour du globe. Son visage est jeune, lisse, pur ; sans échancrures ethniques, sans miasmes historiques. C’est un ange. Mon maître dans son Audi, me semblait un ange ».

Vesoul, le 7 janvier 2015, nous plonge dans l’histoire ubuesque d’un cadre supérieur adepte de grosses cylindrées, de manifestations culturelles, du jazz, d’alcools forts, de la gymnastique traditionnelle chinoise, de bars sympas, de plans cools et de spots de princes. Le narrateur qui fait du stop va tomber sur ce personnage issu de romans picaresques, un futé bien affuté que rien n’effraie. Comme Don Quichotte et Sancho dans La Mancha, ils vont tourner en rond dans Vesoul. D’une escale très arrosée au vin d’Arbois dans une gargote délabrée occupée par une douzaine de silhouettes ployées sur les godets à l’Hivernale des Poètes, le narrateur passe à la moulinette les comportements et la novlangue de ces artistes, plus ridicules les uns que les autres, et persuadés que La poésie rend libre. Nos aventuriers vont alors traverser le Tunnel des citations, où des centaines d’extraits de poèmes, de romans ou d’essais, sont mutilés de mots et de phrases qui n’ont plus leur place dans ce nouveau monde.

Scène de la vie conjugale, Philippe Limon (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 20 Février 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Scène de la vie conjugale, janvier 2019, 15 € . Ecrivain(s): Philippe Limon Edition: Gallimard

 

« Je lui ai encore demandé depuis quand elle avait eu l’intention de coucher avec quelqu’un d’autre pendant mon absence, si c’était seulement depuis qu’elle avait revu son ancien partenaire sexuel occasionnel d’autrefois par hasard, un soir de printemps, si c’était depuis qu’elle avait regardé les photographies du temps jadis, ou si, avant ça, elle avait déjà tout simplement envisagé de coucher avec le premier venu ».

Scène de la vie conjugale est un premier roman, publié par L’Infini, la collection que dirige Philippe Sollers chez Gallimard. L’éditeur écrivain nous confiait qu’il n’avait pas grand mal à décider de la publication d’un roman : « Il y a une voix ou pas premièrement, deuxièmement, il y a une composition latente qui se reconnaît, ce n’est pas seulement de savoir si c’est bien écrit, c’est de savoir si c’est composé comme en musique ». Scène de la vie conjugale est un roman qui a de la voix et du style, avec ses variations et ses vibrations de colère. Une voix et une composition qui sautent aux yeux.