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L’étoile dansante, Maxime Dalle (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 15 Février 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

L’étoile dansante, Maxime Dalle, Editions Herodios, janvier 2023, 200 pages, 20 €

 

L’étoile dansante de Maxime Dalle aurait pu s’intituler Vie d’Athanase, enfant du siècle. On pense en effet à Musset, à Nizan, toute comparaison qualitative écartée. Autant qu’un parcours individuel, c’est une trajectoire inscrite dans une époque qui nous est retracée, et se dessinant souvent contre elle. Et comme Musset ou Nizan, Dalle, né en 1989, ne donne pas de son époque, la nôtre (grégaire, bégayante, pusillanime), une image réjouissante.

Athanase approche de la trentaine dans le chapitre I ; il a vécu, a été déçu, se demande où porter ses pas ; inadapté et irréconcilié, il apprend le funambulisme (discipline symbolique, bien sûr) dans le cirque tzigane de M. Mirwaïs – clin d’œil à Genet et à Abdallah Bentaga ? Il chutera d’ailleurs (accident symbolique, évidemment), comme Abdallah Bentaga, à la fin de la première partie, et sombrera dans le coma. Nous ne dévoilerons pas comment se termine son aventure.

Lettre à Arnaud Genon sur une « passion circulaire » (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 04 Janvier 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Fous d’Hervé, Correspondance autour d’Hervé Guibert, Arnaud Genon, Presses Universitaires de Lyon, septembre 2022, 176 pages, 15 €

 

« Cette conduite, à la fois très affective et très surveillée, très amoureuse et très policée, on peut lui donner un nom : c’est la délicatesse »

(Barthes, Fragments d’un discours amoureux)

Monsieur,

Je vous remercie pour votre livre. J’ai toujours scrupule à être sollicité par un auteur ou un éditeur car on attend de moi, je l’imagine, en la circonstance, si je rédige une chronique, un plein éloge qu’il serait discourtois de nuancer. Or j’ai été vite rassuré : c’est un bel hommage, un bel « exercice d’admiration » que vous nous offrez là. Je le dis avec d’autant plus de sincérité que si j’ai été, à la fin du siècle dernier, un lecteur régulier mais critique de Guibert, l’autofiction, dont vous êtes un spécialiste, ne me touche plus guère aujourd’hui – parce qu’elle prolifère, jusqu’à sa consécration par un prix Nobel ?

Mourir avant que d’apparaître, Rémi David (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 16 Décembre 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Rémi David, Mourir avant que d’apparaître, Gallimard, juin 2022, 166 pages, 18 euros.

 

Est-il possible d’écrire un roman sinon raté, du moins médiocre et parfois ennuyeux malgré sa brièveté (162 pages) sur un sujet magnifique (risqué, bien sûr, mais magnifique) ? Rémi David, né en 1984, nous en fournit la preuve avec Mourir avant que d’apparaître, publié par Gallimard en juin 2022.

Les personnages de Mourir avant que d’apparaître appartiennent à l’histoire littéraire puisque la relation tumultueuse entre Jean Genet et Abdallah Bentaga, dédicataire du Funambule (1958), constitue la trame du récit. Rémi David retrace avec clarté et précision les étapes de cette relation : la rencontre d’Abdallah, âgé de dix-huit ans, avec Genet, grâce à Monique Lange, en 1955 ; le difficile apprentissage du funambulisme ; les premiers succès et les voyages à travers l’Europe pour échapper à la police française et à un ordre de conscription pendant la guerre d’Algérie ; la deuxième chute d’Abdallah, le contraignant à renoncer à sa carrière artistique ; l’éloignement progressif de Genet après l’entrée dans sa vie de Jacky Maglia, qui supplante peu à peu l’acrobate foudroyé ; le suicide d’Abdallah enfin, en février 1964. On croise, de chapitre en chapitre, outre Monique Lange, Olivier Larronde (belle évocation), Juan Goytisolo, Cocteau, Giacometti, Sartre.

Sur les Cahiers Lautréamont N°4 (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 08 Décembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Revues, Classiques Garnier

Cahiers Lautréamont, n°4, sous la direction de Kevin Saliou, Classiques Garnier, septembre 2022, 364 pages, 42 euros

 

La mousson est passée sur la côte occidentale de l’Inde mais, en ce mois de novembre, de fortes pluies, de hautes vagues battent encore les digues et les pontons de Fort Kochi et de Vypeen. Nous nous promenons malgré le vent et les embruns. Et nous songeons, face à la mer agitée, à des apostrophes célèbres, cérémonieuses, chargées de littérature : « O vieil Océan… » (etc. : chacun connaît la suite). Cela tombe bien car, justement, rentré dans notre chambre, nous découvrons la quatrième livraison des Cahiers Lautréamont, sous la direction de Kevin Saliou, que viennent de publier les Classiques Garnier ; et nous les trouvons, comme les précédents, malgré la grisaille uniforme de la langue propre à ce genre de travaux, passionnants – pour les ducassiens et, nous l’espérons, pour les non-ducassiens.

Nous en retenons dix précisions ou clarifications capitales – à nos yeux en tout cas capitales :

Les Poésies d’A. O. Barnabooth, Valery Larbaud (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 02 Décembre 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Valery Larbaud, Les Poésies de A.O Barnabooth, Poésie / Gallimard, 1966, 123 pages, 6, 80 euros.

 

« (…) grands dieux neurasthéniques

Et farouches, est-ce vous qui me dictez ces accents,

Ou n’est-ce qu’une illusion, quelque chose

De moi-même purement – un borborygme ? » (V. L. Ma muse)

 

1913. Année faste pour la littérature française. Publication d’Alcools d’Apollinaire, de la Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France de Cendrars et des Œuvres complètes d’A.O. Barnabooth de Larbaud (La Nouvelle Revue Française). Les Poèmes par un riche amateur avaient d’abord paru en 1908 (éd. A. Messein). La réédition de 1913 est, selon l’expression consacrée, « revue et corrigée ».