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Articles taggés avec: Froissart Patryck

Shijing, Le Grand Recueil, Ivan Ruviditch (par Patryck Froissart)

, le Jeudi, 14 Septembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Shijing, Le Grand Recueil, Ivan Ruviditch, Editions Le Corridor bleu, 2019, Poésie chinoise classique, trad. Pierre Vinclair, 432 pages, 24 €

Traduit du chinois par le poète Pierre Vinclair, ce recueil est présenté comme une anthologie classique de la poésie chinoise dont les textes les plus anciens remonteraient à l’époque de la dynastie des Zhou, soit à environ 1100 avant notre ère. L’ensemble aurait été compilé par Confucius. Le volume est constitué de trois cent-cinq pièces, réparties en quatre Livres comportant eux-mêmes un nombre variable de Chants ou d’Hymnes classés en sous-ensembles.

On se laisse facilement prendre au pittoresque des lieux, à l’exotisme des situations, au décalage culturel, à la téléportation dans des époques et des espaces révolus. La représentation poétique de la simplicité de la vie rurale, la poésie du quotidien, des relations familiales,

Un vent glorieux venu du sud

agite les branches du jujubier

Maman était une sainte

et nous des moins-que-rien

Le Docteur Jivago, Boris Pasternak (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 08 Septembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Russie, Gallimard

Le Docteur Jivago, Boris Pasternak, Gallimard, mai 2023, trad. russe, Hélène Henry, 704 pages, 26 € Edition: Gallimard

 

Quelle belle et opportune incitation à relire (ou à lire) une œuvre figurant, à juste titre, au patrimoine universel de la littérature que cette réédition par Gallimard au prétexte justifié d’une nouvelle traduction ! Il serait sans doute fort intéressant, pour un universitaire, pour un fieffé lettré, pour un critique érudit, tous fins connaisseurs de l’œuvre et capables de lire le texte original, de comparer cette version française à celles qui l’ont précédée, en particulier et en priorité à la plus courante, celle parue, déjà, chez Gallimard en août 1958, non signée mais dont les quatre traducteurs qui en avaient assumé la charge sont identifiés.

L’objectif du présent article est infiniment plus modeste : il ne s’agit que de recenser dans notre magazine cette nouvelle édition, présentée dans son beau volume, afin de susciter ou de ressusciter chez tout lecteur de la rubrique l’envie de se laisser emmener, emporter, transporter :

- Dans un étonnant, étourdissant, passionnant voyage de sept cents pages au long, en large et au travers des immensités russes, dans la profonde intimité de leurs paysages changeant au fil des descriptions, savoureusement poétiques, de variations saisonnières continues ;

Entre les jambes, Huriya (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 01 Septembre 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

Entre les jambes, Huriya, Editions Le nouvel Attila, avril 2021, 350 pages, 20 €

 

Ce roman puissamment provocateur, pour une bonne part autobiographique, écrit par l’écrivaine franco-marocaine Huriya, a pour thèmes la confrontation des cultures au sein d’un couple mixte et l’hypocrisie à laquelle peuvent être contraints les individus nés et évoluant au sein d’une société qui les soumet à des règles de vie morales et sociales omni oppressantes. Le personnage principal et narrateur à la première personne se raconte depuis le jour où sa mère, ayant décidé que la présence embarrassante, inconvenante à ses côtés, de cet enfant sans père, de ce « bâtard » non voulu, l’empêche de vivre pleinement sa vie de femme célibataire libérée, voire libertine, l’abandonne sans préavis chez ses propres parents, un couple mixte franco-marocain résidant à Marrakech.

Je crie en direction de ma mère :

« Maman, ne me laisse pas !

– Ne m’appelle pas maman. Je ne suis pas ta mère ».

Au pipirite chantant, Jean Métellus (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 30 Août 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie, Editions Maurice Nadeau

Au pipirite chantant, Jean Métellus, Collection Poche Maurice Nadeau, septembre 2022, 190 pages, 9,90 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Publiée initialement en 1978 par Maurice Nadeau, cette œuvre essentielle du poète haïtien Jean Métellus vient d’être rééditée, avec une introduction de Claude Mouchard, dans l’élégante et toute nouvelle Collection de Poche que Gilles Nadeau et Laure de Lestrange ont récemment créée. Faite de textes de longueur très inégale, dont un poème d’un seul tenant sur pas moins de cinquante-cinq pages, l’œuvre chante récurremment, de manière obsédante, tout au long de diverses autres thématiques, l’éloge du « mot », du terme, du vocable, du lexème, à quoi le poète voue un culte incessamment réaffirmé. En écho à la voix primordiale du pipirite, cet oiseau de bon augure qui, premier à lancer son chant au bout de la nuit, annonce l’advenue de la lumière, l’auteur pare le mot, cet « attribut » originel qui fait foncièrement de l’homme un être humain, de toutes les qualités, de tous les statuts, de toutes les potentialités, et le voit à la source de toutes les fonctions existentielles, l’usage pouvant en être fait pour le meilleur comme pour le pire. Projeté à la face et à l’intérieur du monde par le poète, le mot, personnifié, incarné, devenu être vivant, ayant acquis sa propre autonomie, est, métonymiquement, ici, un actant social.

Le fils de l’homme, Jean Baptiste Del Amo (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 24 Août 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Folio (Gallimard), Roman

Le fils de l’homme, Jean Baptiste Del Amo, Gallimard, Folio, mars 2023, 288 pages, 8,70 € . Ecrivain(s): Jean-Baptiste Del Amo Edition: Folio (Gallimard)

 

Prix FNAC 2021, ce roman vaut par l’atmosphère pesante, angoissante que l’auteur y crée et qu’il y maintient du début à la fin.

Une première partie, dont le caractère hors texte est exprimé par l’usage de l’italique, plonge le lecteur dans l’oppressante mise en scène d’une tribu nomade préhistorique en marche en un milieu naturel inhospitalier, voire limbique. L’élément narratif essentiel consiste en un accouchement risqué, dans des conditions élémentaires, et à la naissance d’un enfant, « le fils de l’homme », dont la survie est hypothétique tant les circonstances d’existence sont précaires, périlleuses, en cette avance forcée vers un ouest onirique que jalonnent les cadavres des plus faibles.

Mais pour l’heure, l’enfant appartient encore au néant ; il n’est qu’une infime, une insoutenable probabilité tandis que la horde des hommes avance tête baissée dans la bourrasque, troupeau vertical, opiniâtre et loqueteux.