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Articles taggés avec: Epsztein Pierrette

Le pays du lieutenant Schreiber d'Andreï Makine

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 06 Juin 2014. , dans La Une CED, Etudes, Les Dossiers

Le pays du lieutenant Schreiber, Andreï Makine, éd. Grasset, janvier 2014, 220 pages, 17 €

La vie est une ronde, écrivait Schnitzler.


Cette fois, je vais oser le « Je ». Ce sera moins un compte-rendu que le récit des conditions d’une lecture.

Ce soir-là, Andréï Makine est l’invité de la librairie, juste en face de chez moi. Il présente son dernier roman, Le pays du lieutenant Schreiber. Je connais de lui Le testament français. Je l’ai acheté quand il est paru en 1995 et a reçu le prix Goncourt, le prix Médicis et le prix Goncourt des Lycéens.

Ce livre m’avait bouleversée. Je décide de venir à cette rencontre. J’arrive en avance, l’auteur est déjà là et parle à la libraire qui me connaît bien. Un homme très grand, beaucoup de prestance, une élégance discrète. La libraire me présente. Nous nous serrons la main et nous nous disons bonjour. Je suis d’emblée séduite par son accent qui me ramène au temps de ma jeunesse et des Chœurs de l’Armée Rouge et de l’enthousiasme de ma famille pour le communisme puis leur éloignement en 1956, lors de l’intervention russe en Hongrie, pays d’origine de ma mère, après laquelle nous recevrons une grande partie des jeunes de sa famille qui s’exileront. La rencontre s’arrêtera là.

Un portrait de Jane Austen, David Cecil

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Lundi, 28 Avril 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Petite bibliothèque Payot, Iles britanniques, Biographie

Un portrait de Jane Austen, trad. Anglais Virginie Buhl. octobre 2013, 304 p. 9,15 € . Ecrivain(s): David Cecil Edition: Petite bibliothèque Payot

 

Qui n’a pas eu le plaisir de découvrir dès l’adolescence les deux romans les plus célèbres de Jane Austen, Orgueil et préjugés et Raisons et sentiments, n’a pas été pris dans les filets de son écriture. Mais ceux qui ont eu cette joie ont ensuite poursuivi la lecture de ses récits à l’âge adulte. Nous avons aussi pu avoir la surprise de découvrir son univers dans des films ou des téléfilms qui ont pu servir de fil conducteur vers ses livres. Cet auteur s’adresse-t-elle plus particulièrement à un public féminin comme on le laisse souvent entendre ? Peut-être, mais ce n’est pas certain. Jane Austen est décédée à 42 ans au faîte se son talent. En six romans, elle est devenue l’un des plus célèbres écrivains britanniques.

En 1978, Lord David Cecil publie en Angleterre Un portrait de Jane Austen. Ce livre est traduit en français en 2009 et paraît en poche en octobre 2013 dans la collection de la Petite Bibliothèque Payot. On peut donc le lire à petit prix.

L’auteur s’explique sur sa visée dès l’avant-propos : « Les renseignements dont nous disposons sont fragmentaires et aucun des romans de Jane Austen n’est autobiographique ».

Le vieil orphelin, Serge Moati

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 17 Avril 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Récits, Flammarion

Le vieil orphelin, octobre 2013, 414 pages, 21 € . Ecrivain(s): Serge Moati Edition: Flammarion

 

Le vieil orphelin de Serge Moati paru en octobre 2013 aux éditions Flammarion se présente comme un récit autobiographique. C’est cela et c’est bien plus que cela, car parfois il invente, se scrute, il regarde sa vie en surplomb avec une certaine tendresse et un humour certain. L’auteur nous présente des faits mais il ne cherche pas la neutralité.

L’affect, l’émotion, dominent dans une écriture à fleur de peau, à fleur de sensibilité. Jamais il n’est dupe de ses illusions. L’histrion s’efface ici devant l’homme blessé. Il quitte l’habit du personnage pour nous dévoiler une personne. Il se livre sans concessions, se démasque avec une grande lucidité derrière le rire qui sans cesse atténue son propos. Alors plongeons dans le bain : « J’ai soixante-sept ans. Et j’ai onze ans. On a toujours l’âge de son deuil. L’inconscient ne vieillit pas. C’est déjà ça. Mais c’est angoissant ».

Entrons dans un appartement cossu du sixième arrondissement. Nous sommes dans le salon et nous découvrons deux personnages installés dans un profond et confortable canapé propice à la confidence.

Critique de la raison nègre, Achille Mbembe

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Samedi, 12 Avril 2014. , dans La Une Livres, Afrique, Les Livres, Critiques, Essais, La Découverte

. Ecrivain(s): Achille Mbembe Edition: La Découverte

 

L’objectif du livre d’Achille Mbembe, Critique de la raison nègre, est de prouver que la figure du « nègre » est indispensable pour penser le monde contemporain. Aujourd’hui ne serions-nous pas en train de devenir tous des nègres au service du capitalisme financier ?

Cet essai se veut politique et poétique. Achille Mbembe connaît parfaitement la vibration des concepts dans l’inconscient collectif et la puissance des idées sur les mécanismes de la domination sociale.

Le titre de son ouvrage est inspiré du celui d’Emmanuel Kant, paru en 1781, Critique de la Raison Pure. Le philosophe allemand avait pour projet d’examiner les conditions dans lesquelles le sujet humain assume sa vie d’adulte au cœur de l’espace public, devient un sujet capable de se dire en liberté et en dialogue avec les autres, dans un geste dialectique d’affirmation d’une certaine singularité et en même temps de participation à quelque chose qui relève de la similarité, de « l’en-commun ». Pour cela, il s’appuyait sur la raison.

L’identité malheureuse, Alain Finkielkraut

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 04 Avril 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Essais, Stock

L’identité malheureuse, octobre 2013, 240 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Alain Finkielkraut Edition: Stock

 

Il faut lire le dernier ouvrage d’Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse, paru aux éditions Stock en octobre 2013. Son parti pris est, que pour se faire une opinion personnelle, on a besoin d’être éclairé par d’autres et de prendre le temps de la réflexion pour problématiser le monde.

Alain Finkielkraut centre sa réflexion sur l’évolution du concept « d’identité » tel qu’il est envisagé en France aujourd’hui. Il apporte une vision toute personnelle en passant constamment de son histoire singulière où il dit « je » à une vision collective où il utilise le « nous » et le « on ».

Pour affermir sa démonstration, il cite des auteurs fondamentaux de la mémoire française, des auteurs étrangers, des auteurs d’origine juive, des auteurs de l’exil : Mandelstam, E. Badinter, Kant, Hegel, Lévi-Strauss, Goethe, Péguy, Levinas, Kundera, Valéry, Mandelstam, Proust, Diderot, Claudel, Pascal, Voltaire, Tocqueville, Hume, Molière, Montesquieu, Spinoza, Adorno, Arendt etc., qui se sont penchés sur ce thème avant lui. Arrive-t-il pour autant à nous convaincre ?