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Articles taggés avec: Michiels Marc (Le mot et la chose)

Journaux de bord (1947-1954), Jack Kerouac

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 18 Mars 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, USA, Voyages, Gallimard

Journaux de bord (1947-1954), édition de Douglas Brinkley, trad. anglais (USA) Pierre Guglielmina, novembre 2015, 592 pages, 29,50 € . Ecrivain(s): Jack Kerouac Edition: Gallimard

 

« À vouloir croire la conscience de la vie et de l’éternité n’est pas une erreur, ou le fruit d’un isolement… – mais d’un amour ardent et précieux de notre pauvre condition qui, par la grâce de Dieu de Mystère, sera résolu et éclairé pour nous tous à la fin seulement, peut-être…

Sans quoi je ne peux plus vivre ».

 

Les Journaux de bord de Jack Kerouac, écrits sur une série de cahiers, sont les négatifs d’un voyage qui permet à son auteur de rester en contact avec toutes les choses, les êtres qu’il croise pendant son chemin. D’approfondir les mondes du possible dans l’obstination d’un travail quotidien, avec pour seule tentation la maîtrise de sa propre vanité.

A propos de "Œuvres complètes, Louis-René des Forêts", par Marc Michiels

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Lundi, 08 Février 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques

Œuvres complètes, Louis-René des Forêts, Gallimard coll. Quarto, 186 ill., juin 2015, présentation Dominique Rabaté, 1344 pages, 28 €

 

« Penser la vérité est un premier pas vers son énonciation, le plus difficile à franchir, du moins en apparence, car comment la circonscrire par des mots sans lui porter atteinte ?… Ainsi qu’il en va d’un cahier de brouillon plein de ratures et d’ajouts »

Louis-René des Forêts, in. Ostinato fragments posthumes, 2002

 

Écrivain rare, Louis-René des Forêts a su mettre en scène sous l’œil acéré de sa conscience, une imagination dramatique, une extraordinaire variété de formes d’écriture, une poésie narrative, versifiée, une autobiographie intérieure et fragmentaire. Signe d’un essaim expérimental formel, qui n’avait que pour ultime floraison, la création d’un écrin unique, pour le repos silencieux de son âme meurtrie par le deuil.

Paul Celan, René Char : Correspondance (1954-1968)

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Samedi, 30 Janvier 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Correspondance, Gallimard

Paul Celan, René Char : Correspondance (1954-1968), octobre 2015, édition établie, présentée et annotée par Bertrand Badiou, 336 pages, 28 € Edition: Gallimard

 

« Si tu n’espères pas, tu ne rencontreras pas l’inespéré », Héraclite

 

L’échange entre René Char et Paul Celan semble aller de soi. Celui du poète du maquis de Provence avec le poète juif d’Europe orientale qui, contrairement à ses parents, ne subira que les camps de travail roumains et échappera à la machine d’extermination nazie. Tous deux connurent la clandestinité, la disparition de proches, le sentiment de l’imminence de la mort. Les poèmes de Celan sont nés dans les camps, hanté de n’avoir pas pu sauver ses parents assassinés par les nazis en Ukraine. Ils constituent le socle de toute son écriture quand s’ébauchent la correspondance des deux hommes, et ses textes sont quasiment inconnus en France.

Bien qu’ils ne fussent ni de la même langue ni du même monde ni du même âge, cette correspondance rapproche deux écrivains aux tempéraments différents, façonnés au plus profond d’une pierre brute, l’âme d’une blessure sans retour et qui pousse les hommes à côtoyer les tréfonds de l’inacceptable :

Toute personne qui tombe a des ailes. Poèmes 1942-1967, Ingeborg Bachmann

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 22 Janvier 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue allemande, Poésie, Gallimard

Toute personne qui tombe a des ailes. Poèmes 1942-1967, édition bilingue, trad. allemand (Autriche) Françoise Rétif, septembre 2015, 592 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Ingeborg Bachmann Edition: Gallimard

 

Après une première traduction en français d’une partie des écrits d’Ingeborg Bachmann, en 1989, chez Actes Sud, cette anthologie de son œuvre poétique Toute personne qui tombe a des ailes n’a pas d’équivalent, ni en France ni en pays germanique. Elle présente l’œuvre lyrique dans sa continuité, de ses premiers poèmes composés dès l’âge de 16 ou 18 ans par les Poèmes de jeunesse (1942-1945), Le temps en sursis (1953), Invocation de la Grande Ourse (1956), aux poèmes écrits jusqu’en 1967, dont le poème au lecteur.

Ingeborg Bachmann est née le 25 janvier 1926 à Klagenfurt en Autriche. En 1952, elle rejoint le cercle littéraire Munichois d’avant-garde, le Gruppe 1947 dont Max Frisch, Heinrich Böll, Uwe Johnson et Günter Grass font partie. À 33 ans, en 1959, elle sera la première titulaire de la chaire de poétique de la faculté de Frankfort. De la génération de Günter Grass, Martin Walser, Thomas Bernhardt, Paul Celan ou Max Frisch, elle fut liée à beaucoup par amitié ou par amour et c’est ainsi que grandit une très profonde relation d’égal à égal avec Paul Celan qui marquera à jamais non seulement son œuvre, mais aussi celle de l’écrivain d’origine roumaine.

La fiancée de Bruno Schulz, Agata Tuszynska

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Mardi, 24 Novembre 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Pays de l'Est, Roman, Grasset

La fiancée de Bruno Schulz, septembre 2015, trad. polonais Isabelle Jannès-Kalinowski, 400 pages . Ecrivain(s): Agata Tuszynska Edition: Grasset

« J’étais convaincue que le monde était composé de mots. J’étais prête à me donner corps et âme à cette vision. Et à Bruno, car c’était lui qui m’avait ouvert les yeux ».

Józefina Szeliska, dite Juna, juive convertie au catholicisme, est lumineuse à 28 ans quand elle rencontre pour la première fois Bruno Schulz. Il en a 13 de plus qu’elle. Elle est professeur de lettres polonaises, diplômée de l’université de Lwów, traductrice, curieuse et dans la pleine possession d’une force irrésistible, sa jeunesse. Belle comme une Antilope en bronze, elle deviendra entre 1933 et 1937 sa fiancée, sa muse… Bruno quant à lui, est un artiste tourmenté, comme le feu et la cendre, peintre, dessinateur, il pouvait être timide et débauché à la fois. Ils partageaient tous deux leur intérêt pour les œuvres de Rainer Maria Rilke, Thomas Mann et Kafka dont ils traduisirent Le Procès pour la maison d’édition Rój, lui s’occupant de la teneur stylistique, elle de la traduction. Mais Juna aimait les arbres, la pluie, le vent et de longues promenades dans Drohobycz, située en Pologne, ville provinciale de Galicie orientale et aujourd’hui en Ukraine. Bruno préférait voir la nature par le prisme de lectures, de tableaux, comme la résolution d’énigmes métaphysiques, une survie comme un principe essentiel. Prolongement de l’art, comme une promesse, un salut à cette vie trop sombre, d’un homme trop sensible à la vérité, en dehors d’une notoriété superficielle. Il n’avait pas l’âme d’un voyageur, ni celui d’un mari, seul le masque de l’artiste rongé par l’inquiétude semblait l’accompagner tout au long de sa vie…